Le Carême enraciné dans la prière du Christ

Edito du 7 mars 2019

Le Carême enraciné dans la prière du Christ

« Quand tu pries, prie ton Père qui est présent dans le secret » (Mt 6,6)

 

La prière est une expérience partagée par tout être humain ; des théologiens parlent d’une prière de la créature, d’une prière marquée par la quête de la source de la vie et par l’effort de s’unir au principe premier. Il est bon de le rappeler dans le contexte actuel où on en arrive à nier la dimension religieuse de l’être humain et à réduire la religion à une morale.

Mais pour le chrétien, le fondement de la prière c’est le Christ lui-même. Les croyants de l’Ancien Testament avaient déjà appris que la prière n’était pas une simple quête d’un Absolu, mais une réponse aux interventions de Dieu et surtout à sa Parole. Le Christ accomplit cette longue tradition, il la reprend et la mène à son achèvement en faisant de la prière un cœur à cœur avec Dieu qu’il nomme «Abba, papa ».

Le Christ est véritablement un maître de la prière, Il l’a enseignée et en a donné l’exemple. Il a participé pleinement à la prière de son peuple ; Il récitait ainsi les prières quotidiennes comme le Shema Israel, matin et soir (Mc 12,29-30). Il fréquentait les offices à la synagogue, notamment le jour du sabbat (Lc 4,16) et les pèlerinages à Jérusalem pour les grandes fêtes (Pâques : Jn 2,13 ; 6,4 ; fête des Tentes : Jn 7,2 ; Dédicace du Temple : Jn 10,22...). Sa vie entière était en réalité marquée par la prière. Avant de prendre des décisions durant son ministère, Il avait l’habitude de se retirer pour prier son Père. Ses dernières paroles ne seront ainsi que prière ; nous le voyons à la fin de son discours d’adieu, mais surtout au moment ultime sur la croix. C’est là que Jésus, les bras grands ouverts a crié vers son Père comme pour offrir toute l’humanité :« Père, pardonne-leur » (Lc 23,34). Et au moment de mourir, il pouvait ainsi remettre son esprit, c’est à dire l’Esprit-Saint qui relie la terre au ciel, qui unit définitivement les hommes avec Dieu.  

Jésus n’est ainsi pas un maître de prière parmi les autres, Il est le maître divin qui donne accès à la vraie prière. Il l’a réalisé par le don de l’Esprit-Saint. Comme pour toute réalité humaine, Jésus a assumé et conduit la prière à sa perfection.  Il continue, notamment par le sacrement de la Confirmation, de remplir le cœur de ses disciples de son Esprit d’adoration qui donne concrètement et définitivement accès à Dieu. Saint Paul écrit ainsi aux Galates : « La preuve que vous êtes fils de Dieu, c’est que Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba ! Père ! » (Ga 4,6). L’Esprit-Saint nous rend participants de la prière du Fils de Dieu et nous fait entrer dans la relation filiale. C’est dans la prière que se réalise pour nous la promesse de Jésus la veille de sa mort : « L’Esprit de vérité me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il prendra pour vous en faire part » (Jn 16,14).                                                                            

Durant le Carême, nous cherchons à donner davantage de place à la prière, mais veillons également à la laisser évangéliser par le Christ. N’oublions pas que pour les disciples du Christ, la prière est une grâce, un don de l’Esprit-Saint. En écho à la prière des Heures introduite par la demande « Dieu viens à mon aide », demandons toujours l’assistance de l’Esprit-Saint. Et en lien avec la liturgie de l’Eglise, quelque soit la durée ou la forme de notre prière, prenons toujours un moment pour écouter un verset ou un passage de l’Ecriture. Notre prière pourra ainsi s’ajuster à celle du Christ pour que la volonté du Père soit faite et que son Règne arrive.

            + Vincent DOLLMAN

                                                                      Archevêque de Cambrai

 

 

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Mardi 19 mars 2019 • 957 visites

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