« Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). Jésus annonce ainsi sa mort sur la croix et la conséquence de cette mort : le rassemblement de l’humanité en Dieu, l’entrée des hommes dans la communion concrète et définitive avec Dieu. L’autel, au cœur de chaque église en rend témoignage, il représente la table à la fois du sacrifice de la croix et de la communion. L’autel recevra l’onction du Saint-Chrême et verra y brûler le parfum de l’encens. Il devient ainsi signe du Christ qui a reçu l’onction du Père et qui a vécu sa mission dans l’esprit d’amour jusqu’au don de sa vie sur la croix. Mais l’autel sera ensuite recouvert d’une nappe et orné de cierges pour rappeler qu’il est également le lieu où Dieu et l’homme entrent en communion, par le Christ, lumière des nations.
Chaque fois que sera célébrée l’eucharistie sur cet autel, c’est pour nous permettre d’entrer dans l’Alliance nouvelle que le Christ nous a obtenue par la Croix. C’est en ce sens qu’on parle de l’eucharistie comme mémorial du sacrifice de la croix. Le terme « sacrifice » n’a pas bonne presse, il fait peur, pourtant il est un aspect important de notre vie. Sacrifier signifie « faire du sacré, placer quelque chose dans la sphère de Dieu ».
Le terme désigne l’effort des hommes pour répondre à la prévenance et à l’amour de Dieu.
Dans l’eucharistie, Jésus donne son Corps livré, son Sang versé ; il se donne pour nous attirer à lui. Bien plus, Il se donne pour nous entraîner à notre tour dans le sacrifice d’amour, dans le don de soi à Dieu son Père et aux hommes ses frères. On peut ainsi affirmer que si l’eucharistie est le sacrifice du Christ, elle est également le nôtre.
Par l’eucharistie, nous sommes non seulement rendus contemporains de la mort et de la résurrection du Christ, nous y sommes associés. La consécration de l’autel prévoit ainsi la mise en place d’un reliquaire pour souligner l’unité du sacrifice du Christ et de ses disciples, dont les saints en témoignent d’une manière éloquente. D’ailleurs à l’eucharistie, après la présentation des dons, le prêtre invite : « à prier au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise ». Uni au sacrifice du Christ, chacun avec ce qui fait sa vie se présente au Père et implore son amour sur ses peines et ses joies et sur celles de toute l’humanité.
En nous associant ainsi au sacrifice du Christ, l’eucharistie ne cesse de renouveler notre consécration au Christ. Elle nous transforme de l’intérieur, elle travaille notre cœur pour le rendre davantage semblable à celui du Christ.
Les saints liés à cette église, même s’ils ont vécu à des époques lointaines, peuvent soutenir notre fidélité à l’eucharistie, sacrement de la croix du Christ. Le saint patron de cette église, Martin, n’a pas hésité comme jeune soldat à partager son manteau avec un pauvre, illustrant l’unité de l’amour pour le Christ et pour le pauvre. Saint Amand, évêque et Abbé en cette ville, a su allier prière et mission, lui permettant de discerner l’appel de Dieu chez la jeune Aldegonde, future fondatrice du monastère de Maubeuge, dont les reliques vont être déposées en cet autel. En cette célébration de consécration du nouvel autel, puissions-nous approfondir le sens de l’eucharistie comme mémorial du sacrifice de la Croix et en vivre. Comme pour les saints Martin, Amand et Aldegonde, l’eucharistie fait progressivement de notre vie un sacrifice d’amour à la suite et avec le Christ et construit l’humanité réconciliée et fraternelle que notre cœur souhaite et que seul Dieu peut nous offrir.
Zum Schluss meiner Predigt, möchte ich noch meinen Wunsch auf Deutsch ausdrücken: Mögen wir in dieser Feier der Weihe des neuen Altars die Bedeutung der Eucharistie als Gedenkstätte des Kreuzesopfers Christi vertiefen und davon leben. Wie das Leben der Heiligen Martinus, Amandus und Adelgunde, so macht die Eucharistie unser Leben, nach und nach, zu einem Opfer der Liebe. Gestärkt von der Messfeier können wir immer neu Christus nachfolgen und mit ihm die versöhnte und brüderliche Menschheit aufbauen, die unser Herz begehrt und die nur Gott uns anbieten kann.