L’exercice du ministère des prêtres dans le paysage pastoral du diocèse

Texte d'introduction de la journée.

Les atouts géographiques de notre diocèse

La Maison diocésaine par sa situation géographique joue bien son rôle de lieu de rencontre et de formation. Le territoire du diocèse bénéficie d’une répartition équilibrée de centres urbains, mis à part l’Avesnois qui est la partie nettement rurale. Le travail de collaboration est ainsi facilité par le réseau de villes moyennes proches l’une de l’autre.

Il faut encore davantage mettre en valeur ces atouts en vue de l’évangélisation, qui se rapprochent du contexte des premières communautés chrétiennes. Il existait des centres urbains où vivait une communauté importante qui offrait un ressourcement catéchétique et liturgique notamment par l’assemblée dominicale. En semaine dans les localités voisines, les chrétiens œuvraient à l’évangélisation par leur mode de vie et la qualité du témoignage, ce que des théologiens appellent l’évangélisation par capillarité, par contact.

Dans notre diocèse, il existe à côté des paroisses plus importantes ou plus centrales, des lieux qui offrent un horaire régulier de célébrations ou des temps de formation théologique et spirituelle. Ils constituent de vrais points de repères pour les chrétiens. Il y a également les lieux de pèlerinage, les monastères et les couvents.

Plutôt que de voir ces lieux comme une concurrence à la vie paroissiale et décanale ordinaire, il vaut mieux les intégrer dans les projets.

 

L’exercice du ministère des prêtres comme service de la Parole, des sacrements et de la communion ecclésiale

Quand on réfléchit à ce qu’est un prêtre, il y a toujours à tenir ensemble deux aspects : sa consécration à Dieu et sa mission. Il me semble important de garder en mémoire l’exigence de cette articulation, pour ne pas faire de la pastorale une incessante quête de recettes à adapter au gré des époques et des lieux.

La Constitution sur l’Eglise Lumen Gentium parle des trois fonctions prophétique, sacerdotale et royale qui sont exercées par toute l’Eglise et auxquelles participe chaque vocation.

 Le Décret sur le ministère des prêtres Presbyterorum Ordinis va les présenter comme suit (PO n. 4-6) :

-Le ministère de la Parole de Dieu (fonction prophétique) Il s’agit d’appeler les hommes à la conversion et de les conduire sur le chemin de la sainteté. Les moyens indiqués sont à la fois le témoignage de vie notamment auprès des incroyants et l’annonce de la Parole par la catéchèse et la prédication dans la communauté.

-Le ministère des sacrements et de l’Eucharistie (fonction sacerdotale) Il s’agit de contribuer à la sanctification du Peuple de Dieu, c’est à dire à sa croissance dans la vie divine. Le Concile insiste sur l’Eucharistie : « elle contient tout le trésor spirituel de l’Eglise, c’est à dire le Christ Lui-même…qui donne la vie aux hommes » (PO n.5). Cela requiert de la part du prêtre la fidélité à l’Office des Heures qui est comme le prolongement de l’Eucharistie quotidienne, le souci de la prière devant le Saint-Sacrement et l’intérêt pour la science et l’art liturgique.

-Le ministère de guide, de chef et de pasteur du Peuple de Dieu (fonction royale). Il est d’ordre spirituel et vise la « croissance spirituelle du Corps du Christ ». Il s’agit ainsi concrètement de servir l’unité des chrétiens et de les conduire vers le Père. Le document invite le prêtre à une attitude d’humanité envers tous les hommes et à être pour eux éducateur de la foi. Dans la liste des personnes, le décret commence par les pauvres, puis les époux et parents, les religieux et religieuses, les malades et les mourants.

Il est intéressant de mettre en valeur ces trois fonctions, cela évite pour le prêtre diocésain de ramener sa mission à une fonction purement paroissiale, de curé de paroisse. L’Eglise diocésaine a également besoin de prêtres qui exercent un ministère d’annonce et d’enseignement tel les professeurs et les aumôniers, ainsi que de prêtres qui soient plus pleinement dévoués à la vie liturgique et sacramentelle.

Tout en étant sensible à la mise en valeur des trois fonctions, il me semble qu’il faut garder un lien étroit entre elles. Tout prêtre diocésain, même s’il n’a pas la charge de curé, doit pouvoir vivre son ministère en lien avec une communauté de type paroissial, du tout-venant et de tous les âges.

Notre ministère de prêtre et d’évêque diocésain est celui du bon pasteur. Notre vie d’homme et d’apôtre du Christ est nourrie par la charité pastorale, la charité du Christ bon pasteur. Dans l’Exhortation Pastores dabo vobis, le Pape Jean-Paul II la définissait ainsi : « il est appelé, dans sa vie spirituelle, à revivre l'amour du Christ époux envers l'Église épouse. […] ainsi sera-t-il capable d'aimer les gens avec un cœur nouveau, grand et pur, avec un authentique détachement de lui-même, dans un don de soi total, continu et fidèle. » (n.22).

Tout prêtre doit pouvoir vivre la charité pastorale au contact d’un peuple, ne serait-ce qu’à travers la célébration de sacrements. Il peut alors encore mieux exercer une mission en fonction de ses charismes et de ses compétences dans un service diocésain, un mouvement voire une aumônerie.

Cette articulation entre une mission de type plus paroissial et de type plus transversal, me semble une piste à approfondir et correspondre à un besoin pour le diocèse aujourd’hui. Sa taille moyenne et la densité de la population facilite cette articulation.

 

L’exercice du ministère dans une collaboration multiple

Comme le prêtre, tout disciple est par le Baptême et la Confirmation, une personne consacrée au Christ et envoyée pour servir les frères. La prise en compte de la dignité et de la mission de tout baptisé doit nous aider à porter ensemble le souci de l’approfondissement de la vie spirituelle et de la formation à l’évangélisation.

Il faut que nous poursuivions l’attention à articuler nos propositions de formation à l’écoute de la Parole de Dieu et à la célébration de la Liturgie des Heures et des sacrements. L’approche intellectuelle et spirituelle du trésor de la foi doit être intimement unie.

Il nous faut également poursuivre l’attention à l’évangélisation qui n’est pas une nouvelle stratégie pastorale, mais le renouveau profond de l’Eglise et de chaque baptisé pour porter l’Evangile au monde d’aujourd’hui. Celle-ci englobe à la fois la mission ad gentes, à ceux qui ne connaissent pas le Christ, la croissance de la foi des baptisés, et l’annonce aux baptisés qui ont pris des distances par rapport à la vie de foi ou qui ont perdu les repères de la foi.

 

Conclusion

Une parole d’encouragement et d’espérance d’un de nos prêtres aînés, le Père Michel Piton :

« Nous avons besoin de jeunes et moins jeunes prêts à nous sortir de la morosité et qui trouveront l’enthousiasme nécessaire pour nous secouer comme les apôtres calfeutrés au matin de Pâques […]

De quels moyens disposons-nous ? Ils ne manquent pas et beaucoup sont déjà à l’œuvre. A chacun de recenser les initiatives déjà prises dans notre zone périphérique, par exemple, l’intuition qui a conduit la recherche d’heureuse mémoire sur les assises du patrimoine. Le but était de montrer qu’il était possible de relever la tête. Prenons aussi exemple sur les municipalités qui se débattent pour relever les zones sinistrées. On a beaucoup parlé des petits maires ; ils sont proches de leurs gens et ils se battent comme ils peuvent.

En sortant du spectacle Joseph et ses frères, venu tout droit de familles chrétiennes de Bondues, nous étions émerveillés. Le lendemain, je me suis dit : pour nous ne vaut-il pas mieux multiplier les spectacles du Ptit Bonheur montés par Yves Garbez ? […] Quoi encore ? Les groupes de partage solidarité quartier […] ; les actions du Secours Catholique et Saint Vincent de Paul pour dépasser le simple assistanat et rendre aux plus démunis la conscience de leur valeur ; les grandes assemblées diocésaines toujours festives et fraternelles, bien de chez nous, même la ferveur des funérailles de Mgr Garnier et de du père Xavier où l’on a palpé l’attachement du peuple chrétien à ses pasteurs.

Ce ne serait pas mal au lieu des cahiers de doléance, d’écrire des cahiers de brevets diocésains : qu’avez-vous inventé ?

Il y a de quoi édifier un grand album avec toutes les fleurs qui ont l’audace d’affronter les rigueurs de l’hiver, des perce-neiges, des muscaris, des crocus, des violettes, des jonquilles… C’est bizarre comment des gens se plaignent de la glace et ne voient pas naître une vie nouvelle »

 

+ Vincent DOLLMANN

  Archevêque de Cambrai

Article publié par Service communication • Publié le Mercredi 12 juin 2019 • 1224 visites

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