21e dimanche Temps Ordinaire B Lourdes 25 aout 2024
A la fin de son discours sur le pain de vie que nous avons entendu dimanche dernier, Jésus insiste sur le réalisme de sa présence dans l’eucharistie : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie » (Jn 6, 51). Dans la tradition biblique, le terme « chair » ne désigne pas une partie précise de l’être humain, la chair en opposition à l’esprit, mais l’homme tout entier, en tant qu’être créé et donc dépendant de Dieu.
Dans l’eucharistie, c’est ainsi le Christ total, vrai Dieu et vrai homme, le Verbe fait chair qui se rend présent et se donne en nourriture, comme le chante l’Ave Verum, l’une des hymnes eucharistiques les plus anciennes : « Salut vrai Corps du Christ, né de la Vierge Marie…Laisse-Toi goûter par nous…Ô Jésus, Fils de Marie ».
L’affirmation de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, constitue un vrai défi pour la raison humaine. Dans un monde où prédomine le discours matérialiste et rationaliste, avouons-le, notre foi eucharistique est mise à l’épreuve. Il suffit par exemple de voir notre attitude lors de la visite d’une église : pensons-nous à vénérer le Christ en passant devant l’autel ou le tabernacle ?
En rapportant les deux réactions opposées de l’auditoire, l’évangile de ce jour veut réveiller notre foi eucharistique. Si de nombreux disciples ont été scandalisés et ont cessé de suivre Jésus, l’apôtre Pierre au nom des Douze allait renouveler son attachement à Jésus : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 68-69). La profession de foi de Pierre en la présence de Jésus dans l’eucharistie, s’appuie sur la puissance de la Parole de Jésus et sur l’action de l’Esprit-Saint.
En proclamant « Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle », l’apôtre Pierre invite à contempler cette fécondité dans l’eucharistie. La parole, « ceci est mon corps, ceci est mon sang » prononcée sur le pain et le vin par le prêtre, est cette même parole par laquelle Dieu a créé le monde et par laquelle son Fils Jésus a guéri les malades et ressuscité les morts.
La manifestation de la puissance de cette parole dans l’eucharistie n’a cependant rien de magique ; elle est l’œuvre de l’Esprit-Saint que Jésus a porté au monde, comme l’indique Pierre en donnant à Jésus le titre de Saint de Dieu, c’est-à-dire d’envoyé et de relais de l’Esprit-Saint. Ainsi avant de prononcer les paroles de la consécration, le prêtre étend les mains sur le pain et le vin en invoquant Dieu le Père pour l’envoi de l’Esprit-Saint. C’est « Lui qui vivifie » dit Jésus (Jn 6,63). C’est lui qui rend possible sa présence réelle et vivante dans l’eucharistie. Comme l’Esprit Saint a permis à Jésus de prendre chair dans le sein de Marie, comme il lui a permis à sa mort et à sa résurrection d’introduire sa chair dans l’état glorieux, il lui permet dans chaque eucharistie de donner sa chair à manger, de se donner totalement comme Homme-Dieu pour la vie du monde.
Frères et sœurs, laissons encore une fois retentir l’enseignement de Jésus : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie » (Jn 6, 51).
Que saint Pierre soutienne notre confiance dans les paroles du Christ et notre foi en l’action de l’Esprit-Saint.
En approchant de la communion aujourd’hui, puissions-nous mieux mesurer la portée de cette démarche. Que l’amen, le oui que nous prononçons, rejoigne la profession de foi de saint Pierre. Que la ferveur de notre communion eucharistique exprime l’émerveillement de notre cœur devant le Christ qui est là, pour nous et qui veut nous entraîner vers Dieu son Père. Amen.