L’éducation, chemin d’humanisation et d’évangélisation
Depuis le siècle des Lumières, la raison scientifique est devenue la norme de la société et la religion une opinion personnelle reléguée dans la sphère privée. L’éducation ne peut alors être envisagée qu’en tenant à distance l’approche religieuse. On cherche à enseigner, comme si Dieu n’existait pas !
Or si nous envisageons de sortir de la salle de classe pour permettre aux élèves d’apprendre au contact de la nature et des activités humaines et si nous découvrons la richesse d’une approche plus expérimentale et globale, il nous faut aller jusqu’au bout dans la démarche et nous ouvrir à l’univers religieux. Il nous faut oser enseigner comme si Dieu existait. La science gagnerait en légitimité en acceptant de ne pas avoir le monopole de la connaissance. Elle gagnerait encore en pertinence en acceptant de servir la vie et non de la manipuler.
Créé à l’image de Dieu, tout homme est appelé à s’ouvrir au monde et à y œuvrer
Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance (Cf Gn 1,26). L’image de Dieu se manifeste à travers l’intelligence et la volonté qui sont inscrites dans le cœur de tout homme ; ce sont les deux puissances de l’âme. Tout homme est appelé à connaître le monde et à y œuvrer pour faire aboutir le projet de vie et de bonheur que Dieu a révélé dès la création.
Pour répondre à cette mission, l’homme a besoin de Dieu et des autres.
- L’Esprit-Saint est le premier éducateur :
Dieu n’est pas le lointain ou le rival de l’homme contrairement à ce que le malin a distillé dans le cœur de l’homme. Dieu est allé jusqu’à envoyer son Fils Jésus pour restaurer en lui la ressemblance, la communion de vie avec lui. Pour nous aujourd’hui, la Parole de Dieu et les sacrements sont des lieux où l’Esprit du Christ, l’Esprit-Saint peut éclairer les intelligences et fortifier les cœurs. C’est ainsi que l’initiation à la prière chrétienne devrait être le premier souci des éducateurs. Elle structure la vie intérieure dans un respect des personnes autant que les propositions de relaxation inspirées des traditions religieuses orientales.
- L’école en lien avec la famille et les autres espaces d’apprentissage constitue le vecteur de l’éducation intégrale :
La vision d’un enseignement centré sur la personne dans ses composantes humaines et spirituelles, décline la tâche sous trois formes : la transmission d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir-être. Ce projet n’est réalisable que dans une mise en place de collaborations éducatives multiples avec l’école.
L’éducation, une tâche collective et multiforme
Une seule personne ne peut pas remplir la tâche complexe de l’éducation. Si les parents sont les premiers éducateurs, ils savent bien qu’ils ont besoin de relais dont les enseignants, mais aussi les prêtres, les catéchistes, les animateurs d’activités culturelles, environnementales et sportives, et bien d’autres partenaires.
Les parents font l’expérience de la nécessité d’adapter leur mission éducative en fonction de l’âge de leurs enfants. Ils sont dans une posture d’enseignant et de maître pour les plus jeunes, ils endossent celle d’éducateurs face à des adolescents et de témoins face à des jeunes adultes. Ces postures ont en réalité à être conjuguées ensemble dans l’acte d’éducation. La collaboration de l’école avec les autres instances religieuses, associatives et professionnelles permet aux jeunes d’être accompagnés par des personnes qui assurent l’une ou l’autre de ses postures et d’accéder ainsi à une éducation intégrale.
Jésus, éducateur hors pair
En promouvant les collaborations multiples entre l’école et les autres espaces d’apprentissages, n’oublions pas d’y inclure Dieu Lui-même. Il nous a donné son Fils Jésus comme Maître et modèle :
Il sait s’adresser à tout homme et à tout l’homme.
Comme les docteurs de la Loi de l’époque, il enseigne à partir de la Parole de Dieu, mais il donne également une grande place à la création et à l’activité humaine, comme l’illustrent les paraboles.
Il éduque surtout à la liberté. Avant de parler et d’agir, il prie longuement. Rempli de la sagesse et de la force de l’Esprit-Saint, il peut alors enseigner avec autorité, avec une autorité qui n’écrase pas, mais qui cherche à faire grandir. Elle est celle du Fils de Dieu qu’il veut partager avec ceux qui sont prêts à le suivre. Dans son discours d’adieu qui a valeur de testament, il pourra ainsi affirmer à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15).
Jésus nous encourage à maintenir dans l’enseignement le cap sur la personne appelée à découvrir son identité profonde de fils de Dieu et de frère de tous les hommes. Enseigner comme si Dieu existait est ainsi la voie pour bâtir une société plus respectueuse des personnes et de la création, un monde de justice et de paix.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai
Webinaire 16 février 2021 de l'UMEC : Union Mondiale des Enseignants Catholiques
Intervenants :
M. Guy Bourdeaud’hui, Président de l’UMEC
M. Giovanni Perrone, Secrétaire général de l’UMEC
M. Emmanuel Banywesize, Professeur, Université de Lubumbashi, RD Congo
M. Willy Berthasson, Directeur de l’école publique, Saint-Just-Malmont, France
Mme Gemma Berri, Responsable internationale du scoutisme, Italie