« Femme, voici ton fils » ; « Voici ta mère ». Cet accueil réciproque de saint Jean et de la Vierge Marie est la dernière volonté de Jésus avant sa mort. Il signifiait que le salut offert au monde par sa croix était communion de vie avec Dieu et les frères. C’est le don le plus précieux que l’humanité peut désirer. Dans une période difficile de reconstruction après l’exil à Babylone, Dieu a envoyé son prophète Zacharie pour annoncer : « Voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi » (Za 2,14). Sur la croix de Jésus son Fils, la réponse de Dieu a dépassé toutes les promesses. En brisant les verrous de la haine et de la mort, Jésus a offert l’Esprit de communion à l’humanité ; « il baissa la tête et remit son Esprit » nous dit saint Jean (Jn 19,30). La Vierge Marie et saint Jean seront les premiers à accueillir l’Esprit Saint et à le traduire dans l’accueil mutuel tissé par les liens de la charité et du service.
En accueillant la Mère de son Maître au pied de la croix, l’apôtre Jean met en œuvre le cœur de sa mission, à savoir le service de la communion avec Dieu et entre les hommes. Successeurs des apôtres, les évêques et les prêtres ont à garder l’Eglise dans l’unité et la fidélité, comme guides des communautés et comme ministres des sacrements. Et les diacres rappellent à leurs côtés que la communion avec Dieu et les frères passe par une vie concrète de service. Ceux qui sont appelés au sacerdoce sont ainsi d’abord ordonnés diacres pour maintenir le sacerdoce ancré dans le service.
Pour offrir la communion de vie au monde, le Seigneur Jésus continue d’appeler au ministère de prêtre. C’est à chaque baptisé, laïc et prêtre, d’en être le relais en commençant par s’interroger sur sa soif de Dieu : Ai-je le désir d’accueillir et de vivre de la vie de communion qu’il m’offre ? Ai-je le désir de le laisser m’éclairer et aimer en prenant soin de ma vie de prière ? Ai-je le désir de me laisser envoyer par lui pour travailler aux liens fraternels dans mes différents lieux de vie ?
Frères et sœurs, c’est en désirant vivre de l’Esprit de communion que nous contribuerons à rendre le cœur de jeunes gens disponibles au ministère de prêtre qui est ministère de communion.
Richard votre parcours depuis les terres lointaines du Togo jusque dans notre diocèse de Cambrai est aujourd’hui un appel et un encouragement à laisser grandir en nous le désir de communion avec Dieu et avec le prochain. Orphelin, vous avez appris dès le plus jeune âge à estimer les liens de communion dans une communauté constituée de religieuses et de jeunes qui vivait au rythme de la prière et du partage.
Séminariste pour le diocèse de Dapaong, vous avez élargi votre champ d’apostolat dans différents pays africains où vous poursuiviez des études et finalement dans le diocèse de Cambrai où vous désirez exercer le ministère de prêtre. L’étape aujourd’hui du diaconat, vous permet de mesurer les défis de la société occidentale où le service de Dieu et du prochain s’est obscurci et en même temps de témoigner de Dieu qui nous veut dans la joie de la communion.
Notre Dame du saint cordon que l’Eglise diocésaine honore aujourd’hui a été envoyée par Dieu vers l’ermite Bertholin, voici plus de mille ans. Elle l’a chargé de trouver les autorités civiles et les habitants de Valenciennes et de les inviter à la prière et au partage. Aujourd’hui encore Dieu désire envoyer à l’humanité des prêtres, relais et serviteurs de la communion. En creusant le désir de ce don, nous favorisons l’éclosion des vocations sacerdotales au milieu de nous. Et à ceux qui sont rassemblés en cette église et qui se posent la question d’être prêtres, j’aimerais leur redire : N’ayez pas peur, osez y réfléchir, cherchez des lieux pour en parler.
La Vierge Marie s’est manifestée en cette ville en tenant un cordon rouge dans ses mains. Celui-ci renvoie à la royauté du Christ qu’il a inaugurée sur la croix, une royauté d’amour qui attire dans la communion avec Dieu et les frères.
Puissions-nous en avoir toujours le désir et accueillir les prêtres, serviteurs de communion, que Dieu désire nous donner.