Homélie : Funérailles du père Michel Masclet

 « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Le Christ donne ce commandement la veille de sa mort. Ainsi, l’amour dont il parle n’est pas un simple sentiment ou un beau rêve. Jésus va donner sa vie, toute sa personne par amour pour les hommes. Par sa mort, il va révéler un amour désarmant, un amour qui révèle le visage déroutant d’un Dieu Père, un amour qui va désarmer toutes les puissances du Mal, jusqu’à la mort.

Ainsi quand Jésus invite à aimer, il peut inviter concrètement à aimer, comme lui, en donnant sa vie. La charité est un commandement. C’est concret et ça se commande ! Toute la personne est sollicitée, spécialement la volonté. Avec le Christ, la charité ne peut attendre nos envies, nos bonnes dispositions intérieures. Elle n’a que faire des conditions favorables. Pour le Christ, la charité est à la portée de tous et se vit dans n’importe quelle situation. Je pense à ceux qui sont les martyrs de l’amour dans l’enfer des guerres, tel Joseph Engling, soldat allemand et séminariste, tué au combat en 1918 près de Cambrai à l’âge de 20 ans. Il s’était préparé à sa mort comme un acte d’offrande pour l’évangélisation et la réconciliation des peuples. Mais je pense également aux parents qui accompagnent patiemment leurs enfants dans leur croissance humaine et spirituelle. Chacun d’entre nous a en tête des personnes qui humblement et fidèlement sont au service du prochain ; ce sont les saints « de la porte à côté », selon l’expression du Pape François.

 

Si Jésus nous invite à aimer concrètement, il ne vise pas des performances. Il s’adresse à nous comme un ami qui est là pour nous accompagner. Nous pouvons ainsi compter sur l’Esprit Saint qui est l’Esprit de charité que Jésus a remis au monde par sa mort et sa résurrection et qu’il offre à chaque baptisé. Nous avons entendu l’affirmation de saint Paul dans la première lecture : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ». Seul l’Esprit Saint nous permet d’entendre le commandement de l’amour fraternel et de le vivre dans toutes les situations et selon nos vocations et nos états de vie.

Au prêtre, le Christ a confié la charge d’annoncer la Bonne Nouvelle de la victoire de l’Amour du Christ sur le mal et la mort et d’en témoigner avec un cœur grand et pur, dans un don total de lui-même. Le Christ lui a également confié à la suite des apôtres le ministère des sacrements, notamment celui de l’eucharistie. Ce sont les lieux où le Christ ne cesse de nous communiquer sa vie pour que nous puissions aimer comme lui. Les prêtres sont avant tout donnés au monde pour le maintenir près de la source de l’amour de Dieu qui jaillit des sacrements.

Le Père Michel Masclet en a fait l’expérience d’une manière concrète, lorsqu’il a pris connaissance, il y a trois ans, du diagnostic de son examen de santé qui évoquait un lymphome. Il écrivait alors sur son blog : « Je confie tout ceci au Seigneur, c’est une maladie du sang ; très vite, avec humour, j’ajoute intérieurement, ‘il connaît’. Ce qui est vrai c’est que désormais résonne particulièrement en moi à chaque eucharistie ‘prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang, versé pour vous et pour la multitude’ ».

 

Le Père Michel Masclet ne célèbrera plus l’eucharistie au milieu de nous, mais c’est là que nous sommes appelés à puiser à l’amour qu’il a servi au milieu de nous et qui l’unit désormais définitivement à Dieu. Le plus bel hommage que nous pouvons lui faire, c’est d’accueillir avec un élan nouveau le commandement de la charité en puisant à la source de l’eucharistie.

Le Père Michel Masclet avec l’équipe des prêtres et l’ensemble des collaborateurs avait le souci de mettre en valeur le trésor de l’eucharistie dans cette collégiale de Saint-Pierre qui garde l’hostie du miracle eucharistique de 1254. De nombreuses personnes de tout âge et de toute condition sociale avaient alors attesté avoir vu le Christ vivant. Nous qui le voyons avec les yeux de la foi, prions pour que le Père Michel Masclet puisse le contempler face à face, dans la communion de charité, source de la vie éternelle.

L’Eglise diocésaine fête en ce jour Notre Dame du Saint Cordon. Son vitrail dans la chapelle de l’archevêché comporte cette inscription : « Avec le cordon, je les tire dans les liens de la charité ». Que la prière de la Vierge Marie soutienne le Père Michel Masclet pour son entrée dans la vie en Dieu et qu’elle nous garde dans le lien de charité renouvelé sans cesse dans l’eucharistie pour nous attirer vers Dieu où le Père Michel Masclet nous attend.

 

+ Vincent Dollmann

Article publié par Service communication • Publié le Mardi 10 septembre 2019 • 1283 visites

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