« Seigneur Dieu, tu as donné l’onction de l’Esprit Saint à ton Fils unique et l’as établi Christ et Seigneur », affirmait la prière d’ouverture. La messe chrismale durant laquelle l’évêque consacre le Saint Chrême et bénit l’huile des malades et des catéchumènes, vénère le Christ Jésus comme l’Envoyé de Dieu et le porteur du salut au monde. En inaugurant sa mission terrestre par l’onction du Saint-Esprit au Jourdain, Jésus a en quelque sorte permis à l’Esprit de Dieu de s’habituer à la vie des hommes pour que ceux-ci s’habituent à la vie de Dieu.
La prière d’ouverture qui évoque Dieu ayant conféré l’onction à son Fils Jésus, se poursuit en affirmant qu’il nous a fait participer à sa consécration. L’annonce faite par le prophète Isaïe au Peuple de Dieu se réalise ainsi pour tout homme : « Vous serez appelés prêtres du Seigneur ; on vous dira, servants de notre Dieu » (Is 61,6). L’huile du Saint Chrême qui sera tracée sur le front de ceux qui sont présentés au baptême et à la confirmation, manifeste que la personne tout entière est renouvelée par l’Esprit Saint pour prendre l’identité du Christ et devenir fils dans le Fils. Le Saint Chrême sera encore utilisé pour oindre les mains du diacre Placide à l’ordination sacerdotale en juin et manifestera que toute sa personne est consacrée au Christ Tête et Pasteur pour maintenir les chrétiens dans l’unité de la foi et de la charité. Et l’huile des catéchumènes comme celle des malades qui seront bénites durant la célébration renvoient à l’onction du Saint Chrême au baptême et à la confirmation.
Dans leur préparation ultime, les catéchumènes sont ainsi appelés à s’ouvrir à la joie et à la fierté de devenir enfants de Dieu. Et dans les situations de maladie, les personnes recevant l’onction d’huile sont fortifiées dans leur consécration baptismale. Dans l’épreuve, l’Esprit-Saint les configure plus que jamais au Christ qui, par sa croix, a porté la vie de Dieu au monde.
La confection du Saint Chrême et de l’huile des catéchumènes et des malades nous invite à rendre grâce à Dieu pour la dignité incomparable de chaque personne. Qu’elle soit jeune ou adulte, dans le sein de la mère ou au seuil de la mort, la personne humaine est marquée du sceau de la dignité de fils de Dieu et est appelée à accueillir la vie divine. La messe chrismale nous permet ainsi de renouer avec la fierté d’être chrétien par le baptême et la confirmation, et la fierté d’être prêtre par le sacrement de l’Ordre.
Les baptisés comme les prêtres conscients de leur consécration pourront alors selon la prière d’ouverture : « Etre dans le monde des témoins de la Rédemption ». Ils le seront en premier lieu par le témoignage de vie, à l’image de l’huile imprégnant le corps. Isaïe déclarait ainsi qu’il était chargé d’annoncer la bonne nouvelle du salut à ses contemporains « en mettant le diadème sur leur tête au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil » (Is 61,3). La société sécularisée a besoin d’entendre résonner l’annonce du Christ mort et ressuscité, mais elle ne pourra véritablement s’y ouvrir que par le témoignage d’une vie marquée par les fruits de l’Esprit-Saint que sont entre autres la joie, la paix et la charité. La rénovation des promesses sacerdotales et diaconales annonce le renouvellement des promesses du baptême à la vigile de Pâques. Ces deux actions liturgiques veulent encourager chaque disciple du Christ à estimer la beauté de la consécration baptismale et sacerdotale et à s’encourager mutuellement pour oser en témoigner joyeusement et fidèlement.
Que la prière d’ouverture de la messe chrismale nourrisse notre prière personnelle « Seigneur Dieu, tu as donné l’onction de l’Esprit Saint à ton Fils unique et l’as établi Christ et Seigneur, nous t’en prions : puisque tu nous fais participer à sa consécration, accorde-nous d’être dans le monde les témoins de la Rédemption. »