« Ma royauté n’est pas de ce monde, ma royauté n’est pas d’ici ». Dans ce bref dialogue avec Pilate, Jésus ne rejette pas la réalité d’une royauté ou d’un pouvoir, mais il en souligne la différence avec les repères terrestres.
En fait dans l’expression « royauté du Christ » ou « règne de Dieu », ce qui est important c’est le deuxième terme : « du Christ, de Dieu ». Jésus est venu pour révéler l’identité de Dieu qui est Père, et qui a envoyé son Fils par amour, pour nous délivrer du péché et faire de nous un royaume et des prêtres, comme nous l’avons entendu dans le livre de l’Apocalypse.
La fête du Christ Roi pose la question simple et radicale de Dieu, de sa place dans nos vies et dans notre société. Depuis plus de deux siècles, le mouvement de sécularisation qui cherche à mettre Dieu au ban de la vie en société, semble triompher aujourd’hui, avec l’appauvrissement de la culture religieuse des élites intellectuelles et la tiédeur du témoignage des chrétiens. La référence à Dieu est devenue suspecte, elle est assimilée aux mouvements réactionnaires voire terroristes.
Dans la société, on est ainsi très vite catalogué quand au nom de Dieu et de l’Evangile, on s’engage pour le respect de toute personne, de sa conception à son dernier souffle.
Et dans l’Eglise, on en vient parfois à oublier le message sur Dieu et sur le salut en Jésus son Fils, pour se concentrer sur les structures paroissiales et diocésaines ou encore sur les conditions d’accès aux ministères.
Quand nous avons du mal à entendre l’enseignement du Christ sur sa royauté et sur le Règne de Dieu, c’est en réalité notre difficulté à parler et à vivre de Dieu qui se révèle par là. Le terme « règne » ou « royauté » évoque d’ailleurs une réalité dynamique, celle d’une autorité, d’une puissance à laquelle nous sommes liés. Jésus en parlant de « royauté » désigne la puissance d’attraction dans l’amour. Elle se manifeste par sa parole qui purifie, revigore et met debout. Elle se révèle encore dans sa personne qui s’offre sur la croix pour attirer l’humanité dans la gloire de Dieu.
La fête du Christ Roi peut nous aider à fortifier notre désir de Dieu et de son règne par son Fils Jésus. Ce désir est éclairé par la Parole de Dieu proclamée dans nos célébrations et que nous avons toujours à mieux connaître. Ce désir est encore fortifié par les sacrements qui exercent la force d’attraction vers Dieu. En renforçant ce désir de Dieu et de son règne, nous pouvons comprendre l’importance du ministère de prêtre. Comme aux apôtres, Jésus leur confie l’annonce de l’Evangile et l’intendance des sacrements pour maintenir le Peuple de Dieu sous cette force d’attraction qui attire vers lui, vers la plénitude de sa vie.
Prions pour que chacun de nous garde à cœur de grandir dans la dignité de son baptême qui est d’être du Christ et dans la joie de servir son règne.
Prions pour que nous les pasteurs, évêques et prêtres, nous soyons davantage des hommes de Dieu. Prions pour que nos activités soient toujours reliées au Christ et que notre mode de vie témoigne de son Règne.
Seul le désir de Dieu et la disponibilité à vivre selon les repères de l’Evangile peuvent créer un climat et un contexte favorables pour que des jeunes gens puissent répondre à l’appel de Dieu à devenir prêtres.
Que des jeunes entendent l’appel, j’en suis sûr ! En quatre mois de ministère à Cambrai, j’ai eu la joie d’en rencontrer. Mais cela dépend de tous, laïcs, consacrés, diacres et prêtres pour être les relais de cet appel.
Aussi, je propose que tous nous portions l’intention des vocations sacerdotales dans notre prière, particulièrement le jeudi, jour de l’institution de l’eucharistie et du ministère du prêtre. Nous pouvons prier un « Notre Père » ou un « Je vous salue Marie ». Les prêtres peuvent porter cette intention dans la célébration de la messe. Ceux qui prient l’Office des Heures, le bréviaire, peuvent y ajouter cette intention particulière.
Je tiens à remercier toutes les communautés religieuses, les paroisses, les groupes de prière et les mouvements qui organisent l’adoration eucharistique, le chapelet et toute autre forme de prière à cette intention.
De même, je n’oublie pas les membres du service diocésain des vocations qui portent le souci des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée et sont à l’origine de nombreuses initiatives tout au long de l’année.
Que chacun de vous soit encouragé à prier, mais aussi à interpeler et encourager des jeunes touchés par la grâce de l’appel de Dieu à être prêtres. C’est en ce sens que l’image souvenir de ce jour porte une prière pour les vocations au ministère de prêtre.
La royauté du Christ se manifeste à travers la fécondité des sacrements et l’humilité d’une vie de service. Pour cela, le Christ n’a pas besoin de gardes qui le défendent efficacement, mais de pasteurs qui témoignent de l’amour de Dieu. Notre diocèse peut se valoir d’une lignée d’évêques dévoués, je pense aux fondateurs saint Vaast et saint Géry des 6ème et 7ème siècles, mais également à mes prédécesseurs immédiats, Jacques Delaporte et François Garnier, sans oublier François de la Motte Fénelon qui par sa culture et sa piété a donné à Cambrai un rayonnement européen.
À côté de ces figures d’évêques, il faut ajouter celles de prêtres, de consacrés et de laïcs qui ont fait face avec courage à la haine du christianisme lors du Régime de la Terreur à la fin du 18ème siècle qui a conduit certains au martyre.
Notre région a été également le champ de bataille des deux dernières guerres mondiales où des prêtres se sont illustrés par leur abnégation en vue de la paix, comme l’Abbé Augustin Delbecque, curé de Maing près de Valenciennes où il a été fusillé en septembre 1914, ou encore l’Abbé Edouard Thillier qui a assuré la charge de maire de Cambrai d’octobre 1918 à novembre 1919.
En évoquant ces belles figures de pasteurs, je prie pour que notre Église ne vienne pas à manquer de prêtres serviteurs de la charité du Christ. Je confie cette intention à la Vierge Marie Notre Dame de Grâce qui veille sur notre diocèse !