Homélie : Immaculée Conception 2019, accueil des trois nouveaux chanoines

« L’Ange du Seigneur a porté l’Annonce à Marie ». Pour nous éclairer sur l’enjeu de cet événement, saint Bernard s’est fait le contemporain de Marie pour l’implorer : « Ta réponse, le monde entier l’attend, prosterné à tes genoux ». Et la Vierge Marie a répondu ‘oui’, pour nous, pour notre salut. Elle interroge ainsi notre souci du salut des hommes.  Comment est-il présent dans les différents aspects de notre vie ? En est-il le principe de nos activités et de nos missions ?

 

C’est un véritable défi aujourd’hui dans une société traversée par le matérialisme et le relativisme qui étouffent le désir de transcendance, la soif de Dieu et de son salut. L’Evangile est devenu pour beaucoup une option idéologique de solidarité, si ce n’est un message étranger qui n’a plus prise sur le monde.

Ce danger guette également notre vie chrétienne qui oscille facilement entre ces extrêmes. Celles-ci se traduisent d’un côté par l’activisme qui est une recherche de reconnaissance par la multiplicité des activités, et de l’autre par le piétisme qui est une fuite du monde et un repli sur soi à travers des actes de piété.

 

Seul le recentrement sur la Bonne Nouvelle du salut peut nous aider à renouveler notre foi. Il s’agit de nous habituer à relire notre vie à la lumière de ce désir du salut pour nous et pour les autres. C’est même le cœur de la spiritualité du prêtre diocésain. Sa méditation de l’Ecriture et son oraison, devraient à la suite de saint Paul porter cet unique désir : le salut des hommes. L’hymne de la lettre aux Ephésiens nous fait participer à la prière d’action de grâce de l’apôtre. Elle est le fruit de sa méditation qui reprend les événements de sa vie personnelle et du monde, à la lumière du projet de salut de Dieu.

Le souci du salut pour nous et pour les autres contribue grandement à l’unification de notre vie et celle du ministère pour les prêtres. Dans le Décret les concernant, les Pères du Concile Vatican II ont insisté sur l’unité entre les tâches du ministère et la vie spirituelle, Ainsi, la prière et l’eucharistie quotidiennes ne sont pas des parenthèses, mais constituent le cœur du ministère qui ne peut se recevoir et se vivre que par la grâce du Seigneur. De même affirme le Décret, les activités du ministère ont comme unique but de constituer un peuple sanctifié par l’Esprit-Saint et consacré pour la louange de Dieu.

 

Ce désir du salut pour l’humanité permet non seulement d’articuler les tâches du ministère à la vie de prière, mais à l’ensemble des domaines de la vie, jusqu’aux activités de détente. Ces temps sont légitimes et nécessaires, mais ils doivent être un ressourcement en vue du ministère. Je pense par exemple au Pape Jean-Paul II appelé le ‘sportif de Dieu’. Il pratiquait le sport, mais pour se rapprocher de la nature. Elle constituait pour lui un lieu d’expérience de Dieu.

Marie dans son Immaculée Conception rappelle à l’humanité la possibilité d’être libérée du mal et du péché et de retrouver sa beauté et sa bonté originelles. Comme servante du Seigneur, elle convie l’humanité à accueillir le salut. Elle le fait d’une manière particulière dans l’eucharistie où elle nous assiste pour reconnaître la présence du Christ Sauveur et pour l’accueillir. Là, comme pour Marie à l’Annonciation, le Christ ne vient pas simplement avec nous, mais il vient en nous.

Que la Vierge Marie nous aide et spécialement ceux qui vont intégrer le Chapitre de la Cathédrale à affermir en nous le désir du salut pour l’humanité. Puissent nos cœurs s’unir à la joie de Marie pour chanter avec elle l’action de grâce et entrer dans le grand Mystère de l’eucharistie où Jésus continue de se donner pour conduire l’humanité au Ciel.

 

+ Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

Article publié par Service communication • Publié le Mercredi 11 décembre 2019 • 826 visites

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