Homélie nuit de Noël 2025
« Gloire à Dieu et paix aux hommes qu’il aime ». Le chant des anges que nous reprenons chaque dimanche retentit d’une manière particulière en cette nuit de Noël. La liturgie omet ce chant durant l’Avent pour qu’à Noël nous en redécouvrions la profondeur des paroles, et le proclamions avec une joie renouvelée. Comme au jour de la naissance de son Fils Jésus, chaque année en son anniversaire, Dieu invite l’humanité à accueillir le don de la paix et à en vivre.
En venant adorer le Seigneur qui nous a rejoints dans le dénuement et la fragilité, nous ne pouvons que ressentir le paradoxe de notre condition humaine. D’un côté, nous ressentons un immense désir de paix et de l’autre nous ne cessons de nous enliser dans des situations de division et de conflit.
Regardons notre société, de nombreuses opérations font appel à la générosité envers les personnes malades ou pauvres, mais jamais les instincts de l’avoir n’ont été autant excités par la publicité, bafouant la dignité des petits.
Et dans le monde ? Des pays aspirent à la paix cherchant à renouer des liens, mais en même temps des attentats et des guerres civiles de plus en plus sauvages ensanglantent l’humanité.
Face à cette situation complexe où les gestes de paix cohabitent avec les attitudes d’exclusion et d’égoïsme, il nous faut reconnaître combien la paix ne peut venir uniquement de la main des hommes.
Au cœur de la nuit et de l’aridité du monde, le besoin de lumière et de vie ne fait que grandir en nous. Au cœur de ce monde, aujourd’hui comme il y a 2000 ans, la réponse que Dieu nous donne est celle de l’Enfant de Bethléem. Dieu est là, petit et faible ! Il nous tend les bras, il nous regarde avec les yeux d’un enfant !
Dieu Enfant : c’est la réponse déroutante à nos recherches de paix. Lui seul peut nous l’offrir non pas comme un père Noël qui gâte les enfants, mais comme un père qui aime ses enfants et les accompagne sur le chemin de leur vie.
La fragilité et la petitesse de l’Enfant Dieu, viennent éveiller notre responsabilité, jeune ou adulte, à l’égard de la paix en nous et autour de nous.
Il est l’unique Prince de la Paix qui non seulement peut guider l’homme par son enseignement, mais purifier son intelligence et son cœur du mal et du péché qui ont les premiers obstacles à la paix. Jésus a réalisé cette libération par sa mort et sa résurrection. Ainsi ressuscité, il pouvait s’adresser aux disciples en disant : « la paix soit avec vous ». Reprenant cette salutation au début de sa première allocution publique, le Pape Léon XIV parlait d’une paix « désarmée et désarmante, humble et persévérante ». Cette paix ne peut être obtenue que dans la prière et la célébration des sacrements notamment celui du pardon.
En s’appuyant sur la nécessité d’accueillir la paix en nous, le Pape dans son Message pour la journée mondiale de la Paix, le 1er janvier dans lequel il émet le souhait pour chaque famille et communauté qu’elle devienne « une maison de paix, où l’on apprend à désamorcer l’hostilité par le dialogue, où l’on pratique la justice et où l’on cultive le pardon ».
Alors, si nous voulons que Noël ne soit pas une simple parenthèse, un moment de rêve, demandons ce soir à Dieu la grâce de la paix dans nos vies et dans le monde. Nous sommes assurés de sa présence et de son soutien.
Frères et sœurs, venez, ne restons pas à l’émerveillement passager devant l’Enfant Dieu à la crèche, mais célébrons maintenant sa venue dans l’aujourd’hui du sacrement de l’eucharistie.
Homélie Jour de Noël 2025
« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Dès le début de son évangile, saint Jean reprend un cantique des premières communautés chrétiennes qui atteste la foi en Jésus vrai Dieu et vrai homme. Un concile réunissant les évêques à Nicée en 325, a légué à l’Eglise une profession de foi que nous reprenons chaque dimanche et d’une manière solennelle à Noël. En effet quand nous affirmerons tout à l’heure : « il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme », la liturgie invite ceux qui le peuvent à se mettre à genoux. Nous attestons ainsi notre attachement au Christ homme-Dieu, que Marie et Joseph, les bergers et les rois mages ont adoré à la crèche.
Affirmer que le Christ soit vraiment homme, semble aller de soi. A part quelques historiens en recherche de sensationnel, l’existence de Jésus n’a jamais été mise en doute. En célébrant Noël, nous affirmons que le Christ a reçu de la Vierge Marie une nature identique à la nôtre hormis le péché. Si le Christ a pris un corps comme le nôtre, il avait également une âme vraiment humaine, il partageait nos sentiments humains. Il savait ainsi admirer les lys des champs ou témoigner de l’affection à ses disciples. Et face à la passion et à la mort, il n’avait pas d’attitude stoïque, mais s’est abandonné à la volonté du Père dans la tristesse et l’angoisse. Ainsi, en accomplissant la Rédemption sur la croix, il était bien notre représentant. Quand il offrait sa vie à Dieu, il était réellement qualifié pour le faire en notre nom à tous.
Si le Christ est vraiment homme, l’Ecriture atteste en même temps qu’il est vraiment Dieu. Il l’exprimera lui-même dès son jeune âge. Lorsque Marie et Joseph retrouvent Jésus dans le Temple après l’avoir cherché durant trois jours, celui-ci leur dit : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Lc 2,49). C’est parce que Jésus a revendiqué constamment son identité de Fils de Dieu, qu’il a été condamné à mort par les autorités du Peuple juif.
Aujourd’hui comme hier, nombreux sont ceux qui reconnaissent le Christ comme un être exceptionnel, comme un prophète, mais lui récusent l’identité divine. Or être chrétien n’a de sens que parce que le Christ est Dieu et qu’il peut ainsi communiquer la vie divine aux hommes. Dans sa lettre apostolique à l’occasion du 1700ème anniversaire du Concile de Nicée, le Pape Léon écrit : « Seul Dieu, dans son infinité, peut satisfaire le désir infini du cœur humain ; c'est la raison pour laquelle le Fils de Dieu a voulu devenir notre frère et notre rédempteur » (Lettre apostolique In unitate fidei, 23 novembre 2025)
En affirmant dans notre Profession de foi : Dieu s’est fait chair en Jésus-Christ, nous sommes porteurs d’une immense espérance pour l’humanité : le salut de Dieu, est concret et universel, il concerne tout l’homme, corps et âme, et tous les hommes, pauvres et riches. Et ce don du salut est actuel, il s’offre à nous dans chaque eucharistie.
Quand nous nous arrêterons devant une crèche et que nous remercions Dieu de nous avoir envoyé son Fils Jésus, demandons-lui la grâce de le reconnaitre dans l’eucharistie et de pouvoir l’accueillir dans nos vies.
Il est heureux que trois paroisses de notre diocèse, se soient lancées ces dernières années dans la mise en place de la prière d’adoration de Jésus dans l’eucharistie. A Cambrai, dans la chapelle de la clinique Sainte-Marie, de nombreuses personnes se relaient chaque semaine sur plusieurs jours et nuits, pour l’adoration du Saint Sacrement. Elle fortifie la foi en la présence réelle et permanente du Christ dans l’eucharistie et le désir de le recevoir comme le pain de la vie pour notre pèlerinage sur terre.
Frères et sœurs, en reconnaissant le Christ, vrai Dieu et vrai homme, nous pouvons accueillir le cadeau de sa présence vivante qui offre la vie divine au monde.
Oui, le Verbe s’est fait chair et il continue d’habiter parmi nous. Sommes-nous véritablement disposés à l’accueillir ?