Noël nuit 2020
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime » (Lc 2, 14). Nous n’avons plus pris ce chant durant les messes de l’Avent comme pour nous préparer à partager la joie des anges en cette nuit de Noël. A travers ce chant, ils nous pressent à la suite des bergers, à constater de nos propres yeux la bonne nouvelle de la naissance de Jésus le Sauveur.
Mais me direz-vous, si les bergers ont pu voir « Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire » (Lc 2,16), comment pouvons-nous deux mille ans plus tard les voir à notre tour ?
Pour ceux qui ont mis en place une crèche, ils peuvent s’associer à l’émotion des bergers en voyant le Fils de Dieu les rejoindre dans l’humilité d’un nouveau-né.
Chaque année à Noël me revient la ferveur des moments où la famille se réunissait autour de la crèche. Comme enfant, je percevais combien le Christ était proche et irriguait nos cœurs de sa paix et de son amour. Nous n’avions pas la tradition du repas de réveillon, mais celle d’une veillée marquée par les chants, le récit de la naissance de Jésus et l’échange des cadeaux. C’était en quelque sorte une préparation spirituelle à la messe de Minuit.
Le contexte de la pandémie a, semble-t-il, poussé davantage de familles à décorer leur habitat. Certains m’ont dit qu’ils avaient repris goût à mettre en valeur la crèche à l’intérieur et même à l’extérieur de leur maison. Ces traditions autour de la crèche nous évitent de nous attarder sur la légende du père noël et nous permettent d’approfondir l’événement de la naissance de Jésus le Fils de Dieu.
Mais pour partager l’expérience des bergers, il nous faut faire un pas de plus, et passer de l’émerveillement devant l’enfant Jésus dans la crèche à l’adoration du Corps ressuscité de Jésus dans l’eucharistie. D’ailleurs lorsque saint François a eu l’idée d’une crèche vivante dans le hameau de Greccio, c’était pour y faire célébrer la messe où Jésus peut être vu, adoré et accueilli à travers le temps et l’espace.
Pour vivre la messe comme une rencontre de Jésus, il nous faut entrer dans l’attitude des bergers qui selon l’évangile, « vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux » (Lc 2,8). Ils n’étaient pas forcément des saints, mais ils avaient conscience d’une dépendance vitale par rapport à Dieu et les uns par rapport aux autres. Il y avait de l’espace dans leur cœur pour se laisser toucher par la bonne nouvelle de la naissance de Jésus et pour en témoigner d’une manière spontanée et joyeuse.
Cette ouverture des cœurs, nous pouvons l’apprendre en vivant lors des messes un lien étroit entre ‘célébrer’ et ‘adorer’.
Déjà durant la célébration, les temps de silence nous aident à approfondir notre foi en la présence vivante et aimante du Christ dans l’eucharistie. Ces temps peuvent se prolonger par l’adoration eucharistique qui a été d’une grande fécondité dans l’histoire de notre Eglise et qui est un des soutiens précieux pour maintenir nos vies dans un lien vivant au Christ.
Dans la relecture du premier confinement, certains jeunes ont émis le souhait que les communautés proposent des soirées de louange et d’adoration avec un enseignement. D’ailleurs, grâce à l’un d’eux, j’ai pu ouvrir à certains moments la chapelle de l’archevêché pour l’adoration silencieuse durant l’Avent, comme cela a été proposé dans de nombreuses églises du diocèse.
Temps d’émerveillement, la prière d’adoration vient ainsi fortifier notre foi en Jésus, le Fils de Dieu fait chair, et notre amour pour l’humanité afin que Jésus puisse l’entrainer dans le cœur aimant de Dieu son Père.
Frères et sœurs, le signe de la crèche, mais surtout le sacrement de l’eucharistie, nous ouvrent à la joie des anges à laquelle ils conviaient les bergers et continuent de convier l’humanité.
Chantons avec les anges, « Gloire à Dieu et paix aux hommes ». Partageons leur joie en nous attardant devant les crèches de nos églises et de nos maisons, et surtout en redécouvrant la prière d’adoration qui est proposée tout au long de l’année. Nous pouvons alors chanter : « Gloire à Dieu et paix aux hommes qu’Il aime » et ajouter : « qu’Il ne cesse d’aimer » !