Célébrer et adorer
Douai, haut lieu de la spiritualité eucharistique
Le miracle eucharistique qui a eu lieu le jour de Pâques 1254 à Douai correspond à la période de mise en place de la fête du Saint Sacrement, célébrée deux semaines après la Pentecôte. Lors de la distribution de la communion, une hostie était tombée. Quand le prêtre voulut la recueillir, elle s’éleva et alla se déposer sur l’autel. De nombreux chrétiens y virent alors le Christ. Le théologien Thomas de Cantimpré qui a été dépêché sur les lieux par l’archevêque de Cambrai, écrit : « On ouvre le Ciboire […] Bientôt je vis distinctement la face de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la plénitude de l’âge. Sur sa tête était une couronne d'épines et du front coulaient deux gouttes de sang qui descendaient sur chaque joue. A l'instant, je me jette à genoux, et j'adore en pleurant » (Bonum universale de apibus). L’hostie consacrée, déposée aujourd’hui dans la collégiale Saint-Pierre, a gardé toutes les composantes du pain et est toujours vénérée par les fidèles.
Lier célébration et adoration
Déjà lors de la célébration, les temps de silence nous aident à approfondir notre foi en la présence vivante et aimante du Christ dans l’eucharistie, mais ces temps peuvent se prolonger par l’adoration eucharistique.
Celle-ci nous garde dans l’émerveillement devant le Seigneur Jésus qui se donne réellement à nous sous l’humble signe du pain. Elle est encore ce temps d’assimilation de l’Eucharistie, de cœur à cœur avec le Seigneur pour le laisser faire son œuvre en nous.
Selon l’étymologie, le terme « adorer » signifie « vers la bouche » (en latin : ad-os) ; il renvoie à cet acte de piété répandu dans les religions païennes qui consistait à porter sa main sur la bouche de la divinité. Pour nous, le mouvement est renversé ; c’est Dieu qui veut nous toucher et nous communiquer son amour. L’adoration n’est pas une prière intimiste, repliée sur elle-même, bien au contraire ! Elle nous permet consciemment, avec tout notre être, d’entrer dans le souffle d’amour de l’eucharistie, de nous laisser entraîner par l’amour du Christ sur tous les chemins de notre existence.
Se mettre à l’école des saints
J’aime ainsi à me redire que le Christ que je reçois et que j’adore est le même que Celui pour lequel des chrétiens des premiers siècles sont allés au martyre en proclamant : « Sans messe nous ne pouvons pas vivre » (Eméritus, martyr, 304). Le Christ qui se donne à moi est également Celui que le vénérable Carlo Acutis recevait quotidiennement dès sa première communion jusqu’à sa mort en 2006 à l’âge de 15 ans. Il appelait la messe « son autoroute vers le Ciel » et aimait prier avant ou après la célébration devant le tabernacle. Cette foi en Jésus eucharistie, il la partageait sur les réseaux sociaux ; il avait notamment présenté les lieux liés à un miracle eucharistique dont la cité de Douai.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai