Introduction
La fête de la dédicace d’une église célèbre l’anniversaire de sa consécration. Pour toute église, l’anniversaire de sa consécration est plus important que la fête de son saint patron, car l’église est le lieu de rassemblement du Peuple de Dieu et la maison de Dieu où nous pouvons le vénérer et recevoir ses grâces, notamment à travers les sacrements. En ce jour, c’est la fête pour l’ensemble du diocèse, puisqu’il s’agit de l’anniversaire de la dédicace de la cathédrale qui est l’église de l’évêque et du Peuple de Dieu qui habite un diocèse. Cette place unique de l’église cathédrale est signifiée cette année par la bénédiction de l’huile des malades et de celle des catéchumènes et, par la consécration de l’huile du Saint-Chrême pour les baptêmes, les confirmations et les ordinations de prêtres et d’évêques. N’ayant pas encore la possibilité de nous réunir en grand nombre, nous sommes soutenus dans notre communion de prière par la retransmission en direct assurée par le service de communication.
Disposons nos cœurs à laisser se fortifier entre nous le lien de communion qui est celui de l’Eglise. Que Marie Notre-Dame de Grâce nous soutienne par sa prière et nous obtienne la grâce de la miséricorde divine.
Homélie
Les lectures nous font découvrir l’Eglise comme la Cité de Dieu, le Sanctuaire de l’Esprit et le Corps institué par le Christ. Et saint Paul prolonge la réflexion en soulignant la participation de chaque baptisé à l’identité et à la mission de l’Eglise. Il écrit aux Corinthiens : « Le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous » (1Co 3,17).
Comment pouvons-nous concrètement rendre compte de cette dignité et de cette mission ? N’est-ce pas en participant pleinement au rythme vital de l’Eglise qui est le rassemblement et l’envoi ? L’Eglise est appelée par Dieu à le glorifier comme créateur et sauveur de nos vies, mais elle est également appelée à collaborer à son œuvre du salut en annonçant l’Evangile du Christ et en vivant des dons de l’Esprit. Prière en Eglise et mission dans le monde sont étroitement liées. L’Office des lectures de la fête l’évoque avec les mots de saint Augustin : « Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter, c’est la ferveur d’un saint amour ».
Le confinement depuis la mi-mars ne nous permettait plus de nous réunir et nous avons cherché des moyens pour maintenir une vie de prière et de service. Jamais les communautés paroissiales et les services diocésains n’auront été aussi actifs sur les réseaux sociaux. De nombreuses célébrations ont été retransmises, mais il y a eu également des prédications et des catéchèses qui ont été proposées par internet, ainsi que par téléphone pour ceux qui ne possèdent pas d’ordinateur. Je pense encore à tous ceux qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour visiter les personnes malades et démunies ou pour garder un contact à distance. La transmission d’un communiqué par les aumôneries de prison m’a valu ce retour d’un détenu : il remercie les chrétiens d’être, selon son expression, « actifs et sensibles envers les pauvres, les SDF, les veuves et les orphelins ». Et après avoir évoqué le contexte de crise, il termine sa lettre en affirmant : « Fortement, nous voyons Jésus plus proche qu’avant ».
Ces efforts qui rivalisent de créativité, sont un signe de la vitalité de l’Eglise et participent à sa mission. Mais tous ceux qui participent à la mission de l’Eglise dans la société, ressentent plus fortement encore le besoin de se ressourcer dans la prière en Eglise, notamment dans les sacrements.
Avec le sacrement de la confession qu’il était toujours possible de recevoir dans la période du confinement et avec l’adoration eucharistique silencieuse dans certaines églises, nous pouvons préparer nos cœurs aux célébrations avec une ferveur renouvelée. Le déconfinement commencé hier, nous permet de marquer une nouvelle étape par les propositions spirituelles et sacramentelles en petits groupe de moins de dix personnes.
La Bénédiction des huiles en notre cathédrale vient nous encourager à renouer progressivement avec les célébrations dans nos églises. La cathédrale devient ainsi le cœur qui irrigue le diocèse de la vie du Christ par le rythme de la contraction et de la dilatation, du rassemblement et de l’envoi.
La bénédiction de l’huile des malades est un encouragement à renforcer tous les efforts de la pastorale de la santé. Je salue l’initiative du service des jeunes qui propose de former et d’envoyer des jeunes à partir de 16 ans pour la visite et la distribution de la Sainte Communion à domicile.
La bénédiction de l’huile des catéchumènes et la consécration du Saint-Chrême sont une invitation aux catéchumènes et aux confirmands à se préparer aux célébrations des sacrements de l’initiation soit en groupe restreint dans les prochains jours, soit en assemblée plus conséquente dans les prochaines semaines en fonction de l’évolution de l’épidémie. Le Saint-Chrême est également préparé pour oindre les mains du diacre Maxence Leblond lors de l’ordination sacerdotale qui est maintenue le 21 juin prochain.
L’Eglise, Cité de Dieu, Corps du Christ et Sanctuaire du Saint-Esprit a besoin du rythme du rassemblement et de la mission. Ils sont en quelque sorte les deux pieds qui lui permettent d’avancer avec le Christ dans son pèlerinage vers le ciel où elle pourra se recevoir d’une manière définitive et parfaite comme la « Jérusalem nouvelle », « la demeure de Dieu avec les hommes » (Ap 21).
X Vincent Dollmann-Archevêque de Cambrai