Homélie pour la fête de l'Assomption à la cathédrale

L’Assomption de Notre Dame, un appel à entrer dans la civilisation de la vie

La Vierge Marie chante le Magnificat, la louange au Seigneur, en indiquant comme raison première : « parce qu’Il s’est penché sur son humble servante ». Marie évoque ainsi la profondeur de la relation personnelle avec Dieu et la dignité extraordinaire que l’homme en tire. Dieu ne cherche jamais à rabaisser, mais toujours à élever dans la communion de vie avec lui.

Pour cela, Dieu cherche des cœurs humbles qui savent tout recevoir de lui et qui se placent sous son regard. D’ailleurs Dieu ne regarde pas au-dessus ni autour de lui, puisque rien ne le dépasse et rien, non plus, n’est son égal. Il ne peut regarder qu’en dessous. Marie l’a compris en ayant gardé cette place durant toute sa vie terrestre.

Elevée dans la gloire de Dieu, elle est pour toute l’humanité un incessant appel à laisser l’orgueil et la volonté de puissance de côté, pour se placer sous le regard de Dieu qui seul fait grandir et entrer dans la vie et le bonheur sans fin. Or c’est là une conversion difficile dans notre société où Dieu n’a plus le droit de cité. L’homme moderne vit comme si Dieu n’existait pas. Mais ne doit-il pas admettre aujourd’hui les limites et le non-sens d’une telle position. Ainsi malgré l’accélération des progrès scientifiques et techniques, le monde moderne est incapable d’éradiquer la faim et la misère d’une grande partie de la population mondiale.

Seul Dieu peut changer les cœurs, seul Dieu peut guérir notre intelligence et notre volonté pour les orienter vers les biens de la vie et du bonheur. La Vierge Marie dans son Assomption vient soutenir notre confiance en Dieu et notre obéissance à sa Parole.

En cette année de la révision des lois bioéthiques, nous vivons un moment décisif pour l’avenir de notre société. Nos responsables politiques préparent des lois touchant à la famille, mais aussi à la vie humaine de sa conception jusqu’au seuil de sa mort. Saurons-nous à la suite de la Vierge Marie témoigner de la valeur inestimable de la vie et de la nécessité de la protéger pour le bien commun de notre société et l’avenir de notre pays ?

Eclairés par la démarche de Dieu qui a choisi une famille pour permettre à son Fils Jésus de venir sur terre et encouragés par la rencontre entre Marie et Elisabeth, les deux cousines enceintes, le temps est venu d’affirmer : Non à tout projet qui fragilise la famille et déconsidère le rôle du père et de la mère.

Mais, oui au soutien des jeunes couples qui désirent accueillir et éduquer des enfants.

Entraînés par le chant de la Vierge Marie qui proclame un Dieu ami des humbles, ne devons nous pas dire :

Non à tout projet qui se focalise sur les droits des adultes à l’adoption et à la procréation, oubliant les devoirs, voire le bien de l’enfant.

Mais, oui à la possibilité d’offrir à chaque enfant un père et une mère et de lui permettre de se structurer dans une relation d’altérité, selon les repères des sciences de la psychologie.

Contemplant la destinée de la Vierge Marie, première à recevoir pleinement la vie du Christ Ressuscité, nous devons affirmer :

Non aux idéologies égalitaires et relativistes qui font croire que tout se vaut et que tout se discute.

Oui au respect de toute personne, mais également de toute famille qui lui offre un cadre précieux.

Oui à l’égalité de l’homme et de la femme, mais dans le respect des différences voulues par le Créateur.

Riches du trésor de la foi et éclairés par l’espérance de la Fête de l’Assomption, nous ne pouvons pas nous désintéresser des enjeux liés aux projets de loi concernant la famille et la vie humaine. Ce qui touche la personne humaine, la vie en société, touche notre foi ; car nous croyons au Christ Sauveur de tous les hommes et de tout l’homme. Plus largement, ce respect de la vie des personnes humaines est fondamental, si nous voulons bâtir une société juste et fraternelle et œuvrer pour la sauvegarde de la création. Plaidant pour une écologie intégrale, le Pape François aime à répéter dans son encyclique que « tout est lié ». Cette prise de conscience est salutaire pour notre société prête à sacrifier les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité pour servir l’idole du désir individuel.

Lors des Etats généraux de la bioéthique l’an dernier où de nombreux chrétiens se sont exprimés, les citoyens ont pu découvrir la pertinence de la réflexion chrétienne. Le débat parlementaire des prochains mois doit devoir en prendre compte et éviter que des lois soient votées pour des intérêts de confort ou d’enrichissement. Face à la dictature du désir individuel qui devient la norme intransigeante de la vie en société, nous avons comme chrétiens un devoir de vigilance en alertant nos élus et en priant pour eux. Par notre persévérance dans la prière, nous pouvons laisser l’Esprit de Dieu agir en nous et à travers nous. Nous trouverons ainsi la lumière et la force pour promouvoir l’enseignement du Christ et de son Église.

Dans cette eucharistie, le Seigneur Jésus se fait Pasteur et Serviteur. Par l’Esprit-Saint, il se donne pour que grandisse en nous et à travers nous, son Règne de vie et de bonheur. Ce Règne, Dieu notre Père le veut de toute éternité pour notre humanité, comme nous le chantons avec Marie : « Il se souvient de son amour à jamais ». Marie, Notre Dame de l’Assomption, Notre Dame de grâce en est le signe vivant et veut nous faire entrer dans la civilisation de la vie.


+Mgr Vincent Dollmann

Article publié par communication Service • Publié le Vendredi 16 août 2019 • 1829 visites

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