Après avoir remis le rouleau de l’Ecriture au servant, Jésus proclama : « Aujourd’hui, s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture » (Lc 4,21).

Cet aujourd’hui se poursuit dans la messe chrismale qui nous réunit, particulièrement lors des rites de consécration du saint chrême et de bénédiction des huiles des catéchumènes et des malades, qui nous renvoient aux sacrements de l’Eglise.

Alors que l’Eglise face aux défis du développement technologique et de la mondialisation a pris conscience de l’urgence de l’annonce de l’Evangile, elle doit pouvoir l’articuler à la vie sacramentelle. Annoncer l’Evangile et célébrer les sacrements doivent être tenus ensemble. Si l’Evangile et plus largement la Parole de Dieu éclairent notre connaissance de Dieu, les sacrements nous font partager sa vie.

D’ailleurs Jésus lui-même inaugure sa mission d’annonce du Règne de Dieu dans le cadre du culte. L’évangile précise : « Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat » (Lc 4,16). Et s’appuyant sur le prophète Isaïe, Jésus indique que Dieu l’a consacré par l’Esprit-Saint pour non seulement annoncer la Bonne Nouvelle, mais également poser des gestes de libération, de guérison et de pardon.

Les sacrements conservent ces paroles et ces gestes de salut que Jésus a portés au monde. La veille de sa mort comme en testament, Jésus a remis les sacrements entre les mains des apôtres, et le jour de la Pentecôte, il leur a envoyé l’Esprit-Saint pour que ces rites transmettent sa vie de ressuscité. Lors de son discours sur le pain de vie, Jésus parle de l’Esprit-Saint, comme de celui « qui vivifie » (Jn 6,63), de celui qui rend possible sa présence réelle et vivante dans l’eucharistie, comme dans chaque sacrement.

Pour les catéchumènes, la préparation aux sacrements de l’initiation est marquée par l’alternance des temps de catéchèse et de prière. Chaque année, lorsque je rencontre les catéchumènes pour un temps d’échange et de formation je suis heureux de leur conférer l’onction d’huile dans leur main. Ce geste manifeste le soutien du Christ sur le chemin de préparation fait d’élans de foi et parfois de doutes, il annonce en même temps les sacrements du baptême et de la confirmation.

Pour l’ensemble des baptisés, l’eucharistie et le pardon sont les deux appuis pour avancer sur le chemin de la vie, comme en témoignent les disciples d’Emmaüs. Ils s’exclamèrent : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous ? » (Lc 24,32). C’était la brûlure de l’Esprit-Saint qui purifie dans le sacrement du pardon et qui revigore dans le sacrement de l’eucharistie.

Pour les ministres ordonnés, particulièrement les prêtres, la célébration des sacrements doit être le cœur de leur ministère. Les sacrements les gardent dans la fidélité au Christ qui veut partager à travers eux, sa vie de ressuscité à son Eglise. Lors de la rénovation des promesses sacerdotales prévue en cette célébration, l’évêque leur demande : « Voulez-vous être les fidèles intendants des mystères de Dieu par la sainte eucharistie et les autres célébrations liturgiques ? ».

La lecture du Prophète Isaïe fait dire à Jésus : « Le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé […] annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4,18-19). Nous y sommes en cette année de jubilé. Puissions-nous renouveler notre double attachement à l’Evangile et aux sacrements que le Christ nous a transmis, et demeurer ainsi dans la joie de l’action de grâce. Nous pouvons reprendre la prière de l’Apocalypse de saint Jean : « A lui (Jésus Christ), qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen » (Ap 1,5-6).