Homélie - Assomption 2024

La fête de l’Assomption de Notre Dame tombe cette année un jeudi, jour où nous faisons mémoire de l’institution à la fois de l’eucharistie et du ministère de prêtre. Dès le début de mon ministère d’archevêque de Cambrai, j’ai proposé que chaque jeudi les chrétiens portent l’intention des vocations sacerdotales dans leur prière.

L’Assomption de la Vierge Marie vient encourager et éclairer le souci des vocations sacerdotales en indiquant deux repères : celui de la foi en la Providence de Dieu et celui de la reconnaissance de la beauté des différentes vocations.

 

Dans son Magnificat, Marie chante l’intervention providentielle de Dieu dans sa vie qui a fait d’elle la mère de son Fils. Et c’est bien en raison de sa maternité divine qu’elle n’a pas connu la corruption du tombeau et qu’elle est entrée corps et âme dans le ciel.

Il est sans doute plus difficile pour nous de reconnaître la présence agissante de Dieu à nos vies, dans un monde qui cherche à se construire sans Dieu et dans un pays où des secteurs de la vie sociale marginalisent les références chrétiennes. La Vierge Marie a vécu une vie des plus ordinaires, mais elle l’a pleinement vécue sous le regard de Dieu par l’attachement à sa Parole et la fidélité à la prière. Avec Marie, nous voulons nous émerveiller devant la beauté de la création et celle plus grande encore, de l’envoi de son Fils pour restaurer la création et donner à chaque être humain accès à la gloire du ciel. Avec Marie, nous voulons louer Dieu pour le don de son Fils dans le sacrement de l’eucharistie qui se fait pain pour la route. C’est le bien le plus précieux de l’Eglise qu’il nous faut apprendre à estimer.

 

Marie peut nous éduquer à une plus grande ferveur eucharistique. Dans une récente autobiographie, le général français Tauzin évoque l’opération Turquoise de 1994 qui cherchait à porter secours aux camps de réfugiés au Rwanda où l’aide internationale n’arrivait plus. A leur arrivée dans un des camps, les officiers français ont rassemblé quelques anciens dont certains portaient un chapelet autour du cou. Les soldats voulaient discerner avec eux ce qui pouvait être le plus urgent. Ils leur répondirent : « une messe ». Le général Tauzin écrit : « Je n’en reviens pas. Ils n’ont rien que de la souffrance et des larmes, depuis des mois. Grâce à nous, ils viennent tout juste de sortir de l’enfer auquel ils ont survécu, ils ont besoin de tout… et ils demandent une messe ! ». Le témoignage de ces réfugiés amène l’auteur à conclure : « Dieu fasse que je n’oublie jamais votre leçon » (Apprends lui à aimer la France à en crever, Mémoires, Mareuil Editions 2023, p184). Ce témoignage peut également interpeller notre attachement à l’eucharistie et inciter à demander à la Vierge Marie de le renforcer.

 

Si comme l’affirme saint Paul : « c’est dans le Christ que tous recevront la vie » ( 1Co 15,22) et que nous en recevons un avant-gout dans chaque eucharistie, alors nous pourrons comme la Vierge Marie vivre nos vocations respectives dans la fidélité et la joie. Elevée au ciel corps et âme, elle peut concrètement nous assister par sa prière et sa maternelle présence. Comme elle a préparé sainte Bernadette à la première communion que celle-ci a eu la joie de recevoir avant la dernière apparition, Marie nous garde chacun dans l’union à Jésus son Fils. Si le Christ devient notre vie, nous saurons davantage être d’Eglise et estimer la vocation de prêtre, mais aussi chaque vocation et état de vie.

 

Frères et sœurs, mettons-nous à l’école de Marie, apprenons d’elle la confiance en la proximité de Dieu à nos vies et la joie de lui répondre selon notre vocation. C’est la condition pour que notre Eglise ne vienne pas à manquer de prêtres, signes vivants du Christ Bon Pasteur qui guide et nourrit son Peuple.

Merci à tous ceux qui individuellement ou en communauté prient pour les vocations dans l’Eglise et particulièrement le jeudi, pour les vocations sacerdotales. Notre Dame dont nous fêtons son Assomption cette année un jeudi nous encourage à prier, mais aussi à interpeler des jeunes et à encourager ceux qui s’ouvrent à l’appel de Dieu pour être prêtres.

La prière proposée pour les vocations dans notre diocèse se termine par ce souhait adressé à Dieu, Père de Miséricorde :

« Avec la Vierge Marie, comblée de Grâce qui tient Jésus serré tout contre elle, garde chaque baptisé dans la joie d’être au Christ pour encourager et accompagner ceux qui entendent ton appel à devenir prêtre. Amen »

 

Article publié par Service communication • Publié le Vendredi 16 août 2024 • 346 visites

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