Aimer l’Eglise qui est à Cambrai

Édito juillet/août 2021

Aimer l’Eglise qui est à Cambrai

Aimer son diocèse c’est découvrir son charisme propre

Dans l’Apocalypse selon saint Jean, le Christ s’adresse à sept Eglises concrètes et souligne pour chacune d’elles une richesse qu’elle a su développer : « Je sais ton labeur, ta constance…Tu n’as pas renié ma foi…je sais ton amour, ton service… » (Ap 2-3).

Il est bon de temps à autre de s’interroger sur les charismes évangéliques que notre diocèse a fait fructifier et qui dessinent son visage particulier. J’en relève trois :

a. L’engagement social 

 Les conflits sociaux lors des fermetures des mines de charbon et des usines de textiles dans les années 1970-80 restent dans la mémoire des habitants de la région, et les conséquences sociales dont le chômage sont encore une réalité quarante ans après. La générosité en temps et en argent est impressionnante de la part des habitants du diocèse et il y a peu de chrétiens qui ne participent pas à une action ponctuelle au profit des pauvres, ceux de la région, comme ceux au loin, notamment en Afrique.

Les paroisses, les services et les mouvements veillent à la participation active des personnes en situation de pauvreté ou d’handicap, en témoignent les groupes solidarités-quartiers ou encore la chorale les ptits bonheurs.

b. La rencontre des cultures

Dans le passé, le diocèse de Cambrai a été le champ de bataille des nations européennes, notamment lors des deux guerres mondiales, mais il a été également un carrefour des civilisations et des cultures. On peut évoquer la présence à Douai de la communauté catholique anglaise à partir du 16ème siècle.

On peut ajouter la figure de Joseph Engling, séminariste allemand mort en 1918 sur le front près de Cambrai et rattaché à la famille spirituelle mariale de Schoenstatt.

A l’heure où l’unité européenne peut se fragiliser, le diocèse cherche à développer des liens avec les communautés chrétiennes des pays voisins et leurs pasteurs. L’accueil de Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège pour la célébration du Saint-Sacrement en juin dernier à Douai vient encourager notre diocèse à honorer sa vocation de fraternité entre les peuples sur les repères de l’Evangile. Mgr Delville terminait ainsi son homélie : « Le message du Christ et sa vie sont si parfaits qu’ils ne peuvent sombrer dans l’oubli. Ils sont des grâces pour nous aujourd’hui. L’amour ne passera jamais ! Amen ! Alleluia ! ».

c. L’estime de la piété populaire

Les ducasses sont parmi les manifestations prisées de notre région, elles ont leur origine dans l’anniversaire de la consécration de l’église du lieu, appelée dédicace, d’où ducasse. Ce lien est particulièrement marqué à Cambrai le jour de l’Assomption de la Vierge Marie, fête patronale pour la France et le diocèse ; la célébration de l’eucharistie sur la place de la cathédrale et la procession à travers la ville avec l’icône de Notre Dame de grâce semblent s’inscrire naturellement dans le cadre de la fête foraine.

Si la liturgie officielle de l’Eglise, notamment l’eucharistie doit être enracinée dans la foi des apôtres et ne pas être l’objet d’expérimentation, la piété populaire peut être le lieu de la créativité et de la recherche d’enracinement de la foi dans les champs sociaux culturels les plus variés.

Aimer l’Eglise, c’est prendre avec elle le chemin de la conversion

Les lettres adressées aux Eglises dans l’Apocalypse sont également un appel à la conversion : « Repens-toi, ne crains pas… Souviens-toi de ce que tu as reçu et entendu. Garde-le et repens-toi ! … » (Ap 2-3).

Par notre baptême et notre confirmation, nous ne pouvons pas nous situer à l’extérieur de l’Eglise pour la juger. Comme le soulignait saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « Nous avons été baptisés dans un seul Corps, le Christ… », aussi « un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui » (1 Co 12).

A la fin des lettres adressées aux sept Eglises, le Christ révèle l’enjeu de cette conversion en Eglise. Il désire en faire le lieu où se manifeste la vie de communion avec Dieu lui-même : « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » (Ap 3,20).

Cambrai, le 14 juin 2021

Edito juillet - août 2021

 

+ Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

Article publié par Cathocambrai • Publié le Lundi 26 juillet 2021 • 1203 visites

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