Homélie : funérailles du père Joseph Nurchi

 

Funérailles du Père Joseph Nurchi

 

A la suite du Père Joseph Nurchi qui avait choisi les lectures pour ses funérailles, prenons toute la mesure des paroles testamentaires de Jésus : « Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 15,17). Pour Jésus, l’amour est donc possible, puisqu’il le commande. Ce commandement existait déjà dans la Loi de Moïse, mais l’histoire ne cessait de contredire cet idéal par les infidélités à l’égard de Dieu comme par les inégalités entre riches et pauvres. Pour répondre au commandement de l’amour, il fallait que le cœur de l’homme soit guéri. Seul Dieu pouvait le faire, et il l’a réalisé en son Fils Jésus. Celui-ci est venu révéler l’identité véritable de Dieu que saint Jean dans sa première lettre résume par cette affirmation lapidaire : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8).

Devant la croix du Christ, nous pouvons contempler l’infini de cet amour de Dieu : un amour fidèle qui a rejoint l’homme jusqu’au ravin du désespoir et de la mort, un amour tout-puissant qui a brisé les verrous de la mort. Dieu sauve par amour. Jésus l’indiquera avant d’inviter à l’amour fraternel : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Et à la résurrection du Christ, cet amour s’est manifesté comme force de vie nouvelle et éternelle pour le monde. La nature humaine de Jésus a été en quelque sorte pénétrée totalement par l’amour de Dieu, et c’est là le gage de notre propre résurrection.

Jésus a ainsi non seulement enseigné le commandement de l’amour, mais il l’a vécu pour nous donner accès à la vie divine qui est vie d’amour. Nous y avons part d’une manière concrète par le baptême. Ne sommes-nous pas baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ? Nous portons le nom du Dieu Trinité d’amour !

Ainsi en nous appuyant sur la lumière de l’évangile et sur la force des sacrements, nous pouvons vivre du commandement de l’amour et devenir les relais de cet amour qui porte le monde et lui ouvre le chemin vers la vie en Dieu.

Lors d’un de nos derniers contacts téléphoniques, le Père Joseph me partageait les échanges qu’il avait eus avec des personnes du monde médical sur le sens de la vie terrestre et sur la vie éternelle. Il était touché de leur intérêt pour ces questions, mais en même temps interrogatif sur le fait que nombreuses elles cherchaient des réponses dans les sagesses orientales. « Qu’avons-nous mal fait dans notre accompagnement spirituel et pastoral ? », s’interrogeait-il. « Comment se fait-il que ces personnes ne s’ouvrent pas au trésor de la foi et de l’espérance chrétiennes ? ». Le Père Joseph s’appliquait en même temps à partager sa conviction de la mort comme passage vers la vie en Dieu, passage que le Christ a ouvert à l’humanité par sa mort et sa résurrection.

Jeudi dernier, je suis arrivé à son chevet quelques minutes après sa mort. Il était entouré de son frère et de sa sœur qui habitent la région. J’avais sur moi l’huile des malades. L’imposition des mains avec l’onction sur le front et sur les mains manifestaient l’amour gratuit et éternel de Dieu que Jésus a porté au monde. Il ne venait plus accorder à Joseph, le soutien pour le combat dans la maladie, mais le pardon de tous ses péchés et l’entrée dans la vie de communion avec lui. Ainsi jusqu’au dernier souffle, le Christ nous tend sa main aimante pour faire de nous ses amis. Et plus qu’un ami, lui qui nous a précédés dans la mort, nous accompagne à travers elle pour nous rendre participants de la vie d’amour en Dieu.

Dans le monde, aujourd’hui comme hier, notre réponse à toutes les quêtes de sens et de bonheur, ne réside pas tellement dans un discours que dans le témoignage de l’amour du Christ. Il est la source à laquelle nous puisons dans la méditation de l’Evangile et la célébration des sacrements. Il veut déborder de nos cœurs pour éclairer et abreuver le cœur de nos frères.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous a laissé cette méditation au bout de son cheminement spirituel, à un an de sa mort : « Je compris que l’amour seul faisait agir les membres de l’Eglise, que si l’amour venait à s’éteindre, les apôtres n’annonceraient plus l’Evangile, les martyrs refuseraient de verser leur sang […] Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux […] en un mot, qu’il était éternel » (Histoire d’une âme).

Joseph avait une vénération particulière pour la petite Thérèse, il est mort le même jour qu’elle, un 30 septembre au soir. Comme pour Joseph, puissent sainte Thérèse, sainte Faustine, témoins de la miséricorde divine, fêtée en ce jour, nous rappeler qu’aimer Dieu et son prochain, est non seulement possible, mais c’est là notre mission que le Christ avait confiée à son prêtre Joseph et veut confier à chacun d’entre nous.

A l’exemple du Père Joseph Nurchi, saurons-nous accueillir la confiance et l’amitié du Christ ?

 

Alla madre di padre Giuseppe Nurchi, alle sue sorelle, ai suoi parenti e amici che vivono in Sardegna e che non hanno potuto unirsi a noi, desidero esprimere loro la mia vicinanza in questo doloroso momento di separazione con una persona tanto amata.

Giuseppe morì come discepolo di Gesù. E io fui felice di potergli conferire l'estrema unzione, l'ultimo gesto dell'amicizia di Cristo che conduce alla vita in Dio.

Giuseppe morì come un sacerdote zelante che fino alla fine ha voluto trasmettere la gioia di essere in Cristo a tutti coloro che si sono avvicinati a lui nel suo letto d'ospedale.

Preghiamo per lui, perché con Cristo risorto, contempli il sorriso della Vergine Maria, Madonna di Bonaria e Madonna delle Grazie e ritrovi suo padre e tutti coloro che ha conosciuto e amato su questa terra.

le 5 octobre 2020
+Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai

 

 

Article publié par communication Service • Publié le Lundi 05 octobre 2020 • 2814 visites

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