En vue du Synode de 2023
Entrer dans une expérience spirituelle et missionnaire
En ce mois d’octobre s’ouvre la première étape en vue du Synode des évêques qui se tient dans chaque diocèse du monde entier jusqu’au mois de mars prochain. Je remercie Madame Myriam Segond, Monsieur Fabrice Gambier et le Père Bertrand Estienne d’avoir accepté de conduire sa mise en œuvre. Le document préparatoire a comme titre « Pour une Église synodale : la communion, la participation et la mission* ». La communion caractérise l’identité de l’Église, ainsi nous proclamons dans le Symbole des apôtres : « Je crois à la Sainte Église catholique, à la communion des saints ». Ces deux articles sont à rapprocher, ils disent ce qu’est l’Église. Quant à la participation, elle désigne la mise en œuvre de son identité. Et pour ce qui est de la mission, nous rappelons que la raison d’être de l’Église, c’est servir l’évangile du Christ.
L’Église est Communion
L’Église est le lieu où le Christ offre la communion à la vie divine d’une manière concrète et totale. Celle-ci se réalise d’abord par la communion des biens : la foi, les sacrements, les charismes, sans oublier les ressources matérielles. Il y a également la communion des personnes en pèlerinage sur cette terre, en route vers le ciel après leur mort ou déjà entrées dans la gloire de Dieu. La reconnaissance de l’Église comme communion donne une place centrale à l’eucharistie qui permet la communion au corps et au sang du Christ et qui régénère ainsi la communion ecclésiale. La dernière encyclique que le Pape Jean-Paul II nous a laissée, en 2003, s’intitule : « l’Église vit de l’eucharistie ».
Notons encore que le terme communion s’applique à trois réalités fondamentales qu’il nous faut tenir ensemble : Dieu Trinité, Communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; l’Église, communion entre Dieu et les hommes et l’eucharistie don et germe de cette communion.
Ainsi, en participant à la réflexion sur une Église synodale et à sa mise en œuvre, nous avons à nous interroger sur notre attachement à Dieu, à l’Église et au sacrement de l’eucharistie.
L’Église se construit à travers la participation de chacun de ses membres
Au moment de l’onction du Saint-Chrême au baptême, qui signifie le don de l’Esprit Saint et annonce la Confirmation, le célébrant dit : « Désormais, tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi ». Tout en soulignant la dignité du baptisé, ces trois titres indiquent également les exigences qui en découlent. Le baptisé est prêtre en ce sens qu’il est appelé à garder une relation vivante à Dieu par la prière et l’offrande de toute sa vie. Il est prophète, c’est-à-dire appelé à rendre témoignage à la Parole de Dieu en paroles et en actes. Il est roi en vivant les responsabilités et les engagements dans l’esprit du Christ serviteur. L’important est de tenir ensemble ces trois missions, personnellement et communautairement.
Ce temps de préparation du synode peut ainsi relancer notre participation à la vie et à la mission de l’Église en devenant des relais auprès de ceux qui s’en sont éloignés ou qui n’ont pas encore pris conscience de la dignité et de la responsabilité liées au baptême.
L’Église est faite pour la mission : annoncer et servir le Christ dans le monde
En écho à l’affirmation de l’apôtre Paul, « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile » (1Co 9, 16), les derniers papes n’ont cessé d’inviter les chrétiens à porter à cœur cette mission. Paul VI et François en ont fait l’objet d’un enseignement, développant respectivement « l’annonce de l’Évangile** » et « la joie de l’Évangile*** ». Jean-Paul II et Benoît XVI ont parlé de la « nouvelle évangélisation », l’évangélisation qui s’adresse non seulement à ceux qui ne connaissent pas le Christ, mais également aux baptisés. Des propositions d’évangélisation ne manquent pas, en témoigne l’initiative du congrès mission à Lille, véritable forum d’échanges sur les expériences de mission.
L’annonce de l’Évangile du Christ ne se limite cependant pas à des initiatives pastorales. Elle a sa source dans notre attachement au Christ qui s’exprime à la suite de l’apôtre Paul, par la joie d’être au Christ et le souci du salut des hommes.
Je souhaite à chaque baptisé de vivre ce temps de préparation au Synode des évêques avec joie et espérance. Par le baptême, nous sommes devenus des disciples missionnaires du Christ et chacun, comme le souligne le Pape François, « […] quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation » (Evangelii Gaudium, n.120).
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai
** Paul VI, Exhortation Apostolique Evangeli Nuntiandi, l’annonce de l’Évangile, 1975 ; *** François, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, la Joie de l’Évangile, 2013).