Message aux habitants en fin de visite pastorale

Malgré le contexte sanitaire, le doyen, avec les prêtres et l’ensemble des collaborateurs, a fait œuvre de créativité pour rendre possible ma visite pastorale. Depuis mi-novembre 2020, je vous ai rejoint pour des célébrations et des échanges individuels, en famille ou en petit groupe. J’ai rencontré les habitants dans la diversité de leurs situations sociales ou professionnelles, jeunes et aînés, malades et bien-portants, élus et membres d’associations, employés et chefs d’entreprise, demandeurs d’asile et habitants de souche.

  • Retour sur ma visite pastorale

 

  • Étapes marquantes de la visite : un appel à aimer l’Eglise

La messe d’inauguration à Onnaing animée par l’ensemble musical des scouts et retransmise sur les réseaux sociaux. J’étais entouré par les prêtres du doyenné, les diacres et quelques laïcs. Malgré l’assemblée restreinte à cause du confinement, nous sentions combien nous pouvons rester réellement unis par la prière. Mais cette situation appelle à creuser en nous le désir plus profond de nous retrouver dans nos églises.

Les célébrations de l’Appel décisif le samedi 20 février et le dimanche 21 février à Onnaing. La venue des 62 catéchumènes, la plupart des jeunes adultes, fut un formidable encouragement pour l’ensemble des chrétiens du doyenné à oser vivre et témoigner de leur foi en Jésus Christ.

Annonce de la nomination à l’épiscopat du Père Marc Beaumont. Sa disponibilité à l’appel du Seigneur pour partir au service d’une autre Eglise renvoie chacun de nous à notre connaissance et à notre amour de l’Eglise en France et dans le monde.

 

  • Visite de personnes engagées dans les différents secteurs de la société : apprendre à rendre compte de la foi au Christ mort et ressuscité pour l’humanité

 

Des rencontres ont été organisées avec les personnes travaillant en entreprise, cadres et ouvriers, avec les élus locaux et les personnes engagées dans la protection de l’environnement au niveau du Parc régional ou des initiatives citoyennes comme à Raismes-Sabatier. Ces échanges ont renforcé ma conviction que la foi au Christ est une source d’inspiration et de soutien dans le domaine politique et économique. Le contexte d’incertitude lié à la pandémie presse les chrétiens à mieux connaître la doctrine sociale de l’Eglise en prenant appui sur les textes des Papes, de l’encyclique Rerum Novarum de 1891 sur la condition ouvrière, à Fratelli Tutti de 2020 sur la fraternité entre les hommes. Le Service des formations et les Mouvements professionnels ou de l’Action Catholique permettent une bonne formation en ce domaine.

Grâce aux membres du Secours Catholique ou d’associations comme Espoir à Escaupont, j’ai rencontré des personnes en situation de précarité ; et grâce aux prêtres, notamment nos aînés, j’ai pu visiter des personnes malades ou âgées. Ces visites interpellent notre espérance en l’accueil de la vie de Jésus ressuscité sur laquelle le mal et la mort n’ont plus de prise : en vivons-nous ? Sommes-nous disposés à en rendre compte ?

Les réalités culturelles n’ont pas été oubliées à travers des rencontres d’artistes et de passionnés d’histoire locale, mais aussi à travers des visites de sites. Là encore, par notre foi en Jésus qui a renouvelé toute chose par sa mort et sa résurrection, nous avons à collaborer avec ceux qui œuvrent pour que la bonté et la beauté demeurent au cœur de la vie civile et ecclésiale.

 

  • Des pistes concrètes pour la vie de l’Eglise dans le doyenné des Marches du Hainaut

 

  • Le service de la prière

J’encourage là où c’est possible à maintenir les églises ouvertes et même à ouvrir celles qui ne le sont pas. La sécurité des églises est assurée si elles sont ouvertes et fréquentées, et non si elles restent fermées et délaissées ! Ce sont d’abord des lieux de prière personnelle et ecclésiale. L’attention à la beauté et à la propreté du lieu participe à l’évangélisation des cœurs.

Soyons particulièrement attentifs au tabernacle où le Saint-Sacrement est déposé, à l’autel représentant le Christ qui s’est offert sur la croix pour le salut des hommes et à l’ambon où est proclamée la Parole de Dieu qui veut nous éclairer et nous fortifier. A côté des célébrations des sacrements et des funérailles, il est heureux que des temps de prière soient organisés lors des temps liturgiques et de catéchisme.

Pour les eucharisties du dimanche, il est urgent d’instaurer à côté d’un roulement entre les églises, un horaire et un lieu fixes dans l’une ou l’autre église du doyenné, par paroisse comme le demande l'article 35 du concile provincial.

Les églises sont également des lieux de rencontre. Tout en veillant à respecter leur caractère sacré, rien n’empêche que des rencontres de catéchèse et de formation puissent s’y tenir comme cela a été expérimenté depuis la pandémie de la Covid-19.

 

  • L’annonce de la foi

L’appel décisif des catéchumènes du diocèse qui s’est tenu dans le doyenné est un encouragement à soigner le catéchuménat. Il serait heureux que des groupes de personnes accompagnant un ou plusieurs catéchumènes se multiplient. Je rêve de petites cellules chrétiennes composées de personnes de différentes générations et origines sociales. Elles pourraient continuer au-delà du baptême et ainsi soutenir et favoriser l’intégration des nouveaux baptisés à la vie paroissiale et diocésaine.

En ce qui concerne le catéchisme des enfants et des jeunes ou la préparation au sacrement du mariage, l’adaptation aux normes sanitaires a mené à l’organisation de rencontres dans les églises. Cette expérience est à poursuivre : elle permet de maintenir ensemble le catéchisme et la prière communautaire et de faire participer davantage les parents dans l’éducation chrétienne de leurs enfants.

La préparation aux sacrements devra être davantage personnalisée en fonction de la variété des parcours et du soutien spirituel de l’entourage. En s’appuyant sur les familles comme le préconise le Service diocésain (SIC), il s’agit également de valoriser toutes les institutions d’Eglise, notamment les Ecoles catholiques et les Mouvements pour qu’en leur sein, des enfants et des jeunes soient préparés aux sacrements.

Les équipes solidarité quartiers offrent à des personnes en situation de précarité de s’entraider, d’approcher et d’approfondir la foi au Christ et de participer à la vie ecclésiale. Privées de rencontres depuis des mois en raison de la pandémie, c’est l’occasion de les aider à se relancer et de susciter de nouvelles équipes. Suivies au niveau diocésain notamment par Mme Nadège Dhaussy et le Père Hervé Desprez, ces équipes méritent une attention particulière pour que toute personne accède à l’espérance chrétienne dans un contexte où la pauvreté matérielle et humaine risque de s’accentuer.

L’annonce de la foi qui est une des urgences dans notre société en quête de repères, devrait se concrétiser au niveau du doyenné par un ou deux projets missionnaires qui fédèreraient l’ensemble des paroisses (formations, équipes missionnaires, cours alpha, célébrations en lien avec les journées mondiales de prière pour la vie consacrée ou les vocations, le monde des malades ou des pauvres…).

 

  • Le service de la charité et de la solidarité

Face à des manifestations d’égoïsme et de rejet parfois violentes dans notre société, nous sommes témoins d’élans de solidarité chez des personnes d’âge et de condition sociale les plus divers. Comme chrétiens, c’est un encouragement à demeurer fidèles au commandement de l’amour que le Christ nous a laissé en testament, à travers nos engagements personnels et communautaires. Les chrétiens qui sont engagés dans les associations laïques témoignent de leur foi par leur fidélité et leur joie de servir tous les hommes et tout l’homme. Ceux qui participent aux structures caritatives propres à l’Eglise, peuvent témoigner plus explicitement de leur attachement au Christ qui a sauvé le monde par son amour. En témoigner, c’est respecter les personnes aidées qui ont droit de savoir à qui nous appartenons et d’accéder à leur tour à la vie du Christ ressuscité.

J’encourage les chrétiens engagés dans les diverses structures de solidarité à porter le souci des relations personnelles et gratuites quelles que soient les missions et les projets de ces structures et à encourager les habitants à développer des liens de proximité. Au-delà des aides matérielles, les personnes fragiles sont sensibles à la reconnaissance et aux relations humaines.

En ce qui concerne les personnes malades, la communauté doit garder à cœur qu’elles soient visitées et partie prenante de la vie de leur paroisse. A ceux qui portent la Sainte Communion aux malades, je voudrais rappeler que c’est une mission d’Eglise ; elle demande un attachement au Christ eucharistie et une attention particulière à ce que la démarche soit faite dignement. Le Corps du Christ doit être déposé dans une custode et porté aux personnes dans le prolongement d’une célébration. Il n’est pas permis de garder la Sainte Communion à domicile.

Quant à l’immobilier constitué par les églises, les presbytères diocésains et les salles paroissiales, il faut toujours se rappeler qu’il doit être géré pour le bien et la croissance de la communauté chrétienne. Le contexte économique plus difficile nous impose des choix. Nous ne pouvons plus nous permettre d’entretenir tous les bâtiments. A partir de la rentrée pastorale en septembre 2021, l’équipe pastorale et les conseils économiques voudront bien se mettre en lien avec l’économat diocésain pour évaluer la gestion de l’immobilier. Il faudra arriver durant l’année pastorale à prendre en compte les besoins réels, retenir un ou deux projets pastoraux et vérifier les possibilités financières.

 

  • Pour un renouvellement de l’élan missionnaire

 

  • Faire mémoire des témoins de la foi

Le regard sur le passé nous rappelle que l’Eglise existe pour annoncer et faire aimer le Christ. Aucune vocation n’en est dispensée comme nous le rappellent les figures de sainteté qui ont œuvré dans la région : au 7ème siècle, sainte Pharaïlde qui vécut comme épouse à Bruay, saint Landelin qui fonda l’Abbaye de Crespin, et saint Wasnon qui acheva sa vie d’ évêque missionnaire à Condé ; au 12ème siècle, saint Druon qui distribua ses richesses pour vivre en ermite à Sebourg et saint Aybert qui quitta sa carrière militaire pour un ermitage à Crespin ; au 18ème siècle, les Bienheureuses religieuses Marie Ursule Bourla et Marie Louise Ducret, originaires de Condé, qui furent guillotinées lors de la Révolution française par haine de la foi.

 

  • Vivre de l’espérance

La mémoire des saints à travers l’Histoire nous permet d’appréhender les peurs et les interrogations actuelles face à la crise sanitaire et économique mondiale.  Il nous faut surtout apprendre à puiser à la source de l’espérance chrétienne en la vie de Dieu, victorieuse du mal et de la mort.

 

Cette espérance devrait se traduire concrètement par la confiance en l’avenir de la vie chrétienne et la joie de vivre de nouvelles étapes. Depuis la nomination de Mgr Marc Beaumont le 29 mars, le Père Charles Nkourissa a été nommé curé modérateur de la paroisse Saint-François en Val d’Escaut et curé in solidum des autres paroisses du doyenné, le Père Hervé Desprez a été nommé curé modérateur de la paroisse Saint-Jacques en Val d’Escaut et curé in solidum des autres paroisses du doyenné. Le Père Dominique Foyer a accepté d’assurer la mission pour l’animation de l’équipe pastorale du doyenné et le Père Hervé Desprez a accepté de prendre en charge la paroisse Sainte-Maria Goretti du Hainaut jusqu'au 1er septembre. A partir de cette date, le Père François Triquet assurera la mission de doyen et de curé modérateur de la paroisse Sainte-Maria Goretti et de curé in solidum des autres paroisses du doyenné.

Avec l’assistante de doyenné, Mme Catherine Malin-Fréhaut, les trois prêtres formeront l’équipe pastorale pour assurer la mission de l’Eglise au niveau du doyenné. Ils se répartiront le suivi des mouvements, des services et des institutions scolaires, caritatives et pénitentiaires, et ils initieront un ou deux projets missionnaires. L’équipe pourra compter sur les prêtres aînés, les Pères

Jean-Pierre Guinet, Michel Humez et Jean-Paul Jette, ainsi que des deux diacres permanents, Messieurs Philippe Dekoker et Jean-Michel Szafran.

Le doyenné aura malheureusement vu partir pour raison d’âge les Sœurs de l’Unité qui résidaient à Quiévrechain. La Supérieure générale Sœur Claire-Marie fait face à l’épreuve de la maladie. Soucieux de la poursuite d’une présence de la

vie consacrée dans cette partie du diocèse, j’ai fait appel aux Sœurs Missionnaires de Marie Reine du Monde qui quitteront Fourmies en septembre prochain pour rejoindre Curgies. A côté de l’animation spirituelle du pèlerinage à sainte Rita, elles sont également disponibles pour le service du doyenné.

 

En conclusion 

En cette année jubilaire dédiée à saint Joseph et aux familles, je prie le Père nourricier de Jésus de veiller sur nos familles et sur les communautés chrétiennes des Marches du Hainaut. Puissent nos communautés refléter toujours davantage le visage d’une famille où chaque génération trouve sa place et où chaque charisme puisse se déployer au service du Royaume de Dieu. Je fais mien le souhait du Pape François dans sa Lettre annonçant le jubilé à saint Joseph : « Il ne reste qu’à implorer de saint Joseph la grâce des grâces : notre conversion. Nous lui adressons notre prière :

Salut, gardien du Rédempteur,
époux de la Vierge Marie.
À toi Dieu a confié son Fils ;
en toi Marie a remis sa confiance ;
avec toi le Christ est devenu homme.

O bienheureux Joseph,
montre-toi aussi un père pour nous,
et conduis-nous sur le chemin de la vie.
Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,
et défends-nous de tout mal. Amen »    
(Lettre apostolique Patris Corde, 8 décembre 2020).

 

 

+ Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

 

Article publié par Service communication • Publié le Dimanche 30 mai 2021 • 903 visites

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