Le ministère diaconal pour soutenir les baptisés
dans le service des plus petits
Après avoir ordonné Maxence Leblond diacre en vue du sacerdoce le 5 octobre dernier, j’ordonnerai le 25 novembre dans la même église Saint-Géry de Cambrai, M. Bernard Klopocki et M. Fernand Marquant, diacres permanents.
Pour les trois, c’est le même sacrement. Ils deviennent signes du Christ Serviteur et doivent aider l’ensemble des chrétiens à être fidèles à la mission de leur baptême qui est de servir Dieu et le prochain.
Le diaconat est un ministère à part entière
Par l’institution des diacres dans les tout premiers temps, l’Eglise a signifié que le service est un signe de fidélité au Christ mais aussi un don du Christ pour le salut des hommes. En effet, le Christ ne s’est pas seulement révélé comme Pasteur, mais également comme Serviteur ; il avait affirmé lui-même : « Le Fils de l’homme est venu pour servir » (Mt 20,28) et dans son testament, il a légué le lavement des pieds comme un des signes avec l’eucharistie, de la fidélité de l’Eglise à sa mission. Le ministère de service des diacres est non seulement une richesse pour l’Eglise, mais également pour la société actuelle, puisque plus de la moitié des diacres aujourd’hui en France ont une activité professionnelle.
Une spiritualité diaconale
Dans la Bible, la catégorie de serviteur-service, indique d’abord un service concret ; saint Paul n’hésitera pas à désigner la collecte en faveur des Chrétiens de Jérusalem dans les communautés qu’il a fondées de diaconie (Rm15,25). Mais les termes serviteur ou service soulignent également l’appartenance, en écho à la réalité sociale du lien maître-esclave. Quand la Vierge Marie répond à l’ange Gabriel : « je suis la servante du Seigneur » (Lc 1,38), elle exprime avant tout à Dieu son entière disponibilité et lui dit en quelque sorte : « je suis tout à toi ». Le diaconat qui est un sacrement, introduit le diacre dans cette double réalité, d’une mission, mais aussi d’une consécration. Il s’agit alors pour lui de réfléchir autant à la pertinence d’une mission de service, qu’à son amour du Christ serviteur. Sa prière animée par le souci de la charité du Christ dans l’Eglise et le monde constitue un aspect fondamental de son ministère. Elle est soutenue et nourrie par la liturgie des heures, notamment par les laudes et les vêpres, mais également par l’eucharistie. Le diacre aujourd’hui doit avoir sa place dans la liturgie comme ce fut le cas dans l’Eglise Ancienne, notamment lors de la liturgie de la Parole et de la présentation des offrandes. Selon une belle expression d’un théologien contemporain, les diacres rappellent à la communauté qu’il n’y a pas d’eucharistie sans lavement des pieds.
Un ministère de proximité dans tous les domaines de l’activité humaine et priorité aux plus petits
Le ministère du diacre doit d’abord irriguer sa vie familiale et professionnelle. Il ne s’agit pas tant d’ajouter des missions au sein du diocèse, mais de vivre son ministère dans les lieux ordinaires. Si la vie professionnelle ou familiale venait à être amoindrie voire fragilisée, il faut réagir rapidement.
J’aurai besoin de diacres qui ont à la fois un pied dans la vie professionnelle, associative et familiale et dans l’Eglise. Compétences professionnelles et expérience familiale viennent enrichir la vie et la mission de l’Eglise, et cette dernière est tournée vers toutes les situations humaines pour permettre au Christ d’éclairer les consciences et de fortifier les cœurs en vue du service de l’humanité.
Ce ministère d’interface entre l’Eglise et le monde, le diacre est appelé à le vivre dans un esprit d’humilité et de gratuité. Son repère sera toujours l’attention aux pauvres et aux petits. Ces derniers font partie de nos relations les plus proches, ce sont les paroissiens qui s’occupent fidèlement de l’entretien de l’église, ou encore les membres de nos familles qui portent discrètement les souffrances d’une séparation, d’une maladie ou d’un deuil. En vivant son ministère dans l’attention aux petits, le diacre permet ainsi à toute l’Eglise de demeurer dans la fidélité au Christ et la joie de l’Evangile.
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai