Homélie : Jour de Noel 2019

Le Verbe se fait chair aujourd’hui dans l’eucharistie

« Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ». C’est un des versets de l’évangile de ce jour que nous reprenons de l’Angelus. C’est la prière de ceux qui cherchent avec la Vierge Marie à affermir leur foi en la présence du Seigneur dans la vie des hommes. Celle-ci se réalise d’une manière réelle et personnelle dans l’eucharistie.

Si l’Evangile est proclamé par un ministre ordonné, diacre ou prêtre, et si l’eucharistie est présidée par un prêtre, c’est pour signifier que celui qui parle et se donne, c’est le Christ lui-même, celui qui est né de la Vierge Marie, qui est mort sur la croix et ressuscité le troisième jour.

Mais il nous faut reconnaître que notre foi eucharistique est parfois vacillante, nous avons du mal à croire en la présence du Christ dans la parole proclamée et d’une manière unique sous les signes du pain et du vin.

Quand des Chrétiens visitent une église, ils se comportent parfois comme ceux qui ne connaissent pas le Christ. Ils la traversent sans prendre le temps d’une prière, et devant le tabernacle, ils oublient de s’incliner ou de faire la génuflexion.

En cette fête de la Nativité du Christ, Marie sa mère nous invite d’abord à renouveler notre confiance en sa parole : « ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Comme jadis aux noces de Cana, elle continue de nous dire : « Faites tout ce qu’il vous dira ! », et nous engage à croire en la puissance de sa parole. Elle est la première à avoir mis sa confiance en cette fécondité déroutante de la Parole. A l’Annonciation, elle a laissé le Verbe de Dieu, le Christ, prendre chair en son sein virginal pour qu’il se fasse l’un de nous excepté le péché.

Si la Vierge Marie nous aide à mettre notre confiance dans la puissance de vie de la Parole du Christ, elle nous invite encore à le prendre dans notre vie, à l’écouter et à nous unir à sa vie. Elle a véritablement préparé l’humanité à le recevoir dans l’eucharistie. N’a-t-elle pas donné naissance au Christ à Bethléem, lieu qui signifie « maison du pain » ? N’a-t-elle pas offert l’enfant Jésus à l’adoration dans une mangeoire qui est comme une annonce de la table eucharistique ? « Allongé dans une mangeoire, il est devenu notre nourriture » s’exclamait saint Augustin (Serm. 189,4).

Saint François d’Assise en mettant en place pour la première fois une crèche vivante en l’an 1223 à Greccio,  fit célébrer la messe sur la mangeoire. Une des personnes présentes vit couché dans la mangeoire, l’Enfant Jésus lui-même. Trente ans plus tard, le jour de Pâques 1254, c’est chez nous à Douai qu’eu lieu le miracle eucharistique dont l’hostie est toujours vénérée par les chrétiens. Un prêtre en distribuant la communion, laissa tomber une hostie consacrée. Celle-ci s'éleva toute seule et se posa sur l'ostensoir. De nombreux témoins ont alors vu l’Enfant Jésus. Quand l'évêque de Cambrai dépêcha un de ses proches collaborateurs, professeur de théologie, celui-ci attesta par écrit : « Je me rendis chez le doyen de l’Église, suivi par de nombreux fidèles et lui demandai  de voir le Miracle. Le doyen ouvrit la petite caisse où il avait mis l’Hostie du Miracle, mais au premier coup d’œil je ne vis rien de spécial. J’étais pourtant conscient que rien ne pourrait m’empêcher de voir comme les autres le corps sacré. En effet, en regardant de nouveau l’Hostie j’aperçus le visage du Christ, couronné d’épines avec deux gouttes de sang qui lui  tombaient du front. Je m’agenouillai tout de suite et en pleurant je remerciai Dieu ».

La présence réelle et personnelle de Jésus dans l’eucharistie est le plus beau cadeau de Noël. Il ne nous donne pas seulement sa Parole qui éclaire et son corps qui fortifie, il se donne lui-même. Sa présence rejoint celle que seule Marie a pu vivre : le Christ ne vient pas simplement avec nous, mais il vient en nous. A travers l’eucharistie, le Christ ne cesse de se donner à travers le temps et l’espace. Nous pouvons le voir, le toucher, et mieux encore le manger, c’est à dire le prendre avec nous dans notre vie la plus intime.

C’est dans l’accueil de cette présence divine que réside le bonheur véritable. Jésus lui-même l’a attesté à ses disciples, « Heureux vos yeux parce qu’ils voient, heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent » (Mt 13).

Pour entrer dans l’émerveillement du don de la présence de Jésus à nos vies et du don qu’il nous fait dans l’eucharistie pour habiter dans nos vies, reprenons souvent les paroles de l’évangile rassemblées dans la prière de l’Angelus :

« L’ange du Seigneur porta l’annonce à Marie, et elle conçue du Saint-Esprit.

Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole.

Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».

Article publié par Service communication • Publié le Vendredi 03 janvier 2020 • 576 visites

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