La fête, le même jour, des deux apôtres saint Pierre et saint Paul pourrait surprendre. A vue humaine, tout les oppose. D’abord leurs origines : Pierre était pêcheur du lac de Galilée et Paul était un érudit formé à l’université de Tarse. Leurs tempéraments opposés les ont menés jusqu’à des discussions vives sur les conditions d’accès des païens dans l’Eglise. Mais dans le plan de Dieu, ils ont été profondément unis par un même appel et une même mission.
Pour Pierre et Paul, c’est d’abord un même appel qui les a unis. Alors que chacun avait une place dans le milieu professionnel et religieux, le Seigneur Jésus a fait irruption dans leur vie et s’est manifesté à eux par l’autorité de sa parole. A Pierre et à son frère André, Jésus dit : « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4,19) ; à Paul, « Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu dois faire » (Ac 9,5-6).
L’appel du Christ a orienté d’une manière nouvelle et profonde, leur existence.
Si Pierre et Paul ont fait l’expérience d’une initiative gratuite et personnelle du Christ, leurs réponses ont été différentes. Le Seigneur respecte profondément celui qu’il appelle, il ne désire pas en faire un esclave, mais un collaborateur. Ainsi Pierre avait mis du temps en passant par bien des étapes : il a entendu la prédication de Jésus avant de le suivre, il a connu l’épreuve du reniement au moment de la passion de Jésus. Quant à Paul, il a fait l’expérience d’une transformation instantanée sur le chemin de Damas ; le persécuteur du Christ est devenu aussitôt son plus grand apôtre.
Si un même appel avait uni Pierre et Paul, leurs différentes expériences professionnelles et leurs différents tempéraments, n’avaient pas à être mis entre parenthèses, mais au service du Christ et de son œuvre de salut. L’unique mission d’apôtre instituée par le Christ pouvait se conjuguer en des modalités différentes. Pierre avait reçu du Christ le pouvoir des clefs, la responsabilité de la fidélité et de l’unité de toute l’Eglise. Quant à Paul, il a été appelé par le Christ à porter l’Evangile aux nations, indiquant ainsi à toute l’Eglise que sa fidélité et son unité passent par l’évangélisation. Nous avons entendu dans la deuxième lecture, Paul affirmer à la veille de son martyre : « Le Seigneur […] m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Evangile, s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent » (2Tm 4,17).
Maxence et Romain, à l’image des deux apôtres Pierre et Paul, vous avez chacun un parcours particulier, avec des expériences professionnelles et ecclésiales différentes. Mais un même appel vous unit et un même ministère vous unira à tous les prêtres lorsque je vous aurai conféré le sacrement de l’Ordre. Comme coopérateurs de l’évêque, vous aurez à porter au monde l’unique trésor de l’Eglise : la vie du Seigneur Jésus, son Evangile et ses sacrements. A une époque où les relations humaines se fragilisent et se tendent, les prêtres diocésains sont plus que jamais appelés à exercer leur ministère comme pasteurs de communautés, en suscitant des collaborations multiples auprès des jeunes comme des adultes. Ils le feront également au niveau d’engagements diocésains pour seconder l’évêque dans les conseils et accompagner les laïcs dans les services, les mouvements et les institutions éducatives et caritatives. Le paysage pastoral d’un prêtre diocésain loin de se restreindre à la gestion, s’ouvre à des initiatives possibles selon les compétences et les charismes personnels.
Maxence et Romain, comme diacres, vous aviez tous les deux, à côté de la vie paroissiale, d’autres engagements, notamment dans des écoles catholiques. Comme prêtres, vous êtes appelés à développer la conscience de l’appartenance à un presbyterium et plus largement à une famille diocésaine.
Puisiez-vous garder en mémoire qu’un même appel du Christ et une même mission à la suite des apôtres vous unissent aux prêtres et à votre évêque. Puissiez-vous le vivre à l’exemple des saints Pierre et Paul dont le Pape saint Léon au Ve siècle, affirmait : « l’élection en a fait des pairs, la difficulté des semblables et la fin des égaux » (In Natali Apostol. 69, 6-7).