Homélie : Nuit de Noel 2019

Dans les églises à travers le monde et spécialement dans notre diocèse où le cantique a été composé au 18ème siècle, nous aimons chanter « Adeste fideles, accourez fidèles…Venez adorons le Seigneur ».

Alors, venez adorons le Seigneur !

A l’heure de la course vers le confort et la facilité, venons vers Celui qui nous apprend le partage !

A l’heure de la défense des acquis et des droits, venons vers Celui qui se rend solidaire de tout homme !

A l’heure de la peur pour l’avenir de l’humanité, venons vers Celui qui nous libère !

A l’heure des tensions et des questionnements dans l’Eglise, venons vers Celui qui garde son Eglise dans l’unité !

Au cœur de la nuit et de l’aridité du monde, le besoin de lumière et de vie ne fait que grandir en nous. Au cœur de ce monde, aujourd’hui comme il y a 2000 ans, la réponse que Dieu nous donne est celle de l’Enfant de Bethléem. Dieu est là, petit et faible ! Il nous tend les bras, il nous regarde avec les yeux d’un enfant !

Avec lui, nous devons reconnaitre que les œuvres de Dieu dans l’Histoire se sont toujours réalisées à travers les moyens insignifiants aux yeux des hommes. Cela est valable dès l’Ancienne Alliance ; ainsi le choix du grand roi David s’était fait d’une manière surprenante. Le prophète Samuel lui-même avait manifesté quelque résistance quand Dieu lui a fait choisir comme roi d’Israël, un homme de Bethléem et le plus jeune des frères. Mais pour Dieu, ce n’était là que l’annonce d’un événement bien plus déroutant : la naissance de son propre Fils à Bethléem, dans le dénuement total d’une crèche.

Cette expérience de la manifestation de Dieu à travers les signes les plus humbles se poursuit dans l’Histoire de l’Eglise. Celle-ci doit faire face aujourd’hui à la pauvreté des moyens et au manque de reconnaissance voire de persécution, même dans les pays d’ancienne chrétienté. Dans le livre « La lumière du monde », le journaliste avait  abordé le Pape Benoit XVI en ayant rappelé qu’il était le chef de plus d’un milliard de fidèles. Celui-ci avait répondu que si les statiques étaient importantes, elles n’indiquaient pas le grand nombre de baptisés qui n’étaient pas en communion avec le pape.

Et ceux qui répondent à l’appel au sacerdoce, notamment en Occident, sont nombreux à faire l’expérience de cette autre forme pauvreté très concrète où l’image du prêtre et l’engagement au célibat sont tellement dévalorisés.

Mais la fragilité et la petitesse de l’Enfant Dieu, bien loin de nous pousser à nous résigner, viennent nous réconcilier avec nos engagements et nos choix de vie. En cherchant à y répondre dans un esprit de foi et d’humilité, nous permettons à Dieu de toucher les cœurs, même de ceux qui semblent submergés par la souffrance et le doute.

 Si Marie et Joseph n’avaient pas été fidèles à leur ‘oui’ prononcé devant l’Ange du Seigneur, bravant l’indifférence des contemporains et la violence des autorités humaines, le Sauveur ne serait pas né !

En annonçant aux bergers : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ! », l’Ange atteste que Dieu lui-même vient soutenir notre fidélité au quotidien. L’Enfant Dieu nous réconcilie avec cet aujourd’hui que nous adultes, cherchons souvent à éviter. Quant aux enfants, c’est l’instant présent qui compte. Ils ne se réfèrent pas au passé, et l’avenir leur paraît loin. Dieu en acceptant de se faire enfant, nous ouvre à cet aujourd’hui et nous dit que c’est là que des commencements de paix et de bonheur sont possibles.

Alors, si nous voulons que Noël ne soit pas une simple parenthèse, un moment de rêve, demandons ce soir à Dieu la grâce de la fidélité à nos engagements. Nous sommes assurés de sa présence et de son soutien. C’est pour cela que les moments décisifs de nos existences, la naissance, le mariage ou le ministère sont scellés par des sacrements, des lieux où Dieu envoie son Fils et intervient par son Esprit.

Frères et sœurs, venez, ne restons pas à l’émerveillement passager devant l’Enfant Dieu à la crèche, mais célébrons maintenant sa venue dans le sacrement de la messe.

Venez, laissons-le habiter dans nos vies. Lui seul peut nous guérir de nos péchés. Lui seul peut nous fortifier sur les chemins de la paix et de la joie. Lui seul est le Prince de la Paix et le Maître de la Vie ! Il est le seul Sauveur, le même, hier, aujourd’hui et pour l’éternité !

Venite adoremus, venez adorons le !

Article publié par Service communication • Publié le Vendredi 03 janvier 2020 • 731 visites

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