L'Eucharistie, prolongement de l'incarnation du Christ
De la crèche à l'autel

Édito de décembre 2021

L’eucharistie, prolongement de l’incarnation du Christ

De la crèche à l’autel

 

Pour le premier dimanche de l’Avent, les communautés chrétiennes de langue française ont accueilli la nouvelle traduction du Missel romain. Le soin que l’Eglise porte aux paroles de l’eucharistie témoigne que celle-ci est un don de Jésus et qu’elle permet à ses disciples d’accueillir sa présence à travers le temps et l’espace. L’eucharistie est véritablement le prolongement de l’incarnation du Fils de Dieu qui offre la vie de Dieu à l’humanité.

 

Dans l’eucharistie, nous accueillons Jésus le Fils de Dieu qui se donne réellement et personnellement

Ainsi à la dernière Cène, Jésus n’avait pas dit, « ce pain est mon corps, ce vin est mon sang », mais « ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Tout est concentré sur cette nouvelle présence, le corps et le sang. Pour le pain et le vin, il n’y a plus que l’apparence ou les espèces selon la formulation classique. Le pain et le vin sont devenus « ceci », à savoir le corps et le sang du Christ.

Dans son discours sur le pain de vie (Jn 6), Jésus souligne le réalisme de sa présence dans le sacrement de l’eucharistie. Celui qui est présent, c’est le Verbe fait chair. Dans la tradition biblique, ce terme ne désigne pas une partie précise de l’être humain, la chair en opposition à l’esprit, mais l’homme dans sa totalité.

Et cette chair par laquelle Jésus se donne, c’est la chair conçue de l'Esprit-Saint et né de la Vierge Marie. Si le Christ peut dire qu’il donne sa chair à manger, c’est parce qu’elle a été formée dès le départ d’une manière exceptionnelle, par le Saint-Esprit. C’est ainsi qu’une des hymnes eucharistiques les plus anciennes, l’Ave Verum proclame : « Salut vrai Corps du Christ, né de la Vierge Marie […] Laisse-toi goûter par nous, ô Jésus, fils de Marie ».

 

Dans l’eucharistie nous avons accès à la vie de Dieu Trinité Sainte

L’Annonciation qui révèle la conception virginale de Jésus dans le sein de Marie est la manifestation du Dieu Trinité : Dieu le Père se révèle à Marie par l’Ange Gabriel, elle conçoit Jésus, le Fils Bien-aimé par l’action de l’Esprit-Saint.

Dans le prolongement de l’Incarnation, le Père agit dans l’eucharistie comme origine et terme. Si le Fils est présent dans l’eucharistie, c’est parce que Dieu l’a envoyé. Dans son discours sur le pain de vie, Jésus dira : « Le Père donne le pain du ciel, le vrai » (Jn 6,32). Et la présence du Fils a comme seul objectif : nous conduire vers le Père.

Quant à l’Esprit-Saint, il est l’agent, le moyen actif. C’est « Lui qui vivifie » dit encore Jésus (Jn 6,63). Il rend possible la présence du Christ dans l’eucharistie de la même manière qu’il est intervenu dans le sein virginal de Marie pour permettre au Christ de prendre chair.

La reconnaissance de l’œuvre trinitaire dans l’eucharistie est source de joie profonde, elle nous permet de reconnaître la présence du Christ dans l’eucharistie et de l’accueillir dans nos vies comme le Fils bien aimé qui nous attire vers le Père

Il nous arrive de regretter de n’avoir pas vécu au temps de Jésus. Mais en réalité ne sommes-nous pas privilégiés par rapport aux contemporains de Jésus ? Sa présence dans l’eucharistie dépasse celle de sa vie terrestre. Elle rejoint celle que seule Marie a pu vivre : comme pour elle à l’Annonciation, le Christ Jésus ne vient pas simplement avec nous, mais en nous. Dans l’eucharistie, nous pouvons non seulement le voir, le toucher, mais encore le manger, c’est à dire l’accueillir dans notre vie la plus intime.

+ Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

Article publié par Cathocambrai • Publié le Samedi 11 décembre 2021 • 595 visites

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