Tous frères, un fait Tous saints, un appel

Édito de novembre 2020

 

Tous frères, un fait

Tous saints, un appel

L’enseignement du Pape François sur la fraternité et l’amitié sociale vient soutenir les hommes de bonne volonté qui œuvrent sur la base de la Déclaration universelle des droits de l’homme[i]. Il est également une occasion pour les chrétiens de réveiller en eux le désir de la sainteté dont l’amour de Dieu et des frères trace le chemin.

La sainteté un don de l’Esprit Saint

La sainteté, c’est l’œuvre de l’Esprit-Saint qui nous rétablit dans la dignité de fils de Dieu et nous donne part à la vie de Jésus ressuscité. Si au commencement, l’homme a été créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, il a brisé ce lien par le péché originel. Son cœur n'était plus porté naturellement vers Dieu. Seul l’Esprit-Saint pouvait purifier et renouveler ce cœur. Cet Esprit, Jésus nous l’a obtenu par sa mort et sa résurrection et nous le recevons réellement et concrètement au baptême[ii].

Ainsi pour grandir en sainteté, il n’y a pas tant à compter sur ses propres forces qu’à laisser l’Esprit-Saint nous guider et nous soutenir. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus en a pris conscience en découvrant pour la première fois le fonctionnement d’un ascenseur lors de son pèlerinage à Rome. Elle avait compris qu’il n’y avait pas à gravir la montagne de la perfection, mais à entrer dans l’ascenseur de l’amour, que sont les bras de Jésus.

La sainteté un don universel

Le baptême des petits enfants souligne le fait que tous, même les plus petits ont accès à la sainteté. L’Eglise à travers l’Histoire n’a pas hésité à honorer des figures très jeunes. Je pense à sainte Agnès, martyre à 12 ans, au début du 4ème siècle. Sa sainteté n’est liée à aucun exploit, mais à son ardent amour pour le Christ auquel elle voulait consacrer totalement sa vie. Aujourd’hui encore, l’Eglise lui offre une place de choix en la nommant dans la 1ère prière eucharistique, aux côtés des apôtres et des grands saints de Rome. Cette lignée des jeunes saints se poursuit avec la récente béatification de Carlos Acutis, mort d’une leucémie foudroyante en 2006, à 15 ans. Dès sa Première Communion, il n’a jamais manqué le rendez-vous quotidien à la messe où il puisait le zèle pour témoigner du Christ par les moyens modernes de communication, notamment les réseaux sociaux. A travers ces jeunes, nous percevons mieux l’attention que le Pape François nous invite à porter « aux saints de la porte à côté » (Gaudete et exsultate, n.7) et l’appel du Christ à désirer la sainteté pour nous.

La sainteté pour la vie ordinaire

La sainteté est à accueillir dans la vie de tous les jours, dans les petites et les grandes difficultés, dans le dépouillement de toute agressivité et violence, mais aussi dans le choix d’une vie mieux marquée par la charité. Celle-ci constitue le principe de notre sanctification dont la dynamique, selon le Pape François, consiste en « une ouverture croissante, une plus grande capacité à accueillir les autres » (Fratelli Tutti, n. 95).  Déjà au 5ème siècle, Isaac le Syrien n’hésitait pas à écrire : « Laisse-toi persécuter, mais toi ne persécute pas. Laisse-toi crucifier, mais toi ne crucifie pas. Laisse-toi outrager, mais toi n’outrage pas » (Œuvres spirituelles : les 86 discours ascétiques).

La sainteté, l’avant-goût du ciel

La sainteté se manifeste par un attachement toujours plus profond au Christ. Comme pour saint Pierre, il nous pose la question : « Pour toi qui suis-je ? » ; et il la renouvelle en demandant : « M’aimes-tu ? ». Le Christ nous invite non seulement à mettre notre zèle au service de la mission, mais à nous laisser conduire par lui, comme notre maître et notre ami. Nous serons alors sûrs d’arriver à la cité du ciel où « nos frères les saints déjà rassemblés, chantent sans fin la louange de Dieu » (Préface de la Toussaint).

               +  Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

 

[i] « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité » Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948, Art 1.

[ii] « Maintenant le Baptême vous sauve. Être baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ qui est à la droite de Dieu » 1P 3,21-22 

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Mardi 17 novembre 2020 • 966 visites

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