Une éducation pour l'alliance entre l'humanité et l'environnement

Edito d'Octobre 2020

Une éducation pour l’alliance entre l’humanité et l’environnement

(Pape François, Encyclique Laudato si, 24 mai 2015, n.209)

 

La crise sanitaire actuelle pourrait faire baisser l’attention à l’engagement pour la sauvegarde de la création, comme si l’urgence sanitaire et économique mettait tout en veille. La crise interroge en réalité le rapport de l’homme à la création et l’idéologie prédominante du progrès. Dans ce processus de conversion écologique, l’éducation peut jouer un rôle décisif en intégrant les repères développés par le Pape François. J’en relève au moins trois : estimer l’intériorité et la prière, porter le souci de la communion entre les chrétiens et entre les hommes et, vivre avec plus d’audace la solidarité et la sobriété.

 

1- A l’heure d’une éducation de plus en plus spécialisée et compartimentée, l’appel se fait pressant à trouver des espaces pour prendre du recul et interroger le sens de l’accumulation des connaissances. Le Livre du Deutéronome utilise l’expression « un cœur pour connaître » (Dt 29,3) et souligne par là qu’il n’y a pas de vraie connaissance sans une conversion du cœur.

Si l’enseignement sur la sauvegarde de la création a besoin en amont de la lumière de la foi, il doit en aval pouvoir se concrétiser par des actes. Le Pape François n’hésite pas à donner des exemples concrets tirés de la vie quotidienne (Laudato si, n. 211). Aux côtés des paroisses, les écoles peuvent trouver un vrai dynamisme en intégrant ces pistes de conversion écologique dans leur projet éducatif. 

 

2- Le souci de la planète passe par celui de la maison commune où chaque homme doit pouvoir trouver sa place, le pauvre comme le riche, le jeune comme l’aîné. Cela interroge d’abord les instances de l’éducation : la famille comme premier et principal lieu d’éducation (Cf. Vatican II Déclaration sur l’éducation chrétienne, n.3), et plus largement les différents lieux de vie, l’école, la communauté chrétienne et les associations, dans leurs multiples collaborations. Ces liens sont essentiels pour soutenir une éducation intégrale prenant en compte toutes les dimensions de la personne, mais aussi une éducation inclusive permettant à toute personne d’accéder aux connaissances et de prendre sa part pour relever les défis de l’humanité.

A côté de ces repères structurels, j’aimerais souligner la richesse pour l’éducation de l’intergénérationnel, si cher au Pape François (Christus vivit, n.192-193).

 

3- L’éducation peut favoriser la conversion écologique que le Saint-Père décrit comme une conversion intérieure ouvrant à une solidarité effective entre les personnes et à une sobriété de vie. Il s’agit d’opérer un changement de paradigmes, notamment ceux du consumérisme et de l’individualisme. Le défi est de taille ! Il vient remettre en question des repères éducatifs qui restent ancrés dans les pratiques : ceux de la compétition et de la performance, de la réussite scolaire individuelle. Mais l’éducation inspirée des repères de l’Evangile a toujours cherché à corriger cela par l’accompagnement centré sur la personne et la valorisation des talents ainsi que par l’ouverture à la solidarité et au service de la vie. Dans le contexte actuel de crise, ces repères apparaissent d’une pertinence renouvelée. Déjà en 1971, le Pape Paul VI n’hésitait pas à parler des conséquences dramatiques pour la création, de l’activité économique sans contrôle de l’être humain (Lettre apostolique, Octogesima adveniens, 14 mai 1971).

Dans son engagement pour le service de la création, l’éducation peut s’appuyer sur les expériences de l’approche intégrale et inclusive et ainsi développer les paradigmes de la fraternité entre les hommes et de la sobriété joyeuse qui sont inscrits dans le message de l’évangile du Christ.

   + Vincent Dollmann

 Archevêque de Cambrai

 

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Samedi 17 octobre 2020 • 939 visites

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