Heureux les pauvres de cœur,
un appel adressé à tous
Pour la neuvaine de Notre-Dame du Saint-Cordon, il m’a été proposé de commenter les béatitudes, « la carte d’identité du chrétien » selon le Pape François (Exhortation sur la sainteté n.63).
Le message des Béatitudes n’a pas pris une ride tellement il vient bousculer les valeurs humaines. Car avouons-le, c’est plutôt le contraire qui se vit dans la société humaine, surtout en notre époque où la richesse et la réussite sociale semblent devenir la norme du bonheur.
Pour Jésus, les pauvres désignent à la fois ceux qui manquent du nécessaire pour vivre et toute personne dans sa quête du bonheur.
La Tradition de l’Église considère la pauvreté comme un conseil évangélique, comme un trait central de la personne et de la vie du Christ que le disciple est appelé à vivre. La pauvreté de cœur rend ainsi le disciple davantage disponible à sa vocation propre et le fortifie pour y demeurer fidèle.
Pour le couple, elle signifie l’acceptation de renoncements personnels en vue de préserver et d’affermir la relation d’amour. D’ailleurs la naissance d’un enfant, l’étape de l’adolescence ou encore l’entrée dans la vie active sont des passages décisifs pour la vie du couple. L’entrainement à la pauvreté de cœur permet aux époux de passer du rôle de protecteur, à celui d’éducateur et finalement de témoin.
Pour les personnes engagées dans la vie consacrée, la pauvreté est un des vœux publics et signifie le renoncement aux attaches matérielles et familiales pour se donner totalement à Dieu et servir son Règne de justice et de paix pour l’humanité.
Quant aux prêtres, ils sont appelés à vivre la pauvreté par la disponibilité à la mission d’annonce de l’Évangile et de service de la communion avec Dieu et entre les hommes.
La pauvreté de cœur nous permet à tous de bâtir notre vie sur le seul fondement inébranlable : la bonté et la miséricorde de Dieu révélées en Jésus. Sainte Thérèse de Lisieux disait que devant Dieu, elle paraîtrait les mains vides, mais qu’elle les tiendrait ouvertes. C’est l’attitude du pauvre de cœur dont les mains ne s’agrippent pas et ne retiennent pas, mais s’ouvrent et donnent, dans la confiance en Dieu qui seul peut nous enrichir, nous donner le trésor le plus précieux, la vie du Royaume des cieux. Alors osons demander et expérimenter la pauvreté de cœur !
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai