Enjeux de la rencontre avec les équipes de Midi-partage

Le 3 juin à Valenciennes

Après la visite pastorale de Mgr Dollmann aux acteurs et aux bénéficiaires de Midi Partage, réflexions d'un membre de l'équipe de pilotage

Rencontre avec les équipes de Midi-partage, du SIAO(*)-115, Rimbaud (samu social)

Le 3 juin, Mgr Dollmann est venu en visite à Midi-partage, rue du Faubourg de Cambrai à Valenciennes. La rencontre a commencé par une visite des locaux situés dans l’ancienne chapelle Saint-Joseph cédée par l’Eglise pour en faire un lieu d’accueil pour les personnes en précarité sociale, en particulier pour ceux qui sont à la rue…François nous a montré le texte, encadré, de la bénédiction de la chapelle Saint Joseph, « qui console les malheureux », le 6 février 1910 : il trouvera sa place dans les locaux. Grâce aux financements de l’Etat, de fondations, de donateurs, Midi-partage est devenu un espace de vie fonctionnel et chaleureux, où chacun, quel qu’il soit est accueilli par une équipe de 10 salariés, travailleurs sociaux mais aussi personnel de cuisine et d’entretien. C’est un accueil inconditionnel. On y prend soin de la personne dans sa globalité : hall d’accueil, salle dédiée aux dossiers des 700 personnes domiciliées à Midi Partage, dont nombre de gens du voyage - certains ne viennent dans les locaux que pour y prendre leur courrier-, bureaux où les personnes peuvent être écoutées pour un entretien, salon de coiffure. Tout est fait pour rendre à la personne sa dignité. La cuisine est ultra moderne : chaîne du froid, traçabilité des produits servis aux repas, tout y est respecté comme dans n’importe quelle cuisine collective. Midi partage, c’est sa première vocation, sert des repas chauds, et de qualité, tous les jours et a continué à le faire, pendant le confinement, grâce à la mairie de Maing qui a mis à sa disposition les cuisines de ses cantines scolaires, en préparant des barquettes de repas à emporter. L’équipe est allée les distribuer jusqu’à Douai. L’équipe de salariés n’a pas voulu que la structure ferme à cause de la pandémie et ils ont assuré la continuité de l’accueil des plus vulnérables de notre société : personnes à la rue, étudiants ayant perdu leur job, personnes en grande précarité sociale …Leur engagement nous a tous émerveillés. Jean-François Devillers, président de Midi-partage a confié lors du repas, à son équipe, dont beaucoup sont éloignés de l’Eglise : « En vous voyant travailler, être au service, je pense à Mathieu 25 et je rencontre le Christ. » Dans une maison attenante, trois logements peuvent accueillir des sortants de prison sans solution à la sortie. Ils y trouvent un accompagnement social vers l’insertion professionnelle.

Ce lieu appelé l’Etape est emblématique de la manière dont fonctionne Midi-partage, en partenariat avec le SIAO (115) et l’équipe Rimbaud, dépendant du centre hospitalier et qui effectue des maraudes sociales. Ce sont des membres de l’équipe du 115 qui repèrent avec les personnels intervenant en maison d’arrêt, les détenus susceptibles d’entrer dans ce dispositif. Le 115 de Valenciennes centralise tous les appels de l’agglomération mais aussi de Maubeuge, Cambrai et Douai ; car le 115 est un collectif d’associations qui, en s’unissant, agissent au plus près des besoins des personnes. C’est cette culture du réseau qui préside au partenariat : « Sans les autres, on ne peut rien. » est une phrase que nous avons souvent entendue ce jour-là. Ce qui ressort de notre rencontre, c’est une impression très forte de liens solides d’amitié entre Midi-partage, le 115 et l’équipe Rimbaud. Ils se connaissent bien, travaillent ensemble, mutualisent leurs moyens, dans une parfaite solidarité et complémentarité localement et entre les quatre territoires (Douai, Cambrai, Maubeuge et Valenciennes) ; c’est un exemple à suivre. Les valeurs qui animent ces équipes, de Midi-partage, du 115, et de Rimbaud, sont le droit pour tous au recommencement, à l’égalité, à la bientraitance. Le 115 (34 salariés) fait en journée des maraudes sur Valenciennes, de nuit sur Douai. Les équipes connaissent les personnes, maintiennent le lien avec elles, communiquent, informent mais recherchent la libre adhésion des personnes rencontrées lors des maraudes, respectent leur droit au libre choix.  Le souci est permanent d’une réponse adaptée à chaque personne. Le problème du logement est prégnant. Ainsi, à Quarouble, femmes, familles sont accueillies dans un vrai logement, avec jardin partagé, alternative à l’hôtel. C’est Midi-partage qui, grâce au partenariat, fournit l’aide alimentaire. En amont, les enseignes de la grande distribution, fournissent les denrées. C’est un cercle vertueux.

Les violences conjugales sont une thématique majeure à laquelle les équipes doivent faire face. Le 115 travaille à la formation à l’écoute des forces de l’ordre et du personnel hospitalier. Il existe ainsi sur Cambrai une cellule d’écoute où des gendarmes volontaires, bien formés, font un accueil de qualité des victimes. Le 115 travaille avec les bailleurs sociaux sur la problématique du logement.

L’équipe Rimbaud est une équipe mobile du Centre hospitalier de valenciennes crée en 2000. Elle est composée de sept infirmières et d’un éducateur spécialisé. Leur objectif est de lutter contre l’inégalité dans l’accès aux soins médicaux. L’équipe sort de l’hôpital pour aller aux périphéries, dans la rue, dans les squats, à la rencontre des plus précaires. Elle a différentes missions : permanence à Midi partage (partenariat), accueil d’urgence à l’hôpital, prise en charge des personnes pour qu’elles puissent aller à tous leurs rendez-vous médicaux. L’équipe est confrontée au problème des sorties sèches de l’ASE : devenus majeurs, ces jeunes adultes, qui ne rentrent dans aucun dispositif, se marginalisent ; elle rencontre aussi de plus en plus de demandeurs d’asile, en particulier des femmes seules, avec des parcours migratoires horribles. L’équipe assure aussi le suivi des grossesses de ces femmes précaires. « Il faut être là au bon moment » car le lien est fragile. Pourtant « le salut est dans le lien » nous confie une infirmière de l’équipe Rimbaud. « Puisqu’on se connait avec les personnes rejointes lors des maraudes je n’ai jamais peur d’elles ; j’ai moins peur avec elles que quand je marche dans une ville »

Les problèmes d’addiction sont nombreux (alcool, drogues) et l’espace Baudelaire prend le relais : sevrage, suivi psychologique, dépistage, orientation vers des structures adaptées, sur Cambrai, Douai, Valenciennes : un véritable réseau de compétences, de structures en lien les unes avec les autres, au service des plus fragiles. L’accueil au 115 permet de détecter d’éventuel troubles psychologique.

Partager le repas du jour (excellent) dans la salle qui accueille les convives de Midi-partage (ils nous ont succédé) a pris tout son sens : Midi-partage est un lieu d’accueil, mais aussi un lieu où se vit un partenariat fécond puisqu’il est au service de la personne ; François, Caroline, Alexis …on avait du mal, finalement, à distinguer les équipes les unes des autres tant la symbiose est parfaite. Leur engagement, leur écoute et leur estime mutuelles, nous ont tous émerveillés. Mgr Dollmann a proposé de dire le Notre Père, la prière de la fraternité, avant le repas, que nous avons partagé : « Ils prennent place à une table commune, mais ce n’est pas une table ordinaire. » [Lettre à Diognète] Non, ce n’était pas ce jour-là une table ordinaire que celle autour de laquelle nous avons pris place ; nous avons offert au Père la vie de toutes ces personnes accueillies, de ceux qui les accueillent, tous ces liens qu’ils ont tissés pour un partenariat au service des plus petits.

Un membre de l’équipe de pilotage de la visite pastorale

 

(*) SIAO : Services Intégrés de l’Accueil et de l’Orientation  

Article publié par Service com • Publié le Mercredi 23 juin 2021 • 549 visites

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