Face à la dureté des conditions de travail dans de nombreux secteurs industriels, le Pape Léon XIII n’hésitait pas à affirmer que chaque ouvrier est une personne et que le travail est l’expression de cette dignité. Le Pape renvoyait dos à dos les positions extrêmes du marxisme et du capitalisme qui réduisent l’ouvrier à un instrument, et l’économie à l’accroissement de biens matériels. Il allait jusqu’à proposer des pistes concrètes : le droit à un juste salaire, la liberté d’association pour les ouvriers notamment à travers les syndicats et le droit à la propriété privée.
Depuis Léon XIII, chaque pape en fonction des contextes et des défis de son époque, a abordé les réalités du travail et de l’économie, à la lumière de l’évangile. Ils ont notamment laissé un enseignement à travers la publication d’encycliques. Le Pape François en a écrit deux, Laudato Si sur la sauvegarde de la création et l’écologie intégrale en 2015 et Fratelli Tutti sur la fraternité entre les hommes en 2020.
Récemment dans un livre faisant une relecture de la période de pandémie que nous vivons, le Pape François rappelle que : « Notre travail est la condition de notre dignité et de notre bien-être […] Reconnaître la valeur pour la société du travail des personnes non salariées est un élément essentiel de notre réflexion dans le monde post-Covid ». Comme son prédécesseur Léon XIII, le Pape François indique des pistes concrètes de réflexion : le revenu de base universel (RBU), la réduction du temps de travail, les objectifs de l’intégration des pauvres et la protection de l’environnement (Un temps pour changer Flammarion, 2020, p 193-197).
L’anniversaire de Rerum Novarum vient encourager tous ceux qui réfléchissent et agissent pour une économie au service du développement humain intégral et de la sauvegarde de la création.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai