Homélie de la fête de l'Assomption

C'est sur le parvis de la cathédrale qu'a été célébrée la messe du 15 aout suivie de la traditionnelle procession avec l’icône de Notre Dame de Grâces

Messe de la fête de l'Assomption présidée par Mgr Vincent Dollmann

Homélie prononcée lors de la messe sur le parvis de la cathédrale le samedi 15 août 2020

En plein été, l’Assomption rappelle à l’humanité qu’elle est faite pour le Ciel, que son avenir n’est pas limité aux horizons de cette terre, mais qu’elle est appelée à partager la joie de Dieu son créateur et sauveur, au Ciel. Cette formidable espérance portée par la Vierge Marie s’expérimente selon l’Evangile de ce jour, dans la famille. Le récit de la Visitation et du Magnificat indique les repères de l’éducation à l’espérance qui revient aux familles. Je en relève trois : le dialogue de foi, la prière et l’entraide.

A l’arrivée surprise de Marie dans la maison de ses cousins, c’est l’explosion de joie et sans doute de longues embrassades, mais très vite le dialogue profond s’établit. Elisabeth et Marie ne s’attardent pas aux considérations superficielles ; elles partagent leurs expériences humaines et spirituelles en osant nommer Dieu. Elles ne connaissent pas le respect humain qui écarte Dieu de la vie en famille ou dans la société. Les deux femmes parlent de leur enfant qu’elles portent et rendent comptent du caractère sacré de la vie. Elles nous rappellent que la foi en Jésus le Sauveur n’est pas une opinion parmi d’autres, mais un repère qui éclaire les choix par rapport à la naissance, au lien entre les générations, à la souffrance et à la mort. Et cela s’apprend en famille ; elle est la première éducatrice de la foi. Au début de la célébration du baptême, le célébrant s’adresse ainsi aux parents : « Vous demandez le baptême pour votre enfant. Vous devez l’éduquer dans la foi et lui apprendre les commandements. Etes-vous conscients de cela ? ».

L’éducation de la foi qui concerne l’ensemble des membres d’une famille, se concrétise avant tout par la prière. L’échange de foi entre Marie et Elisabeth est d’ailleurs entré dans la prière usuelle des chrétiens. Quand ils récitent l’Ave Maria, ils reprennent les paroles d’Elisabeth : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». Et l’échange entre les deux femmes s’ouvre au chant d’action de grâce de Marie, le Magnificat qui est repris chaque jour aux vêpres notamment dans les communautés religieuses.

La période du confinement a été pour de nombreuses familles l’occasion de retrouver des temps et des gestes de prière. Il faut espérer que cette expérience se poursuive pour permettre aux jeunes comme aux adultes d’accueillir davantage le Christ comme le compagnon et le guide de leurs vies destinées au Ciel.

Après avoir relaté le dialogue de foi et la prière d’action de grâce, l’Evangile conclut : « Marie resta avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle ». Cette indication n’est pas un détail, mais souligne l’aboutissement de tout dialogue de foi et de toute prière dans le service et l’entraide. Les trois mois correspondent à la dernière période avant la naissance de Jean-Baptiste, période plus fatigante pour une maman, notamment pour Elisabeth, avancée en âge. La jeune fille Marie va ainsi se mettre au service de sa cousine Elisabeth. Cette entraide est la force des pays qui développent une politique familiale volontariste ou des pays plus pauvres où le système de protection sociale est faible.

Dans son exhortation aux jeunes, le Pape François souligne l’urgence du lien entre les générations pour garder le dynamisme de l’espérance. En s’appuyant sur la prophétie de Joël, « vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes », le Saint-Père écrit : « Si les jeunes et les anciens s’ouvrent à l’Esprit Saint, ils forment une association merveilleuse […] Les anciens ont des rêves faits de souvenirs, de beaucoup de choses vécues, avec l’empreinte de l’expérience des années. Si les jeunes s’enracinent dans ces rêves des anciens, ils arrivent à voir l’avenir, ils peuvent avoir des visions qui leur ouvrent l’horizon et leur montrent de nouveaux chemins » (Christus vivit, 25 mars 2019, n.192-193).

La Vierge Marie et sainte Elisabeth nous introduisent dans la pédagogie de l’espérance qui s’adresse à nos familles et à nos communautés. Rendons grâce au Seigneur qui a choisi Elisabeth pour donner naissance à Jean le Précurseur et la Vierge Marie pour donner naissance à Jésus le Sauveur. En priant pour nos familles et nos communautés, demandons au Seigneur de nous laisser éduquer par ces deux mamans au dialogue de foi, à la prière et à l’entraide entre les générations.

 

Article publié par communication Service • Publié le Dimanche 16 août 2020 • 980 visites

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