« Heureux, Bienheureux ». Le premier discours de Jésus est la clef de tout son enseignement et sa mission. Jésus, le Fils de Dieu, est celui qui porte l’espérance à l’humanité, l’espérance de la joie possible en cette vie et l’espérance de la joie éternelle en Dieu.
En Jésus, la joie est possible ; pas une simple joie superficielle et passagère, mais celle de la proximité de Dieu à nos vies. Dès les premières étapes de l’Histoire Sainte, Dieu a révélé son désir de voir l’homme accéder au bonheur. Abraham s’est vu promettre une descendance : « Pars, je ferai de toi un grand peuple » dit Dieu (Gn 12,1). Et par Moïse, Dieu offrait à son peuple la libération de l’esclavage et une Terre. Ce bonheur reconnu comme don de Dieu était d’abord pour le croyant de nature terrestre. Mais durant l’Exil et les persécutions, le croyant était directement confronté à la question du bonheur des méchants et du malheur des justes. La réflexion sur le bonheur allait s’approfondir. Ce qui est remarquable, c’est que Dieu et sa providence n’étaient pas remis en cause, mais on s’interrogeait sur le sens du bonheur. Le croyant était invité à s’ouvrir à un bonheur plus profond dont le bonheur terrestre n’était qu’une pâle figure, celui de la communion de vie avec Dieu. Jésus par sa venue en cette terre et sa mort en croix ouvrait l’accès à ce bonheur. En annonçant l’œuvre de Jésus, saint Jean pourra affirmer : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père […] Nous sommes appelés enfants de Dieu […] Nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-2).
« Heureux, Bienheureux ». Cet enseignement de Jésus qui rejoint chaque être humain dans son désir de bonheur quelque soit ses peines et ses joies, est un formidable chant d’espérance ; il nous rappelle que nous sommes créés en vue du Ciel. Nous le sommes parce qu’à l’instant de notre conception, Dieu nous a créés une âme qui nous distingue de toutes les autres créatures. L’âme désigne l’identité la plus profonde de notre être, le lieu permanent qui nous fait dire ‘je’, de notre enfance jusqu’à la mort. Elle est la dimension spirituelle de notre être qui nous relie directement à Dieu. Elle est le siège de l’intelligence et de la volonté qui nous fait image même de Dieu.
Si nous avons cherché sur terre à mener notre existence sous le regard du Christ notre Sauveur, à vivre les béatitudes à sa suite, nous pourrons entrer dans la béatitude céleste et prendre place au banquet du Ciel. Le désir du Ciel ne nous coupe pas de nos engagements terrestres, bien au contraire, il nous permet de les honorer avec plus de liberté et d’audace. Ce désir ne nous enferme pas non plus dans la résignation face au mal ou à la souffrance, bien au contraire, il nous rend plus courageux pour y faire face avec la charité du Christ, qui a été victorieuse de la mort.
« Heureux, bienheureux ». L’immense foule des saints que nous célébrons dans une même fête, atteste que la joie du Christ est accessible à tous et qu’elle conduit au ciel. Accueillons cette joie aujourd’hui. Laissons-nous soutenir par l’exemple et la prière des saints. Que notre prière s’unisse à leur chant d’action de grâce et de louange. Nous pourrons alors remplis d’espérance prier pour nos défunts afin qu’ils accèdent à cette joie.
A l’eucharistie, dans le prolongement de la consécration., le prêtre invite à proclamer le mystère de la foi. Prions aujourd’hui avec une ferveur renouvelée : « Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu : viens, Seigneur Jésus ! ». En effet, le Christ nous rejoint dans l’eucharistie, il nous donne part à son corps ressuscité pour nous entrainer sur le chemin du bonheur de Dieu.