15ème semaine du Temps Ordinaire mardi 14 juillet 2020
Is 1,10-17 (Lu 15ème semaine)
Mt 13,1-23 (Di 15ème semaine A)
« Voici que le semeur est sorti pour semer… ». Cet évangile proclamé dimanche dernier, nous invite en ce jour de fête nationale à contempler la fécondité de la Parole de Dieu dans l’Histoire et à en être les serviteurs dans la société qui est la nôtre. Depuis le ministère terrestre du Christ, la Parole a porté de beaux fruits malgré les périodes sombres des guerres et des épidémies et malgré la mise à l’écart de l’Eglise dans la vie publique aujourd’hui.
Ainsi au 6ème siècle, saint Benoît, le père du monachisme en Occident que nous avons fêté le 11 juillet, a fait de la lecture des Ecritures le fondement de la vie spirituelle du moine. Et c’est avec la force de la Parole méditée et vécue en communauté que les moines ont évangélisé toute l’Europe, suscitant auprès des peuples l’élan pour construire des civilisations prospères et respectueuses de la vie. Dans notre région, combien de villes ne doivent-elles pas leur origine à l’implantation d’un monastère. Le diocèse fait ainsi mémoire en ce jour de saint Vincent Madelgaire, fondateur de l’Abbaye d’Hautmont au 7ème siècle.
C’est encore par le service de la Parole de Dieu que des hommes et des femmes ont su rapprocher les peuples en leur apprenant à faire le bien et à rechercher le droit et la justice, tel que Dieu y invitait déjà par la bouche du prophète Isaïe. Ainsi après les terribles années des deux guerres mondiales, des hommes politiques chrétiens comme le Français Robert Schuman, l’Italien Alcide De Gasperi, l’Allemand Konrad Adenauer et bien d’autres ont su engager les pays d’Europe sur la voie de la paix.
En méditant sur la fécondité de la Parole de Dieu à travers l’Histoire, nous aurons le courage à notre tour de nous mettre à son école. Sa fécondité dépend de l’accueil que nous lui réservons. Jésus y insiste dans l’évangile : « A celui qui a, on donnera, et à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a ».
Dans le monde où se joue le combat entre le mal et la Parole de Dieu, nous sentons combien il nous faut d’abord apprendre à mieux prier avec elle, à mieux la prier en invoquant l’Esprit Saint. Lui seul peut nous aider à dépasser l’attrait du gain et de la superficialité ; ce sont ces pierres qui recouvrent la bonne terre de notre cœur et qui nous empêchent de donner racine à la Parole de Dieu. Seul l’Esprit-Saint peut nous aider à résister aux logiques de la rentabilité de la performance ; ce sont ces ronces qui étouffent l’Evangile de la vie.
Avec l’Esprit-Saint, nous pouvons alors nous appuyer sur la Parole de Dieu pour éclairer les aspirations et accompagner les initiatives de l’humanité qui cherche de nouveaux chemins face à la crise sanitaire et économique actuelle. On peut ainsi relever l’aspiration à un monde plus juste et solidaire, l’engagement pour l’écologie et la reconnaissance de la valeur de chaque métier notamment ceux des soins, de la sécurité et du service. Ces domaines d’attention dans la société actuelle sont comme des pierres d’attente où les chrétiens peuvent apporter leur contribution et faire advenir le Royaume de Dieu.
« Le semeur est sorti pour semer. ». Depuis sa mort et sa résurrection, le Christ ne cesse de sortir et de venir vers nous. Sa Parole nous est donnée comme une semence, elle est promesse de vie. Elle n’attend qu’une terre d’accueil. Même s’il s’y trouve encore des pierres et des ronces, l’Esprit de Dieu en fera le jardin d’où surgira une belle moisson.
Dans l’eucharistie que nous célébrons, le Christ vient lui-même nous rejoindre par son Esprit et sa Parole prononcée sur le pain et le vin. Il vient ainsi nous entraîner au service de sa Parole de vie. Puisse-t-il réaliser son œuvre en chacun d’entre nous pour le bien de notre pays et du monde.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai