Introduction, retour sur la visite pastorale
La visite pastorale a été préparée avec le Père Bernard Descarpentries, alors doyen, et les curés en lien avec les équipes d’animation de la paroisse. Monsieur Samuel Petit, directeur de la communication, a veillé à l’établissement du calendrier et a facilité l’organisation des rencontres en dehors des structures ecclésiales.
Les aléas du calendrier m’ont amené à inaugurer la visite pastorale le 9 octobre 2024, par la célébration de la fête de l’archange Gabriel, patron du 41e Régiment de transmission, seule caserne sur le territoire du diocèse. Tout au long de la visite pastorale se sont ainsi alternées les rencontres dans les quatre paroisses et dans le monde culturel, éducatif et économique du doyenné.
Cette alternance a donné dès le départ le ton à la visite pastorale en honorant et en encourageant le témoignage de foi et de charité des chrétiens, dans la cité. Les personnes rencontrées dans des lieux aussi divers que le Conservatoire, l’École des Mines, la Cour d’Appel, l’Association de réinsertion Deuxième vie, mais aussi les abattoirs, ont exprimé leur estime du témoignage des chrétiens en citant le soin des églises et de la liturgie et l’engagement auprès des plus petits.
Je me propose de revenir sur les trois domaines de la mission de l’Église, l’annonce, la prière et le service, en vous partageant mes découvertes et mes encouragements.
- Annoncer le Christ et former à la vie chrétienne
Découvertes :
Le doyenné est doté d’un important réseau d’écoles catholiques et de mouvements d’Église notamment les différentes familles du scoutisme. Ces institutions constituent un soutien précieux pour l’accompagnement humain et spirituel des jeunes. Elles invitent la catéchèse paroissiale à une approche globale qui articule enseignement, prière et engagement.
Je me réjouis que l’arrivée des prêtres de Saint-Martin ait permis de concrétiser la mise en place d’un patronage dans le quartier populaire du Raquet.
La catéchèse des enfants en paroisse mobilise de nombreuses personnes dévouées et compétentes. Elle constitue un tremplin pour donner goût à l’engagement dans l’Église et la société, porté par les écoles et les mouvements catholiques.
Comme sur l’ensemble du diocèse, les propositions de catéchèse d’adultes à travers notamment le Parcours Alpha semblent susciter un réel intérêt. Elles constituent un des tremplins pour le catéchuménat.
En ce qui concerne le catéchuménat, j’ai été heureux de constater la diversité sociologique et culturelle des personnes dans toutes les paroisses. C’est une réalité que reflète l’ensemble de l’Église de notre diocèse et qui témoigne de la possibilité de liens de respect et de fraternité entre les hommes.
Encouragements :
Dans un monde en quête de sens, la catéchèse des jeunes comme des adultes est appelée à faire découvrir le Christ à travers les Écritures et la Tradition de l’Église et à former des disciples missionnaires capables de rendre compte de leur foi.
Pour la catéchèse des enfants, comme y travaille le service diocésain, il s’agit de poursuivre le lien avec les familles et les prêtres. Les parents ont à être aidés dans leur responsabilité d’éducateurs de la foi à travers l’initiation à la prière en famille et à la vie selon l’Évangile. Le travail de proximité réalisé au patronage avec les familles, en particulier les plus modestes, va en ce sens et mérite d’être poursuivi et valorisé.
La ville de Douai compte un nombre significatif de lycéens et d’étudiants qui méritent une attention particulière quant à l’évangélisation des intelligences et à la préparation aux choix de vie. Les prêtres et les laïcs qui sont en lien avec eux, ont à les encourager à prendre leur part dans l’annonce de l’Évangile notamment auprès des plus jeunes. Malgré l’écart d’un siècle et demi, ils peuvent s’inspirer de la figure locale du Père Jean-Baptiste Debrabant dont la vie était dévouée à l’éducation de la jeunesse avec la Congrégation des Sœurs de la Sainte Union qu’il avait fondée.
En ce qui concerne le catéchuménat, il s’agit de veiller à une vraie démarche communautaire. Les paroissiens ont à porter les catéchumènes dans leur prière et, ceux qui le peuvent, à participer à leur accompagnement pour leur faire vivre une expérience d’Église qui allie prière, formation et fraternité. Cela favorisera pour les catéchumènes l’initiation à la pratique dominicale et pour tous, parrains et paroissiens et animateurs, la fidélité au rythme vital du dimanche.
Par le baptême, nous sommes devenus des disciples missionnaires du Christ, « des sujets actifs de l’évangélisation » (Pape François Evangelii Gaudium, n.120). La mise en œuvre de cette mission est source de joie et de renouveau de la foi et elle suscite le désir d’approfondir la connaissance du Christ et de l’Église. Des formations telles les Parcours Alpha, méritent d’être proposées ; l’équipe diocésaine de la conversion missionnaire est disponible pour accompagner les initiatives d’évangélisation.
- Célébrer le Christ en Église
Découvertes :
Le miracle eucharistique du XIIIe siècle où le Christ s’est manifesté sous les traits d’un enfant, du crucifié et du ressuscité, résume la foi eucharistique de l’֤Église. Il est heureux que la mémoire de cet événement continue d’être honorée le jour de la Fête-Dieu notamment par la procession du Saint-Sacrement dans la ville. Depuis peu, l’adoration eucharistique est proposée chaque semaine d’une manière continuelle sur plusieurs jours, à la chapelle Saint-Amé de la collégiale Saint-Pierre.
J’ai eu l’occasion de célébrer l’eucharistie dominicale dans chaque paroisse. J’y ai rencontré des personnes qui veillent à ce que les églises soient accueillantes et ouvertes, mais aussi à ce que les liturgies soient bien préparées et animées.
La participation des jeunes notamment par le chant et la musique, mais également par le service de l’autel, peut être pour eux une initiation à la prière personnelle et pour toute la communauté une invitation à cultiver un climat familial de paix et de joie.
Pour les célébrations du baptême, du mariage et des funérailles, le nombre de prêtres et de diacres sur le doyenné offre la possibilité de vivre une collaboration effective entre eux et avec les laïcs et de témoigner de la complémentarité des vocations dans l’Église.
Encouragements :
La collégiale Saint-Pierre est aujourd’hui connue mondialement comme pèlerinage eucharistique à la suite de l’exposition virtuelle réalisée par le jeune Carlo Acutis, récemment canonisé. Elle confère aux chrétiens du doyenné une responsabilité particulière dans l’approfondissement de la foi eucharistique. L’adoration eucharistique, qui est un déploiement de la célébration, est un trésor que redécouvrent de nombreux chrétiens, notamment les plus jeunes. Les prêtres et leurs collaborateurs ont à l’intégrer dans leur vie spirituelle et dans les projets pastoraux. Ils ont au moins à soutenir l’adoration perpétuelle à la collégiale Saint-Pierre et les propositions plus périodiques dans les autres églises. J’encourage également les chrétiens du doyenné à faire de la célébration de la Fête-Dieu à la collégiale Saint-Pierre un des temps forts de l’année. Je veille moi-même à y participer chaque année et à y accueillir les chrétiens du diocèse et des régions avoisinantes.
Dans le contexte actuel de quête religieuse, il est bon de veiller à ce que les églises soient ouvertes le plus possible. Pour qu’elles demeurent un lieu de prière, il faut que nous soyons attentifs à respecter et à mettre en valeur l’autel et le tabernacle, ainsi que l’ambon, lieu de la proclamation de la Parole de Dieu. De même, tout au long de l’année liturgique, les équipes liturgiques et les différents groupes devraient garder à cœur d’y proposer des célébrations de la Parole, la Liturgie des Heures, mais aussi le chapelet et le chemin de la croix.
Cette attention à faire de nos églises des lieux de prière personnelle et communautaire, facilite le discernement pour des demandes culturelles dans le respect du caractère sacré des églises.
- Servir le Christ dans les frères
Découvertes :
La visite pastorale m’a permis de toucher du doigt la générosité et l’ingéniosité des personnes engagées individuellement ou collectivement au service du prochain, notamment des personnes fragiles et pauvres. Pour encourager la coordination des différentes activités, le Conseil de solidarité du doyenné a publié un annuaire des services Que puis-je faire pour toi ? À la suite du descriptif de chaque structure, sont indiqués les horaires d’accueil et les contacts possibles. Aux structures confessionnelles (Diaconia, Ordre de Malte, Patronage de la Sainte Famille, Petit déjeuner solidaire, Secours Catholique et Société Saint Vincent de Paul) se sont ajoutées plus d’une quinzaine de structures non-confessionnelles.
En ce qui concerne la pastorale de la santé, des chrétiens visitent les malades et les aînés, notamment au sein de l’aumônerie du centre hospitalier de Douai. C’est un lieu où peut se réfléchir l’accompagnement spirituel dans le contexte de l’hospitalisation et du maintien des aînés à domicile.
L’équipe d’aumônerie de la prison offre un beau visage d’Église par la participation d’un prêtre et d’un diacre aux côtés des laïcs.
Leur mission d’accompagnement humain et spirituel permet facilement d’initier une préparation aux sacrements.
Il existe également sur le doyenné des instances pour soutenir l’engagement chrétien dans les réalités socio-économiques, je pense au Mouvement des Chrétiens du Droit ou encore des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC).
Encouragements :
Dans notre société déchristianisée, les chrétiens sont amenés à rendre compte plus explicitement de leur foi dans le service des autres, en mettant en valeur les repères de l’Évangile. Ils ont avant tout à renforcer le lien entre prière et action caritative. Les deux nouvelles et jeunes figures de sainteté, Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, ont en commun l’enracinement dans l’eucharistie et le service du prochain, notamment du plus pauvre. Le travail de collaboration entamé avec l’ensemble des acteurs de la solidarité du doyenné est ainsi appelé à se poursuivre. Il s’agit encore d’organiser des temps de ressourcement spirituel à destination de ceux qui s’occupent des plus pauvres pour enraciner leur engagement dans la proximité avec le Christ.
Les chrétiens ont également à défendre la vie à travers le respect de la personne humaine et le soutien des familles. La préoccupation écologique passe par cet engagement, comme l’enseignait avec force le Pape François : « Tout est lié » (Encyclique Laudato Si, 2015, n.137s). Nous ne pouvons ainsi que nous réjouir des initiatives de mouvements et d’associations catholiques au service de la famille dans le doyenné et le diocèse.
La région de Douai garde le souvenir de la présence d’une communauté catholique anglaise qui y a trouvé refuge après le schisme anglican au XVIe siècle. Au cours des siècles, Douai devint pour les Anglais un centre universitaire de premier rang, les derniers moines bénédictins n’ont quitté la ville qu’au début du XXIe siècle. Des partenariats culturels se poursuivent soutenus par des associations et la ville de Douai. Je ne peux qu’encourager le doyenné à développer des liens avec les catholiques anglais pour garder la mémoire des prêtres martyrs formés à Douai et pour fortifier la foi au Christ, ciment d’unité et de paix entre les peuples. Comme chrétiens, nous avons à prendre notre part dans la vie associative et culturelle pour maintenir vivante la fierté des habitants du Douaisis et les ouvrir à la beauté et à la sagesse de l’Évangile, fondement de notre société.
Conclusion, servir la paix et l’unité
Le doyenné regroupe un territoire essentiellement urbain qui facilite les déplacements. Il possède également deux lieux de culte parmi les plus vastes du diocèse, la collégiale Saint-Pierre et l’église Notre-Dame-des-Mineurs. Le nombre de prêtres reste stable. Après le départ pour de nouvelles missions du P. Bernard Descarpentries, du P. Joseph Nguyen et de Don Pierre Bernard, sont arrivés le P. Felice Rossi, Don Louis-Marie Baraton, prêtre, et Don Bruno Gillier, diacre.
Ces repères concrets sont une invitation pressante à maintenir et à renforcer la collaboration concrète entre les quatre paroisses, notamment dans le domaine de la charité, de l'évangélisation et de la préparation aux sacrements. Je vous invite à travailler de concert à la mise en œuvre des recommandations concrètes contenues dans ce document et dont vous trouverez la synthèse ci-dessous. Don Emmanuel Rousselin, le nouveau doyen, saura relever le défi avec le soutien des prêtres, diacres et membres des équipes d’animation pastorale. Des paroissiens prient pour que le doyenné puisse accueillir à nouveau une communauté religieuse. Des personnes consacrées sur le doyenné témoignent de la fécondité de la charité du Christ par une vie donnée dans la prière et le service ; une communauté ne pourra que démultiplier cette fécondité.
Les chrétiens à travers l’Histoire ont contribué à faire de la région de Douai une terre d’accueil et d’échange entre les cultures. C’est un défi à relever à toute époque, notamment aujourd’hui par la venue de personnes d’horizons les plus divers pour les études et le travail, et par la présence plus importante de communautés musulmanes. Pour relever ce défi, les chrétiens peuvent s’appuyer sur le témoignage de saint John Southwort qui a été ordonné prêtre en 1619 à Douai et est mort en Angleterre pour la réconciliation entre anglicans et catholiques, ou encore plus près de nous, sur le témoignage de chrétiens au sein de l’Institution Saint-Jean ou de la Maison de l’Europe, engagés dès le lendemain de la deuxième guerre mondiale à la réconciliation franco-allemande.
En ce mois d’octobre dédié à la Vierge Marie et à la prière du rosaire, nous pouvons commencer par nous associer à la prière du Pape Léon pour la paix, comme lui-même y a insisté lors de l’audience du 24 septembre dernier : « […] je vous invite tous, chaque jour du prochain mois, à prier le Rosaire pour la paix, personnellement, en famille et en communauté ».
X Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai
Synthèse des recommandations concrètes de Mgr Dollmann
à la suite de la visite
Annoncer le Christ et former à la vie chrétienne
1/ Pour la catéchèse des enfants, poursuivre le lien avec les familles et les prêtres.
2/ Faire du catéchuménat une démarche qui allie prière, formation et fraternité en impliquant les paroissiens et en formant à la pratique dominicale.
3/ Travailler à la mission en proposant des formations telles que les parcours Alpha (si besoin avec l’équipe diocésaine de conversion missionnaire).
Célébrer le Christ en Église
4/ Intégrer l’adoration eucharistique aux projets pastoraux en soutenant l’adoration permanente et les temps d’adoration plus ponctuels.
5/ Faire de la célébration de la Fête-Dieu à la collégiale Saint-Pierre un temps fort d’année pour le doyenné.
6/ Faire en sorte que les églises soient ouvertes le plus possible et que des temps de prière y soient proposés (Liturgie des Heures, chapelet, etc.).
Servir le Christ dans les frères
7/ Travailler à renforcer le lien entre prière et action caritative.
8/ Poursuivre la collaboration entre les acteurs de la solidarité du doyenné, notamment par des temps de ressourcement spirituel commun.
9/ Prendre notre part dans la vie associative et culturelle, notamment en développant le lien avec les catholiques anglais.
Recommandation conclusive
10/ Maintenir et renforcer la collaboration concrète entre les quatre paroisses, notamment dans le domaine de la charité, de l'évangélisation et de la préparation aux sacrements.