Homélie : 29ème dimanche TO

Ouverture de la démarche synodale diocésaine en vue du Synode romain de 2023

Alors que Jésus vient d’annoncer sa passion pour la 3e fois, les disciples et leur entourage se préoccupent des premières places ! Pourtant, Jésus ne fait pas de reproches à Jacques et Jean, mais il va cheminer avec eux en partant de leur foi encore liée au poids des sentiments et des repères terrestres. Ainsi, il évoque à nouveau sa mort par l’image de la coupe et du baptême. Ces images symbolisent une mort assumée, acceptée par amour. Et voici qu’il la propose à ses deux apôtres en quête de la gloire divine. Ceux-ci n’hésitent pas y répondre : « Oui, nous le pouvons ! » (Mc 10,39). Ils ne devinent sans doute pas toute la portée d’un tel engagement. En acceptant la perspective de la croix pour Jésus et pour eux-mêmes, Jacques et Jean vont devoir changer leur regard sur l’humanité et sur Dieu.

La croix manifeste l’amour sauveur et gratuit de Dieu, elle nous fait découvrir un Dieu qui ne sait pas calculer, un Dieu qui mélange les places : les premiers deviennent les derniers. Comme un père qui aime ses enfants, et bien plus qu’un père, Dieu prépare à chacun une place unique autour de son Fils dans le Royaume. Il saura nous combler bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer, bien au-delà de ces premières places que demandaient les apôtres Jacques et Jean. Ce dernier qui a accompagné Jésus jusqu’au pied de la croix le comprendra en voyant les deux larrons crucifiés avec Jésus, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

Au début du chemin synodal proposé par le Pape, il nous faut ainsi nous interroger sur notre disponibilité à entrer dans la logique de Dieu et à en vivre. La logique de Dieu nous invite à vivre selon son amour gratuit et humble pour étendre son Règne. Demandons-lui de nous libérer de notre attrait des premières places et du pouvoir. Demandons lui également d’éviter les pièges des idéologies et des préjugés. Qu’il nous éclaire et nous soutienne sur le chemin à la suite de son Fils, le Maître et le serviteur.

La demande des premières places de la part de Jacques et de Jean suscite l’indignation et sans doute la jalousie chez les autres apôtres. Là encore, Jésus réagit mais en s’adressant à travers les apôtres à tous ceux qui accueilleront son Evangile et qui le vivront en Eglise. Si pour les apôtres et certains chrétiens, la croix signifie le don de soi jusqu’au martyre, elle sera pour chacun le don de soi dans ses engagements au quotidien. Ce chemin nous ne pouvons le prendre qu’en Eglise, comme le Christ y invite : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). En parlant de « rançon » à propos de sa mort, Jésus ne signifie pas qu’elle est un sacrifice pour apaiser la colère de Dieu. Non, sa mort est un sacrifice d’Amour, comme l’avait annoncé le prophète Isaïe des siècles auparavant : « Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes » (Is 53,11). Jésus est venu pour toute l’humanité, et il a établi l’Eglise pour en témoigner. Jésus l’a fondée sur les douze apôtres. Dès le départ, le ministère apostolique ne pouvait s’exercer qu’en collégialité, les uns avec les autres. Et au moment de mourir pour la vie du monde, Jésus a suscité l’accueil mutuel de la Vierge Marie et de l’apôtre Jean pour faire vivre l’Eglise dans les liens de la charité.

La préparation au synode veut nous faire expérimenter le sens profond de l’Eglise comme lieu de communion avec Dieu et entre les hommes, malgré le péché de ses membres que nous portons douloureusement en ces temps. Nul disciple de Jésus ne peut vivre sa foi sans un lien vivant avec l’ensemble de la communauté chrétienne. En commençant aujourd’hui par prier pour l’Eglise et par ancrer en nous l’estime pour chaque membre, laïc, consacré ou clerc, nous participerons à faire réussir le Synode voulu par le Pape. L’Eglise a comme mission de témoigner et de vivre de l’amour du Christ qui a défait les chaînes de l’esclavage du mal et de la mort et qui offre l’espérance de fraternité aux hommes. Puissions-nous frères et sœurs entendre encore aujourd’hui, l’appel du Christ à servir. Et malgré nos faiblesses, puissions-nous à la suite des apôtres Jacques et Jean, lui répondre ensemble : « Nous le pouvons ».

 

 

Article publié par Service com • Publié le Lundi 18 octobre 2021 • 906 visites

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