Noël : Homélie messe du jour

Apprenons l’humble fidélité à nos missions

 

En venant adorer le Seigneur qui nous a rejoints dans le dénuement et la fragilité, nous sommes mis en face de la fragilité de notre propre existence.

En nous approchant de la crèche, nous sommes renvoyés au paradoxe de notre condition humaine. D’un côté, nous ressentons un immense désir de paix et de bonheur et de l’autre nous ne cessons de nous enliser dans des situations de division et de conflit.

Face à cette situation complexe où les gestes de paix cohabitent avec les attitudes d’exclusion et d’égoïsme, il nous faut reconnaître combien la paix et la joie ne peuvent venir uniquement de la main des hommes. Déjà le psalmiste chantait : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs ».

Au cœur de la nuit et de l’aridité du monde, le besoin de lumière et de vie ne fait que grandir en nous. Au cœur de ce monde, aujourd’hui comme il y a 2000 ans, la réponse que Dieu nous donne est celle de l’Enfant de Bethléem. Dieu est là, petit et faible ! Il nous tend les bras, il nous regarde avec les yeux d’un enfant !

Dieu Enfant : c’est la réponse déroutante à nos recherches de paix et de joie. Lui seul peut nous les offrir non pas comme un père Noël ou un magicien, mais comme un père qui aime ses enfants et les accompagne sur le chemin de leur vie.

La fragilité et la petitesse de l’Enfant Dieu viennent éveiller notre responsabilité, jeune ou adulte, à l’égard de la vie et du bonheur dans le monde. L’attention les uns aux autres, dans un esprit d’humilité ouvre les cœurs à la paix et à la joie, même de ceux qui semblent submergés par la souffrance.

Mon cœur d’évêque est en fête aujourd’hui en pensant aux migrants irakiens et iraniens que j’ai rencontrés vendredi dernier dans un centre d’accueil du département. Certains se sont manifestés comme chrétiens et j’ai eu la promesse que des paroissiens étaient prêts à les véhiculer pour qu’ils puissent participer aux célébrations de Noël.

 

Le Christ, Parole faite chair n’a pas eu recours à des procédés pour impressionner ou pour séduire. La fécondité de sa Parole vient de son témoignage de vie ; le Christ a toujours pratiqué ce qu’il a enseigné. Cette fécondité vient encore de sa fidélité à la mission reçue du Père, il pourra ainsi affirmer sur la croix : « tout est accompli ». Le Christ en sa nativité vient nous réconcilier avec nos engagements et nos choix de vie et nous apprendre la fidélité. Admirateur de Jean-Paul II, je garderai le souvenir de sa ténacité à vivre son ministère jusqu’au bout. J’ai été bouleversé par un récent témoignage d’un de ses collaborateurs. Vous vous rappelez peut-être que le dernier mercredi avant sa mort, le Pape s’était montré à la fenêtre de ses appartements. Il n’a pas réussi à dire une parole, il a seulement tracé avec sa main un signe de Croix qui fut son testament, son salut au monde auquel il a porté l’amour de Dieu en Jésus. Malgré son entrée en agonie, le Pape a su braver la réticence de ceux qui l’assistaient pour poursuivre sa mission.

Si nous voulons que Noël ne soit pas une simple parenthèse, un moment de rêve, demandons à Dieu la grâce de la fidélité à nos engagements. Il en va de la paix et de la joie dans nos vies et dans le monde. Nous sommes assurés de sa présence et de son soutien. C’est pour cela que les moments décisifs de nos existences, la naissance, le mariage ou le ministère de prêtre sont scellés par des sacrements, des lieux où Dieu envoie son Fils et intervient par son Esprit.

Frères et sœurs, venez, ne restons pas à l’émerveillement passager devant l’Enfant Dieu à la crèche, mais célébrons maintenant sa venue dans le sacrement de l’eucharistie.

Venez, laissons-le habiter dans nos vies. Lui seul peut nous guérir de nos peurs et de nos péchés, lui seul peut nous garder dans la fidélité à nos engagements au service de sa lumière et de sa vie qui ne s’éteindront jamais.

 

 

Article publié par communication Service • Publié le Jeudi 27 décembre 2018 • 926 visites

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