Homélie de la messe chrismale

Messe chrismale Le Quesnois 26 mars 2024

« Vous serez appelés prêtres du Seigneur, on vous dira servants de Dieu » (Is 61,6). Pour le prophète Isaïe, les temps messianiques signifiaient l’accès à la prière confiante et fidèle. Ainsi que fit Jésus pour inaugurer son ministère public ? L’évangile nous dit : « Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat » (Lc 4,16). Jésus participait fidèlement à la prière de son peuple, celle-ci se prolongeait dans de longues veilles. Comme homme de prière. Jésus a témoigné de l’irruption des temps nouveaux où Dieu se rend accessible à l’humanité, où Dieu se révèle comme Père et où son Esprit vient recréer en l’homme un cœur de fils. Cette œuvre de l’Esprit-Saint se réalise concrètement au baptême, il confère au disciple de Jésus sa dignité de prêtre et soutient sa mission de la prière. D’ailleurs en vue du grand jubilé de 2025, le Pape François désire faire de 2024 « une année intense de prière, au cours de laquelle les cœurs s’ouvriront pour recevoir l’abondance de la grâce… » (Lettre à Mgr Rino Fisichella pour le Jubilé 2025, 11 février 2022). 

C’est l’occasion pour nous, de veiller à ce que nos existences soient enracinées dans la prière. Elle est le cœur battant de notre vie qui l’irrigue de la charité de Dieu ; elle est le moteur de nos missions qui éclaire nos choix et soutient nos efforts.

Pour maintenir vivante notre prière personnelle et communautaire, il nous faut mettre en œuvre les mêmes repères que ceux d’une relation d’amitié : la fidélité, l’écoute, le dialogue, le silence…

J’aimerais insister sur le silence. Il n’est pas le moins facile à mettre en œuvre. Il suffit de nous interroger comment nous entrons parfois dans une église, quel moyen nous prenons pour faire silence avant une célébration et quelle attention nous portons au silence durant les célébrations. Accéder au silence en nous et autour de nous est souvent de l’ordre du combat !

Le silence est pourtant la condition du dialogue et de l’amitié. Pensons aux époux qui ont la grâce de vieillir ensemble ou encore aux grands malades que nous côtoyons. Le silence de la présence l’un à l’autre dit souvent plus qu’un flot de paroles.

Le silence ferment de l’amitié est aussi une condition de l’intériorité. Il permet de prendre du recul pour réfléchir à la vie et pour faire des choix libres et personnels. Dans les commerces, il n’y a pas de silence, mais de la musique et des messages en continue pour empêcher le consommateur de réfléchir et pour exciter son désir compulsif de posséder.

Le silence comme condition de la relation et de l’intériorité est un soutien précieux pour la prière personnelle et communautaire.  L’eucharistie source et sommet de la vie de prière prévoit ainsi des temps de silence, que l’on devrait mettre en valeur autant que le choix des cantiques.

Permettez-moi d’inviter à plus de vigilance au début d’une célébration. Si la qualité de l’accueil mutuel au début de la célébration manifeste que l’Eglise est une communauté fraternelle, le silence signifie que la fraternité vient de Dieu et qu’elle nous presse à nous confier à lui, les uns les autres, ainsi que les absents. Je tiens à remercier les responsables diocésains des servants d’autel qui leur apprennent à se remettre au Seigneur avant le chant d’entrée. C’est un encouragement à tous les membres de l’assemblée pour s’offrir mutuellement le cadeau du silence qui dispose les cœurs à reconnaitre le Seigneur et à l’accueillir personnellement.

Frères et sœurs, nous voulons implorer le Seigneur pour la fidélité à notre mission de la prière. Auprès de lui qui se retirait à l’écart pour prier, nous voulons apprendre le silence pour laisser l’Esprit Saint nous entrainer dans la joie d’être à Dieu son Père et notre Père. Avec saint Jean que nous avons entendu dans la deuxième lecture, nous pouvons alors louer le Seigneur Jésus : « A lui […] qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles » (Ap 1,6).

Article publié par Service communication • Publié le Jeudi 28 mars 2024 - 14h56 • 703 visites

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