« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2,11). L’annonce de l’Ange aux bergers retentit cette année d’une manière particulière alors que nous fêtons Noël dans la nuit du vendredi au samedi. Comment en effet ne pas rapprocher cette nuit de celle de la mise au tombeau de Jésus et reconnaitre que la croix est plantée à côté de la crèche ? La naissance comme la mort de Jésus se sont réalisées dans l’extrême dénuement et manifestent le visage déroutant de Dieu prêt à tout, jusqu’à prendre sur lui les conséquences du mal et du péché pour sauver l’humanité.
Noël, c’est déjà le salut en œuvre. Et la naissance de Jésus en souligne la gratuité totale. Elle est la révélation de l’amour infini de Dieu qui a préparé durant des siècles le projet déroutant de nous rejoindre en son Fils né de la Vierge Marie. La représentation de Dieu selon la raison humaine est bousculée. Le Tout autre se fait tout nôtre, le tout puissant se fait tout petit. Dieu accepte que son Fils uni personnellement et totalement à lui de toute éternité, prenne la condition de l’homme en partageant sa naissance et sa mort. Jésus témoigne du prix inestimable pour Dieu de chaque être humain, de sa conception dans le sein maternel jusqu’au dernier souffle, quel que soit sa situation sociale ou son état de santé.
Conçu et né de la Vierge Marie, Jésus indique encore que le salut est concret : il concerne toute notre personne, corps et âme, et toute notre existence, avec ses projets et ses échecs.
Ce salut révélé à la crèche et accompli sur la croix, c’est le don de la vie divine. Comme une lumière qui éclaire la nuit des hommes, le salut en Jésus chasse le mal et la mort qui les accablent. Et comme une lumière qui rassemble les hommes, il introduit dans la communion d’amour avec Dieu.
Et ce salut se propose humblement à nous, tels les bras ouverts de l’Enfant Jésus à la crèche. Une question se pose alors à nous : avons-nous besoin d’être sauvés ?
Devant Jésus enfant, nous ne pouvons que reconnaître combien les efforts de paix et de fraternité entre nous sont voués à l’échec si nous n’acceptons pas sa main tendue. Devant Jésus enfant, nous pouvons nous incliner humblement pour l’accueillir comme le Maitre de la vie de qui nous tenons l’être et la croissance.
Le salut révélé dans l’humilité de la crèche nous est offert dans notre existence quotidienne pour l’éclairer de la lumière de l’espérance. Ressuscité, Jésus reste présent à notre vie dont il a assumé toutes les étapes pour nous. « Aujourd’hui vous est né un sauveur » annonçait l’Ange aux bergers ; et sur la croix, Jésus lui-même dira au bon larron : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43).
Frères et sœurs, qui participez à cette célébration, saurez-vous entendre le message de l’ange aux bergers : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » ? Saurez-vous l’accueillir aujourd’hui dans vos vies, en ces jours de fête et tout au long de l’année ?