Cette lettre au début du Carême me permet de vous encourager à accueillir ce temps favorable pour affermir notre joie d’être sauvés en Jésus. Par sa mort et sa résurrection, il a brisé les verrous du mal et de la mort et nous a donné accès à la vie éternelle en Dieu. Ce don du salut, il nous appartient de l’accueillir. Chaque année, le Carême vient éveiller notre responsabilité en proposant à toute l’Église, catéchumènes et baptisés, d’intensifier leur vie de prière et de charité. Chers diocésains, en vivant ainsi le Carême nous pourrons mieux ressentir l’urgence de témoigner de l’évangile dans le monde d’aujourd’hui et de partager cette joie de croire avec les jeunes.
- Le Carême, un temps de retraite spirituelle pour toute l’Église
Le Carême constitue ce temps unique où toute l’Église de la terre se met en retraite pour fortifier en nous le désir du salut que Jésus a porté au monde par sa mort et sa résurrection. Pour en saisir l’opportunité, saint Paul nous indique le chemin : « laissez-vous réconcilier avec le Christ » (2Co 5,20). La liturgie de la Parole du dimanche, nous permet d’en saisir l’urgence et l’enjeu à travers saint Luc, l’évangéliste de la joie et de la miséricorde.
Avec le récit des tentations de Jésus au désert, le premier dimanche de Carême, nous serons introduits dans la joie de la victoire sur les tentations et le péché (Lc 4,1-13). Ensuite durant les quatre dimanches qui suivront, nous pourrons laisser Dieu renouveler notre espérance en la transfiguration avec son Fils Jésus (Lc 9, 28b-36), notre désir de conversion du regard et du cœur sur le monde (Lc 13,1-9), notre expérience de son pardon accueilli et partagé (Lc 15,1-32) et notre disponibilité à sortir de nos enfermements et de nos peurs (Jn 8,1-11).
Vécu à la lumière de la parole de Dieu, le Carême n’est pas une période triste, mais un temps d’entraînement pour mieux vivre du mystère de Pâques et ainsi pour accueillir la vie nouvelle et éternelle que le Christ nous a obtenue par sa mort et sa résurrection. La semaine sainte et le temps pascal nous permettront de le célébrer et d’en retirer tous les fruits d’espérance et de joie pour notre vie personnelle et ecclésiale.
- Dans la joie d’accompagner les catéchumènes vers le baptême
Pour vivre le Carême dans ce dynamisme de conversion et d’accueil de la bonne nouvelle du salut en Jésus, nous sommes encouragés par le cheminement des 84 catéchumènes de notre diocèse. Au contact de ces adultes qui demandent le baptême nous pouvons réaliser combien Dieu continue de toucher les cœurs et de les ouvrir au bonheur de la vie de communion avec lui. La joie et la ferveur des catéchumènes viennent interroger notre propre attachement au Christ : sommes-nous fidèles à la prière et aux sacrements de l’eucharistie et du pardon ? Sommes-nous attentifs à la qualité des relations dans nos communautés ? D’ailleurs dans la liturgie de l’appel décisif, l’évêque demande aux catéchumènes : « L’Église va célébrer la Résurrection du Christ dans la joie de Pâques. Voulez-vous y participer pleinement par le baptême, la confirmation et l’eucharistie ? ».
En remerciant les personnes engagées dans les groupes du catéchuménat, je désire souligner la responsabilité de tous les baptisés dans l’accompagnement vers le baptême et surtout dans la période qui suit. Après leur baptême, ces nouveaux chrétiens auront besoin de notre attention et de notre prière pour pouvoir s’intégrer dans la vie paroissiale et diocésaine. Pour signifier l’importance de cette étape, l’accueil dans la communauté diocésaine sera marqué d’une manière officielle le samedi 4 mai 2019 à la cathédrale.
- Mieux témoigner du salut en Jésus
Si la soif de justice sociale et l’engagement pour le respect de la création mobilisent de plus en plus de personnes, réjouissons-nous ; mais n’oublions pas qu’au-delà de solutions politiques, il y a des conversions et des choix de vie à opérer.
Le Carême indique les soutiens donnés par le Christ lui-même : la prière, le jeûne et le partage. Ces trois œuvres de miséricorde sont à vivre dans le dynamisme de l’Esprit du Christ et sont étroitement liées entre elles.
Ainsi le jeûne dans la tradition chrétienne permettait de dégager du temps pour des réunions de prière et d’écoute de la Parole de Dieu. De même nos efforts de partage sont souvent liés à un temps de prière et de rencontre autour d’un bol de riz ou d’un repas plus frugal. Et la prière plus intense nous permet d’éclairer et de soutenir nos engagements pour mieux les vivre en disciples du Christ dans un esprit de partage et de solidarité.
Durant le Carême, veillons à respecter le jeûne des vendredis, en faisant un effort par rapport à la nourriture, mais surtout par rapport à ce qui peut nous couper de la relation à Dieu et aux autres, comme le réseau internet ou la télévision.
Je vous invite à profiter du livret de Carême du diocèse « S’il te plaît, donne-moi un quart d’heure » pour vous mettre chaque jour à l’écoute de l’Evangile en famille ou en communauté.
Je désire également vous inciter à la prière du chemin de croix dans nos églises. Ce serait un beau témoignage d’espérance que d’ouvrir nos églises pour offrir ce temps de prière centré sur la croix de Jésus, source d’espérance pour l’humanité.
En accueillant l’appel du Christ au jeûne, à la prière et au partage, nous pouvons le laisser convertir notre cœur et participer ainsi au renouveau de toute la société. Pour le chrétien, la justice passe par le partage et la fraternité ; le respect de la création par un apprentissage de la sobriété ; et la paix intérieure par l’attachement au Christ comme lumière et soutien de notre vie.
- Renforcer les liens avec les jeunes
Dans le prolongement du synode des jeunes, nous avons à mieux porter le souci des lycéens, étudiants et professionnels et à établir des liens avec eux. S’ils ne sont pas ou peu présents dans nos paroisses et nos mouvements, ils ne sont pas pour autant absents de la vie de L’Église.
Réjouissons-nous de leur présence massive parmi les catéchumènes, de leur engagement dans les rassemblements et les temps forts. Une quarantaine de jeunes de la Province a rejoint les JMJ à Panama, quelques 80 professionnels ont vécu en même temps un rassemblement à la Maison du Diocèse à Raismes. Nous pouvons encore rendre grâce pour la vie des aumôneries d’étudiants, pour la disponibilité de jeunes à encadrer les enfants et les adolescents dans les mouvements ou les patronages, à se mettre au service des malades, notamment durant notre pèlerinage diocésain à Lourdes… Je pense également avec reconnaissance aux jeunes de notre diocèse qui prennent le temps des vacances, voire une ou deux années pour rejoindre des communautés chrétiennes en Afrique ou ailleurs.
En rendant grâce pour cet engagement des jeunes de notre Église, accueillons cette réalité comme un appel pressant à interroger nos structures et nos projets pastoraux.
Durant ce Carême, nous pourrions proposer un temps de prière, de jeûne et de partage avec eux ; ou mieux encore nous pourrions les solliciter pour qu’ils nous proposent de vivre un aspect du Carême. Déjà, s’ils animent un temps de prière, soyons présents, et s’ils organisent une action de partage, soutenons-les !
L’expérience du synode des jeunes lors de sa préparation dans les diocèses comme lors de son déroulement à Rome doit nous inciter à solliciter le regard des jeunes sur tous nos projets pastoraux. Il nous faudrait prendre l’habitude d’interpeller les jeunes que nous côtoyons dans nos relations familiales, professionnelles et amicales. Avec ceux qui se laissent interpeller, nous pourrons alors réfléchir aux adaptations à opérer dans nos pratiques et aux projets à développer pour qu’ils puissent mieux participer à la vie ecclésiale
Ce souci des jeunes n’est pas un projet pastoral supplémentaire ou une opération de séduction, mais le souci d’une Église fidèle au Christ qui est le sacrement de son salut universel, le lieu et le temps où enfants et adultes, jeunes et aînés communient à la vie du Christ ressuscité.
- Les célébrations pour vivre le Carême en Église
Le temps du Carême est l’occasion de participer aux célébrations en lien avec l’Église universelle, et notamment pour renouer avec la pratique dominicale, en faisant l’effort de se déplacer pour une célébration de la messe.
Le mercredi des Cendres, 6 mars, grand jour de jeûne et d’abstinence, un temps de prière devrait être proposé dans nos familles, nos églises, nos mouvements et nos écoles.
La messe présidée par l’Archevêque en lien avec le Comité Catholique pour le Développement et contre la Faim aura lieu à 19h30 en l’église Saint Martin de Cambrai
Le 1er dimanche de Carême, 10 mars à 10 h en l’église Saint Martin de Bouchain, vous êtes invités à la messe durant laquelle aura lieu l’appel décisif des catéchumènes en vue de leur baptême à Pâques
Les 24 heures pour le Seigneur instaurées par notre Pape François, du vendredi au samedi précédant le 4e Dimanche de Carême, sont l’occasion d’organiser des temps de prière et d’adoration eucharistique avec la proposition du sacrement du pardon.
Au cours de la semaine sainte, je me réjouis de la proposition du sacrement de la réconciliation lors de journées du pardon dans les églises principales du diocèse.
Le mardi saint, 16 avril à 18h à Maubeuge, vous êtes invités à la messe chrismale durant laquelle l’évêque bénira l’huile des malades et des catéchumènes ainsi que le Saint-Chrême. A cette occasion, les prêtres renouvelleront leur engagement sacerdotal, et dans le prolongement, les diacres, leur engagement au ministère du service.
Le mercredi saint, 17 avril à 10h30 à la Cathédrale, vous êtes invités à la messe dans le cadre du rassemblement diocésain des servants d’autel.
Le temps du Carême nous prépare au sommet de l’année liturgique, le Triduum pascal ; ces trois jours saints, de la célébration de la Sainte-Cène à la nuit de Pâques nous unissent au Christ dans sa passion, sa mort et sa résurrection et nous renouvellent ainsi dans l’accueil de son salut.
X Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai