L’Église, Temple de l’Esprit
Nous avons l’habitude de parler de l’Eglise comme Peuple de Dieu pour souligner qu’elle a été voulue par Dieu dans le prolongement du Peuple de l’Ancien-Testament, mais aussi comme Corps du Christ pour souligner qu’elle a été instituée par le Christ comme signe et chemin du salut. Mais il faut rajouter que l’Eglise est également Temple de l’Esprit-Saint ; c’est lui qui selon l’expression de saint Ambroise « l’a construite » en la dotant des dons nécessaires.
Dans la première lettre aux Corinthiens, saint Paul affirme : « Il y a diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit, diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur, diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous » (1Co 12,4-6).
L’apôtre indique d’abord que l’Eglise reçoit son identité et son existence de Dieu Trinité d’amour. Il la comble des dons les plus divers à travers l’action concrète de l’Esprit-Saint. Ces dons peuvent être personnels ou communautaires, temporaires ou permanents, intérieurs ou institutionnels. Ils sont donnés pour manifester l’Eglise comme « communion des saints » selon l’expression du Symbole des apôtres. L’Eglise est le lieu où le Christ offre la communion entre le ciel et la terre, entre les saints, les défunts et ceux qui cheminent encore sur la terre, on parle d’Eglise du ciel, du purgatoire et de la terre.
Pour que nos communautés grandissent dans cette communion de vie et de sainteté, elles sont appelées à solliciter les dons de chaque membre et à discerner s’ils viennent de Dieu. Saint Paul va ainsi en indiquer les critères. Il parle d’abord de diversité de dons spirituels (charismata en grec). Il faudrait traduire par don gratuit de Dieu, cadeau de Dieu.
L’apôtre poursuit en indiquant une diversité de ministères (diaconia en grec). Mais plutôt que de parler de « ministères », il serait plus juste de parler de « services ». Paul utilise ce terme autant pour désigner la collecte d’argent (Rm 15,25) qu’une mission ecclésiale (Rm 11,13). Saint Paul veut souligner que tout don de Dieu est au service de la communauté.
Enfin, l’apôtre parle de diversité d’opérations (energèmata en grec). Ce terme évoque la force venant de Dieu et désigne ainsi des actes où se manifeste la puissance divine.
A travers ces trois termes, don, service et mode d’action sont exprimées les caractéristiques du don de Dieu dans l’Eglise : il est gracieux, une pure grâce sans mérite du côté de l’homme ; il est ordonné à la communauté, il ne peut qu’enrichir et développer la vie ecclésiale ; et enfin, il est fécond, il porte des fruits de charité.
En accueillant l’Eglise comme Temple de l’Esprit-Saint, nous devenons davantage conscients de notre responsabilité à déployer les dons reçus de Dieu. Nous pouvons le demander à la Vierge Marie. En égrenant le chapelet, nous reprenons le titre par lequel Dieu l’a saluée : « Pleine de grâce ». Il peut se traduire par : « toi qui étais et demeures objet des dons de Dieu ». Ce titre est comme un nom nouveau que Dieu donne à Marie ; nous l’avons reçu à notre tour au baptême qui a fait de nous des chrétiens et qui nous a rendus participants des dons de Dieu. Que la Vierge Marie nous garde dans l’humilité pour les demander et dans le courage pour en vivre, afin que l’Eglise se manifeste comme le lieu où agit l’Esprit-Saint, l’Esprit de sainteté et de vie.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai