Homélie : appel décisif

L’appel décisif des 83 adultes catéchumènes qui ont demandé le baptême à Pâques

L’Évangile de Jésus tenté par le démon au désert vient à la fois éclairer notre condition humaine tiraillée entre le Bien et le Mal et y frayer un chemin d’espérance.

Pour ce qui est du mal, il prend deux formes : l’épreuve et la tentation. Les deux  font mal à l’homme autant qu’à Dieu qui n’est pas indifférent à nos souffrances. Dans la prière du Notre Père, nous demandons d’ailleurs à Dieu de nous en délivrer. Le mot en grec « peirasmos » dans le Notre Père, peut en effet être traduit par « épreuve » ou « tentation ».

 

L’épreuve est l’expression de notre condition d’être fragile, encore en devenir. Quant à la tentation, elle est liée au péché. Si l’épreuve est parfois permise par Dieu, la tentation, elle, vient du démon qui veut nous faire tomber. Elle est l’expérience plus habituelle de notre condition humaine. C’est sans doute pour cela que nous demandons quotidiennement à Dieu de nous soutenir dans ce combat à travers la prière du Notre Père.

Ainsi le mal est comme l’ivraie, cette mauvaise graine qui se mêle encore à la semence de la vie éternelle que Dieu a déposée en nous lors du baptême. Il se manifeste dans sa forme habituelle comme une tentation. Et à certaines étapes de notre existence, lors d’une séparation, d’une maladie ou d’un deuil, le mal se manifeste comme une épreuve.

 

Face à cette réalité de notre condition d’homme et de pécheur, nous avons tous à mener le combat spirituel. Mais le Christ, nous y a non seulement précédés, il nous accompagne et nous soutient. Après sa mort et sa résurrection, il n’a cessé de dire aux disciples : « n’ayez-pas peur », et il leur a remis son Esprit. Jésus en effet nous apprend à garder le regard tourné vers Dieu, le Maître de toute chose qui seul peut être adoré. Bien plus, il nous invite à laisser son Esprit agir en nous, l’Esprit qui s’est manifesté à son baptême dans le Jourdain et auquel nous avons part, pleinement par le baptême ou par anticipation en désirant vivre de Dieu. Éclairés et fortifiés par l’Esprit, nous ne sommes ainsi pas livrés à nous mêmes pour engager ce combat.

L’Esprit-Saint est l’Esprit de fidélité qui nous aide à garder un réel contact avec Dieu. Dans les moments de tentations ou d’épreuves, il faut pouvoir s’accrocher à l’écoute de la Parole de Dieu et à la prière, même si celles-ci deviennent arides ou éprouvantes. Le manque de fidélité et les découragements dans la prière sont comme des brèches que nous ouvrons et dans lesquelles s’engouffre le diable. Ce nom « diable » signifie d’ailleurs « diviseur, brouilleur de pistes ».

 

Dans le combat, l’Esprit-Saint nous est également donné comme l’Esprit de force qui nous aide à résister. L’exemple du Christ qui savait dire « non » au démon, comme celui de frères en difficulté ou malades qui gardent leur confiance en Dieu, sont d’un encouragement précieux dans nos propres combats. Il peut y avoir des défaites dans le combat spirituel, mais à l’image des combats terrestres, perdre une bataille n’est pas perdre la guerre.

 

Alors frères et sœurs, que les tentations et les épreuves ne nous effraient pas. Avec le Christ, l’étape définitive est franchie, il a porté l’Esprit-Saint sur la terre et renouvelé le cœur de l’homme. Le mal a été défait jusque dans la mort, celui-ci n’est plus qu’une puissance enchaînée. Tout homme peut ainsi espérer être libéré du mal et s’ouvrir à l’Amour de Dieu, même le dernier des criminels, s’il accepte comme le bon larron d’être purifié et sauvé par le Christ.

 

Vous les catéchumènes vous en ferez l’expérience dans les rites prévus tout au long du Carême, notamment les prières d’exorcisme où l’Eglise implore pour vous l’Esprit de fidélité et de force afin que vous gardiez le désir ferme de recevoir la vie de ressuscité au baptême.

Et nous les baptisés, nous pouvons nous laisser purifier et fortifier par l’Amour de Dieu durant le Carême en vivant plus intensément des sacrements de l’eucharistie et du pardon.

 

Le Christ dans sa victoire sur les tentations vient nous aider à quitter les impasses où veut nous mener le Mal et à faire le choix de Dieu. Il nous soutient par la prière du Notre Père qu’il nous a laissée et que les premiers chrétiens avaient déjà l’habitude de réciter trois fois par jour. « Notre Père, dans notre combat spirituel, ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal ».

 

 

+ Vincent Dollmann

  Archevêque de Cambrai  

 

Article publié par Service communication • Publié le Lundi 11 mars 2019 • 777 visites

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