Devenir saint

Joseph Engling (1898-1918) La réponse d’un jeune à l’appel de Dieu Édito de novembre 2022

Joseph Engling (1898-1918)

La réponse d’un jeune à l’appel de Dieu

 

Un saint dans l’enfer des tranchées

Joseph Engling faisait partie du régiment d’infanterie de l’armée allemande qui malgré l’épuisement et la faim, était chargé de stopper l’avancée des alliés début octobre 1918. Le 4, une patrouille menée par Joseph était stationnée à Eswars aux portes de Cambrai. Un compagnon a laissé ce témoignage : « Joseph Engling était assis à côté de moi. […] Il disait : ‘Cette nuit la Mère de Dieu acceptera mon sacrifice’. Là-dessus on l’appela. Il revint, la joie sur le visage, et dit : ‘Je dois partir en patrouille’. Il savait que je devais aller en permission le lendemain. Il prit un bout de papier, y écrivit quelque chose et me tendit cette feuille en disant : ‘Si je tombe, fais connaitre ma mort à cette adresse (P. Kentenich, son directeur spirituel)’ ». Vers la fin de l’après-midi, Joseph devait mener ses soldats vers Cambrai. Des éclats d’obus l’ont atteint mortellement à la tête et à la poitrine. Il était l’unique victime.

 

La sainteté, un désir à approfondir

En 1915, l’année de son entrée dans le Mouvement marial de Schoenstatt, Joseph entame un nouveau journal spirituel qu’il introduit ainsi : « je veux devenir un saint ». Quand il ouvrira un nouveau cahier en 1918 sur le front à Verdun, il ajoute « je veux devenir un grand saint ».

Il saura partager les joies d’un jeune, la camaraderie, le sport et les lectures, mais ce sera empreint de foi et de charité. Il allait cependant découvrir très vite que l’obstacle le plus important ne se trouvait pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de lui-même, dans son cœur fragilisé par les limites humaines et le péché. De caractère vif, il pouvait réagir sous le coup de la colère. Guidé par le Père Kentenich, fondateur du Mouvement de Schoenstatt, Joseph ne cherchera pas toujours à réprimer son trait de caractère, mais à l’orienter en vue du bien. Cela lui permit de s’affirmer au Collège et à l’armée comme un ardent défenseur de la justice.

 

La Vierge Marie, éducatrice de la sainteté

Le P. Kentenich encourageait la sanctification par les activités quotidiennes en développant la notion de capital de grâces. En mettant à la disposition de Marie tous les actes de charité, les efforts et les renoncements au service de l’Evangile, le chrétien constitue un capital dont Marie se sert pour étendre le Royaume de Dieu sur terre. Joseph s’est progressivement remis entre les mains de la Vierge Marie pour que le Règne de Dieu advienne jusque dans l’enfer de la guerre et de la haine entre les peuples. Il est ainsi un témoin éloquent de la fécondité d’une vie placée sous le regard de Marie.

 

+ Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

 

 

 

Prière composée sur le front le 3 juin 1918, découverte dans la poche près de son cœur, le jour de sa mort 

« Petite Mère bien-aimée, Mère Trois fois Admirable, je m’offre une nouvelle fois à toi, comme victime.

Je te dédie toutes choses, ce que je suis et ce que j’ai, mon corps et mon âme avec toutes ses capacités, tous les biens que je possède, ma liberté, ma volonté.

A toi je veux appartenir tout entier.

Je suis à toi.

Dispose de moi et de mes biens, totalement, selon ton bon plaisir.

Si cependant c’est conciliable avec tes projets, permets que je m’offre en victime, pour la mission que tu as fixée à notre Congrégation.

Dans l’humilité, ton indigne serviteur, Joseph Engling »

Article publié par Cathocambrai • Publié le Vendredi 04 novembre 2022 • 520 visites

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