Joseph et Richard vous avez choisi comme lectures de votre ordination, celles de la fête des saints apôtres Pierre et Paul que l’Eglise a honorés hier. Depuis la dernière réforme liturgique en 1970, elle a réuni à nouveau ces deux figures dans une même fête. Au-delà des différences quant à l’origine sociale et au tempérament, l’Eglise voulait ainsi souligner qu’une même mission les unit, celle d’apôtres. Les deux ont été chargés par le Christ Jésus d’annoncer son Evangile et de veiller sur les communautés chrétiennes.
Dans l’Evangile de la profession de foi de Pierre, Jésus évoque l’image des clefs du Royaume qui fait allusion dans le judaïsme à l’interprétation de la Loi. Pierre est ainsi établi serviteur de l’Evangile et garant de son interprétation.
Mais Jésus lui confie encore à la mission de lier et de délier, qui signifiait dans le judaïsme « exclure ou réintroduire dans la communauté ». Pierre est ainsi établi au service de la conduite et de l’unité du Peuple de Dieu.
Ce service de l’annonce de l’évangile et de l’unité de l’Eglise, Pierre l’a partagé avec Paul. Les deux sont ainsi vénérés ensemble comme apôtres ; « l’un et l’autre, proclame la Préface de leur fête, ont travaillé chacun selon sa grâce, à rassembler l’unique famille du Christ ».
Vous aussi Richard et Joseph, même si vos origines culturelles et sociales vous séparent, vous êtes unis comme baptisés par une dignité indépassable, celle de disciple du Christ. Et même si vos parcours de formation diffèrent, vous serez unis comme prêtres au ministère apostolique des saints Pierre et Paul et de leurs successeurs les évêques.
A l’exemple des saints apôtres, vous aurez à lier étroitement l’annonce du Christ au monde et le service des communautés chrétiennes.
Comme pour Pierre et Paul, cette articulation n’est pas exempte de tensions. Elle est mise à mal par le cantonnement de la foi dans la sphère privée et l’absolutisation des droits individuels. Ces courants traversent nos communautés et nos cœurs, et peuvent se manifester subtilement à travers les concurrences entre les groupes spirituels et les communautés paroissiales, ou encore, entre les tenants de l’évangélisation et les responsables des structures ecclésiales.
De telles concurrences voire tensions ne sont pas tenables, elles fragilisent l’accueil du Christ ressuscité dans le monde d’aujourd’hui.
Si les apôtres Pierre et Paul nous pressent, évêque, prêtres, et l’ensemble des baptisés à tenir ensemble annonce du Christ au monde et vie en communauté, ils ne nous proposent pas de recettes pastorales, mais un chemin de conversion. Les deux lectures font référence pour chacun des apôtres à une épreuve qui est venue purifier et fortifier leur attachement au Christ et leur courage dans le service des communautés.
Très vite, les apôtres ont vu leur mission se heurter aux obstacles de la fermeture des cœurs et de l’hostilité. Ils ont appris à ne pas évacuer la croix de leur vie. La croix, c’est la logique de Dieu. Elle manifeste que Dieu sauve le monde par la seule puissance de son amour.
A la suite de saint Pierre et de saint Paul, notre foi est ainsi appelée à un attachement toujours plus profond au Christ Jésus. En amont de nos plans et projets les plus généreux, il faut ainsi nous laisser enseigner par la Parole de Dieu et la vie des saints.
A la suite des apôtres, notre foi est encore appelée à une confiance toujours plus grande dans la fécondité de l’amour de Dieu. Au cœur des parcours catéchétiques et pastoraux, il faut ainsi entretenir le désir des sacrements de la messe et du pardon qui sont les sources jaillissantes de l’amour de Dieu.
En Jésus son fils, Dieu a fait le premier pas vers nous. Il nous donne part à son amour créateur et sauveur, généreusement et concrètement. A vous Joseph et Richard, mais aussi à nous, de l’accueillir pour pouvoir annoncer la joie de l’Evangile du Christ et pour en vivre dans nos communautés !