Entrer avec foi
dans le Triduum Pascal, sommet de l’année liturgique
Saint Ambroise au 4ème siècle parlait déjà de Triduum Sacrum, des trois jours saints pour désigner les célébrations de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Christ du jeudi au samedi saint. Les offices de la Sainte-Cène, de la croix et de la vigile pascale renvoient à la liturgie des premiers temps à Jérusalem où les chrétiens célébraient sur les différents lieux les étapes ultimes de la mission de salut du Christ.
Le Triduum pascal nous recentre sur le cœur de la foi que saint Paul annonçait ainsi à la communauté de Corinthe : « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort, pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été enseveli, qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, qu’il est apparu à Képhas, puis aux Douze » (1Co15).
Proclamer que le Christ est mort et ressuscité, et qu’il est le Seigneur, c’était pour les premiers Chrétiens dire toute leur foi. D’ailleurs, quand ils le proclamaient devant les Juifs, ils étaient accusés de blasphème et risquaient la lapidation comme saint Etienne, le premier martyr. Et quand ils annonçaient aux païens que Jésus est Seigneur, ils étaient accusés de conspiration contre l’empereur qui était acclamé comme seigneur, comme l’égal de Dieu. Là encore, ils risquaient la mort, la croix comme pour saint Pierre ou le glaive comme pour saint Paul. La longue lignée des martyrs, du temps des apôtres jusqu’à nos jours rend le témoignage le plus fort à la réalité de la mort et de la Résurrection du Christ.
Le Triduum pascal est l’occasion de demander à leur suite une foi plus forte et plus vivante. Elle est avant tout un don gratuit du Seigneur. Seul Dieu peut donner la foi. C’est pourquoi avec Jésus, les frontières humaines ont volé en éclats. La grâce de la foi a touché autant le cœur des adultes que celui des enfants que Jésus n’a pas hésité à laisser venir à lui. D’ailleurs, lors du Baptême, à la question « Que demandez-vous à l’Église de Dieu ? », le rituel indique comme réponse « la foi ».
Si la foi est de l’ordre de la gratuité, si elle est un don gratuit de Dieu à recevoir avec un cœur lucide et disponible, elle n’est pas une valeur surajoutée, mais le fondement vital de toute notre existence. Elle est non seulement une lumière parmi d’autres, mais la lumière qui change radicalement notre manière de penser et de vivre. Nous en mesurons le défi dans la société actuelle où tout semble ‘relativisé’, matière à discussion, même les fondements d’une société comme le respect de la vie et de la famille.
La foi qui nous introduit dans une connaissance de Dieu et de l’homme, est une sagesse de vie. Mais elle est encore davantage : une relation vivante avec Dieu. Croire en Jésus-Christ, c’est s’ouvrir à l’amour de Dieu, au lien d’amour entre le Père et son Fils Jésus qui par la Croix, a fait voler en éclats les verrous du Mal et de la Mort. Croire en Jésus-Christ, c’est accueillir l’Esprit d’amour qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et qui à travers lui a rejoint l’humanité entière. Saint Paul pourra ainsi dire aux baptisés : « Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut » (Col 3,1).
Par le baptême que les 83 catéchumènes de notre diocèse vont recevoir et dont nous allons renouveler les promesses en la vigile pascale, notre existence est pénétrée de l’amour de Dieu et ainsi définitivement orientée vers le Ciel.
Puissent les célébrations du Triduum pascal et du temps de Pâques nous renouveler dans le don de la foi, sagesse de vie et relation d’amour au Christ. La Vierge Marie, sainte Marie-Madeleine et saints Pierre et Jean, premiers témoins de Pâques, nous y convient et veilleront sur notre foi.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai