Ordination diaconale de Romain Prouvez – Fête de la Croix Glorieuse - Hautmont le 14 septembre 2024
La fête de la Croix glorieuse chante la victoire de l’amour de Dieu sur la Mal et sur son aiguillon, la mort. Cette fête nous fait participer à l’immense joie des chrétiens du 4ème siècle qui à peine sortis des persécutions, ont vu s’ériger la basilique du Saint Sépulcre à Jérusalem à l’emplacement de la crucifixion et de la mise au tombeau de Jésus. Mais cette fête nous unit surtout à la foi des chrétiens à travers le temps, foi résumée dans l’hymne que saint Paul a transmis aux Philippiens : « Le Christ Jésus ayant la condition de Dieu, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. […] Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenu obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2,6-8).
La foi qui proclame le salut par la Croix est celle dans laquelle nous avons été baptisés, elle est encore celle que le diacre est appelée à servir et à proclamer. Lors de l’engagement que Romain va faire dans quelques instants, une des questions de l’évêque porte sur le service de la foi : « Voulez-vous, comme dit l’Apôtre Paul, garder le mystère de la foi dans une conscience pure et proclamer cette foi par la parole et par vos actes, fidèle à l’Evangile et à la tradition de l’Eglise ? ».
La fête de la Croix glorieuse vient en souligner l’enjeu. La Préface de la messe chante ainsi la justice et la bonté de Dieu le Père, affirmant : « Tu as attaché au bois de la Croix, le salut du genre humain ». L’évangile de la Passion rapporte qu’avant de mourir, Jésus se pencha vers la terre, vers Marie et Jean, signes de l'Eglise naissante et il leur remit l’Esprit-Saint (cf. Jn 19,26-27). De sa mort a jailli la vie, le prince des ténèbres a été mis en déroute, tel que Jésus l’avait annoncé (cf. Jn 12,31). La royauté de Dieu offre désormais la vie que nul ne peut ravir.
A travers l’événement de la Croix, nous sommes introduits dans le royaume d’amour et de vie du Christ. Il l’avait annoncé à Nicodème comme nous l’avons entendu dans l’Evangile de ce jour : « ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit ait la vie éternelle » (Jn 3,14-15).
La foi en Jésus qui sauve par la Croix ne va pas de soi, encore moins aujourd’hui dans une culture de l’épanouissement personnel et de l’absence d’exigences. Pourtant, par un oui aussi ténu soit-il, le Christ peut réaliser l’inouï, ainsi au malfaiteur qui se repent au seuil de sa mort, il peut promettre la vie éternelle.
C’est au nom de la foi en Jésus qui a sauvé le monde par la Croix que le diacre exerce pleinement son ministère auprès de tous et en particulier auprès de ceux qui souffrent dans leur chair ou qui sont marginalisés dans notre société. La Croix manifeste que Dieu sauve le monde par la seule puissance de son amour. Dieu a rejoint l’humanité en envoyant son propre Fils et en acceptant son rejet et sa mort pour guérir et recréer de l’intérieur le cœur de l’homme.
La Croix éclaire ainsi le chemin des chrétiens pour bâtir une société plus humaine, fondée sur le sens du prochain et de la vie. La Croix de Jésus est le seul chemin pour maintenir l’humanité dans le souffle de l’espérance.
Pour soutenir la foi des chrétiens et le service de la foi qui sera maintenant Romain, le vôtre comme diacre, Jésus a donné la Vierge Marie, sa Mère. Le Stabat Mater, la Séquence de la fête de Notre Dame des Douleurs, célébrée demain, l’exprime avec force : « Debout, la Mère douloureuse près de la Croix était en larmes devant son fils suspendu ». Alors que le ciel et les cœurs se sont obscurcis, elle, la Mère, est restée debout près de la Croix, tournée déjà vers le matin de Pâques. Qu’elle nous garde dans la foi en Jésus mort et ressuscité et dans l’amour de sa Croix qui attire l’humanité dans la vie en Dieu. Nous pouvons ainsi faire nôtre la fin du Stabat Mater qui s’adresse au Christ par Marie : « Au moment où mon corps mourra, fais qu’à mon âme soit donnée la gloire du Paradis. Amen ».