Homélie : Ordinations diaconales

de Philippe Dael, Bernard-Gilles Flipo, Fabrice Gambier

« Demeurez dans mon amour ! » (Jn 15,9). Cet appel du Christ renvoie à la vocation fondamentale de notre baptême où nous avons accédé à la dignité de fils de Dieu, Trinité d’amour. L’amour de Dieu chanté par les prophètes et les psalmistes s’est manifesté en Jésus qui a réellement donné sa vie sur la croix pour chaque être humain et qui a établi définitivement l’amitié entre Dieu et les hommes.

L’appel du Christ à demeurer dans l’amour de Dieu retentit d’une manière nouvelle et particulière pour Philippe, Bernard-Gilles et Fabrice qui vont être ordonnés diacres.

Le terme diacre signifie ‘serviteur’ et indique que l’amour n’est pas une utopie mais un don de Dieu qui féconde le cœur des hommes. Le diacre marié est appelé à en vivre dans le lien avec son épouse et les membres de sa famille.

Au début de la célébration, je me suis adressé aux épouses en leur demandant : « Acceptez-vous tout ce que le diaconat que vos maris vont recevoir, apportera de nouveauté dans votre couple et votre vie de famille ? ». Cette nouveauté ne doit pas signifier que l’homme, une fois ordonné, sera absorbé par de nouvelles missions et moins disponible à son épouse et à sa famille. Si c’était le cas, il faut immédiatement arrêter l’ordination diaconale d’hommes mariés. La nouveauté reçue par l’ordination doit au contraire permettre au couple de se renouveler dans le don de l’amour reçu au mariage.

 

L’amour de Dieu se caractérise par la fidélité. En contemplant le Christ mort et ressuscité, nous pouvons affirmer avec le psalmiste : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Ps 22,4). Appelé à être serviteur de cet amour fidèle, l’ordinand, s’il est célibataire s’engage définitivement au célibat, et s’il est marié, il a besoin de l’accord de son épouse et de ses enfants, s’appuyant sur l’amour indissoluble du mariage.

 

Une fois ordonné, le diacre puise l’amour de Dieu dans la prière quotidienne des psaumes, matin et soir et dans la fréquentation des sacrements de l’eucharistie et du pardon. Celui qui est marié doit pouvoir prier régulièrement en couple et autant que possible en famille. Il signifie ainsi au monde en commençant par les siens, que la réussite dans la vie et l’expérience de la joie ne se trouvent pas dans l’activisme, ni dans les performances, mais dans la disponibilité à se laisser guider par le Christ, le seul et fidèle pasteur de l’humanité.

 

Le diacre s’unit à la prière du Christ pour que l’amour de Dieu soit accueilli dans le monde et pour qu’il en soit un serviteur dans les tâches quotidiennes. Le prophète Ezéchiel dans la première lecture, nous invite à prendre comme modèle Dieu lui-même qui agit dans l’Histoire des hommes : « La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit » (Ez 34, 16).

Les diacres ont pour mission de faire fructifier le don de l’amour reçu au baptême ; ils sont chargés au sein de l’Eglise de relayer l’invitation du Christ : « Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour » (Jn 15,10). De nombreux diacres en France sont investis dans le domaine de la pauvreté et de la santé où sont en jeu des choix de société concernant le respect des personnes, notamment des plus faibles. En ce contexte de pandémie qui interpelle les choix de société et le sens de la vie, j’encourage les diacres à participer encore davantage aux débats et à travailler afin que l’Evangile et l’enseignement social de l’Eglise soient mieux connus et estimés.

Là encore, la vie de couple et de famille est comme un creuset où la vie professionnelle et sociale peut être éclairée et fortifiée par l’Evangile. L’ordination de l’homme marié et du père de famille ne doit pas chercher à niveler les personnalités des différents membres de la famille, bien au contraire, elle doit permettre à chacun de forger sa personnalité dans le dialogue et sa capacité d’aimer dans l’altérité.

 

Ainsi la formation continue du diacre permanent se joue en partie dans la famille. Pour porter du fruit dans son ministère, le diacre aura besoin des interpellations et des encouragements de l’épouse comme de chaque membre de la famille. Et pour faire l’expérience de la fidélité de Dieu et de la joie du service, la famille aura besoin de la présence et de l’attention de celui qui est ordonné. Le diaconat ne s’ajoute pas à la mission d’époux et de père, il l’enracine davantage dans l’amour fidèle et fécond du Christ.

 

Puissiez-vous, Philippe, Bernard-Gilles et Fabrice, une fois ordonnés, aider tous les baptisés à témoigner de l’amour de Dieu en paroles et en actes.

Puissent les membres de l’Eglise, spécialement vos épouses et vos proches, vous aider à grandir dans la joie d’être au Christ Serviteur et dans l’humilité du service.

 

   + Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

Article publié par Service communication • Publié le Mardi 27 avril 2021 • 1405 visites

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