Relire les événements sous le regard de Dieu
Comme tous ceux qui ont repris le chemin des études et du travail, nous vivons un début d’année pastorale particulier. Il ne nous permettra pas de tourner la page par rapport à la pandémie de coronavirus, puisqu’il est toujours actif. Avec l’ensemble des citoyens, il nous faut trouver le juste équilibre entre le respect des normes sanitaires et la reprise des activités. Mais, comme chrétiens, nous avons à aborder cette pandémie qui touche l’humanité dans sa chair, en nous laissant éclairer par la Parole de Dieu et guider par l’Esprit-Saint.
Dès la fin du confinement, le Père Mathieu Dervaux nous a proposé quelques pistes pour relire ces événements dans la foi. A travers les courriers et les rencontres, j’ai déjà pu recueillir quelques points d’attention qui ont émergé de cette relecture : l’attention à l’intériorité et à la prière, le soutien précieux de relations simples en famille, les liens entretenus grâce aux réseaux sociaux, l’estime de tous les métiers même les plus humbles et l’engagement renouvelé pour la sauvegarde de la création. Cette phase de relecture n’est pas achevée, il nous faut encore l’approfondir dans nos lieux de rencontre et prendre du temps pour nous arrêter sur un ou deux aspects que nous pourrions mettre en œuvre dans nos paroisses, nos services et nos mouvements.
La relecture fait partie de la tradition spirituelle de l’Eglise ; nous la connaissons à travers la prière du soir, notamment les Complies pour ceux qui prient le bréviaire. Celles-ci prévoient une relecture de la journée, en action de grâces pour la croissance du Règne de Dieu en nous et autour de nous, et en demande de pardon pour tous nos manquements et nos péchés. Ce temps se poursuit par un psaume, une brève lecture des Ecritures, le Cantique de Syméon et un chant à la Vierge Marie.
Avec la Vierge Marie comme modèle et soutien, il est ainsi bon de relire seul ou dans nos lieux d’engagement chrétien, les événements que nous avons vécus et que nous vivons encore dans le contexte de cette grave crise sanitaire et économique. Nous pourrons alors comme la Vierge Marie renouveler notre fidélité au Christ et nous trouverons les moyens pour témoigner de l’Evangile au cœur des événements actuels.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai
A la fin de la journée, les chrétiens du monde entier s’en remettent à la Vierge Marie. Elle-même a vécu la fidélité à sa mission de mère et de disciple de Jésus en reprenant sans cesse les événements de sa vie à la lumière du plan de salut de Dieu. A deux reprises, l’évangéliste saint Luc indique : « Quant à Marie, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19, naissance de Jésus ; Lc 2,51, Jésus au Temple). Tandis que les autres « s’étonnaient » de ce qui se passait à la naissance de Jésus et qu’ils restaient à la superficialité des choses, Marie accueillait les événements en y scrutant les signes du salut, le travail de l’Esprit-Saint qui agit au cœur du monde malgré les apparences.
Le verbe « méditer » signifie « s’entretenir », « se rencontrer » avec la notion de lutte ; il s’agit d’un vrai dialogue intérieur avec le Seigneur. Marie confrontait les événements de sa vie à la Parole de Dieu, elle interrogeait Dieu pour se laisser éclairer par l’Esprit qu’elle avait accueilli à l’Annonciation. Elle gardait la Parole de Dieu « comme une lampe pour ses pas » (Ps118), pour éclairer les événements dont elle était témoin et pour oser les choix en fidélité à Dieu. Par ce travail de mémoire, la Vierge Marie a vécu dans l’obéissance concrète à Dieu. Sa visite à la cousine Elisabeth montre combien chaque geste de sa vie était l’occasion de vivre concrètement sa mission de servante du Seigneur. La réponse de Marie à l’Ange Gabriel, « Qu’il m’advienne selon ta Parole » (Lc 1,38), était la prière continuelle de confiance qui permit à Marie le vendredi-saint, de tenir debout dans la foi et de témoigner de l’espérance du matin de Pâques.