Noël Jour 2020
« Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Cette profession de foi que nulle religion n’a osé professer, que nulle philosophie n’a osé imaginer, nous chrétiens nous l’accueillons à travers le témoignage de ceux qui ont vu et entendu Jésus, le Fils de Dieu fait homme. Parmi ces témoins figure saint Joseph.
Le Pape Pie IX l’a proclamé patron de l’Eglise universelle et 150 ans après, le Pape François propose une année jubilaire en son honneur. Saint Joseph tout en ayant rempli la mission unique de père nourricier de Jésus, peut soutenir notre foi et notre engagement à la lumière de Noël.
Plus que jamais, nous avons besoin de fortifier notre foi en Dieu qui appelle l’humanité à la vie. Noël, comme le rappelait déjà au 5ème siècle le Pape Saint Léon, c’est « le jour qui donne naissance à l'auteur de la vie » (Homélie de la Nativité).
Fils du peuple qui attendait la venue et le salut de Dieu annoncés par les prophètes, Joseph a reconnu en Jésus l’accomplissement de ces promesses. Pour accéder à cette foi, Joseph a accepté un cheminement marqué par la prière et l’observance des commandements de Dieu.
Comment en pouvait-il être autrement ? Joseph était mis en face d’un mystère tout à fait nouveau : la conception virginale de Jésus. Il n’y a aucune autre mention d’une vierge qui ait donné naissance à un enfant, dans la Bible ou dans d’autres écrits sacrés. Le cas de la Vierge Marie est unique.
Devant cette nouveauté et cette situation déroutante pour lui, le fiancé de Marie, Joseph n’hésite pas : il s’en remet à Dieu. L’évangile selon saint Matthieu relate l’annonce de l’ange à Joseph en prière, et conclut : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1,24).
Cette confiance en Dieu, Joseph l’a fortifiée par sa fidélité à la prière. D’ailleurs, l’évangéliste Matthieu précise que la rencontre avec l’Ange s’était déroulée en songe. Or le songe dans l’expérience biblique n’est pas synonyme de rêverie, mais il évoque l’état du croyant entièrement tourné vers Dieu et à l’écoute de sa Parole. L’évangéliste Luc souligne encore l’obéissance de Joseph et de Marie aux prescriptions de la Loi ; nous connaissons le récit de la circoncision de Jésus, de la purification de Marie et de la présentation de Jésus au Temple (Cf. Lc 2, 21-24). Dans sa Lettre Apostolique, le Pape François n’hésite pas à écrire : « Dans la vie cachée de Nazareth, Jésus a appris à faire la volonté du Père à l’école de Joseph » (Patris Corde n.3).
Reconnaissant en Jésus le Fils de Dieu et l’auteur de la vie, Joseph se consacrera totalement à sa mission de protecteur et de gardien. Il accompagnera Jésus vers l’âge adulte en lui apprenant un métier, en l’ouvrant à la sagesse humaine et au trésor de la foi.
Joseph assume ses responsabilités avec courage sans toujours chercher à tout comprendre et en affrontant les épreuves. Le Pape François souligne combien ce courage n’a rien de résigné, mais est créatif. Ainsi face à la cruauté d’Hérode prêt à tuer des nouveau-nés pour protéger son pouvoir, Joseph réagit en organisant la fuite en Egypte de nuit (Mt 2,13-14). Si à notre tour nous voulons servir le projet de salut et de vie de Dieu, le Pape François nous invite à partager « le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence « (Patris Corde n. 5).
Cet appel à devenir protecteur et gardien de la vie devient urgent dans le contexte actuel de perte du sens sacré de la vie et de la famille. Alors que l’humanité fait face aux défis majeurs d’une pandémie et de l’appauvrissement matériel et social, le projet de loi sur la bioéthique va être débattu en deuxième lecture au Sénat dès le début de l’année 2021. Ce projet est en contradiction avec le désir des peuples, d’un monde plus fraternel et plus respectueux de la création. Ce projet de loi est en opposition avec les traditions religieuses qui reconnaissent que la vie est un don de Dieu.
Comme serviteurs et gardiens de la vie à la suite de saint Joseph, les chrétiens ne peuvent pas se taire et ont à mettre en œuvre son courage créatif. Aussi, en lien avec les évêques de France, je propose aux chrétiens et aux habitants de mon diocèse de se mobiliser durant quatre vendredis de suite. Les 15, 22, 29 janvier et le 5 février seront des journées de jeûne, de prière et de réflexion. Il nous faut éveiller nos consciences à l’engagement pour une civilisation de la vie où chacun, jeune et adulte, malade et bien-portant, enfant à naître et personne en fin de vie soit respecté comme personne et comme membre de la communauté humaine.
Les paroisses, services et mouvements pourront faire des propositions adaptées, même très modestes. Pour ma part, durant ces quatre vendredis, je présiderai la messe à la cathédrale à 12h15.
En célébrant et en annonçant la Naissance de Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, nous sommes conviés à suivre saint Joseph, homme de foi et gardien de la vie. Soutenus par sa prière, demandons au Seigneur de nous accorder une foi vivante et un courage créatif.