Le message des Béatitudes a traversé les siècles et reste d’actualité, il n’a pas pris une ride tellement il vient bousculer les valeurs humaines. Car avouons-le, c’est plutôt le contraire qui se vit dans la société humaine : Celui qui veut être humble, se fait avoir.
Celui qui recherche la pureté de cœur et d’action, est moqué.
Celui qui a le désir de paix, est mis à l’écart.
Celui qui a faim et soif de justice, n’a pas le dernier mot.
Le Message des béatitudes en bousculant les repères de la société humaine, vient également interpeller chaque baptisé dans sa capacité à en témoigner devant les hommes. Alors que nous venons de vivre l’épreuve de la publication des abus sexuels dans notre Eglise et de leur ampleur, nous pourrions être tentés de nous détourner de cette mission.
La fête qui réunit tous les saints, connus et moins connus, vénérés officiellement ou restés dans l’anonymat, est un formidable appel à accueillir et à vivre le message des béatitudes. Les saints nous invitent à nous appuyer sur le Christ, c’est lui qui non seulement a enseigné les béatitudes, mais les a vécues, comme un grand frère qui en fraye le chemin.
C’est lui le pauvre de cœur qui s’est entièrement remis entre les mains de Dieu son Père.
C’est lui qui a pleuré devant la tombe de son ami Lazare mais aussi devant le refus de ses compatriotes à accueillir l’Evangile.
C’est lui, le doux qui a dénoncé le mal avec fermeté tout en invitant patiemment à la conversion des cœurs.
C’est lui l’affamé de justice qui n’a cessé d’inviter au respect de toute personne et de toute vie.
C’est lui le miséricordieux qui a porté le pardon de Dieu son Père, au monde.
C’est lui, l’homme au cœur pur qui a témoigné d’une cohérence parfaite entre ses paroles et ses actes.
C’est lui l’artisan de paix qui a appelé à reconnaître Dieu comme Père et chaque homme comme frère.
C’est lui le persécuté pour la justice qui est allé jusque sur la croix pour manifester la justice de Dieu plus forte que le mal et la mort.
Chacun des saints en contemplant le Christ a cherché à refléter un aspect du visage du Christ révélé dans les béatitudes et a su le retraduire dans son contexte historique et culturel. Ils ne sont pas inaccessibles, comme des stars, des étoiles qui cherchent à nous éblouir, mais comme des étoiles qui éclairent le chemin. Ils n’ont jamais cherché la performance, mais la fidélité au Christ comptant sur son soutien.
Les saints nous encouragent à la sainteté, bien plus ils nous soutiennent par leur intercession. Celle-ci est particulièrement féconde à l’eucharistie. Tous et particulièrement ceux que nous vénérons plus personnellement, viennent nous aider à communier avec foi au corps et au sang du Christ et à conformer notre vie au message des béatitudes.
Ainsi la fête de la Toussaint peut réellement devenir la nôtre. Nous pouvons ainsi commencer par rendre grâce pour ceux qui autour de nous témoignent humblement de la joie des béatitudes. J’ai été récemment marqué par le courage de Sœur Claire-Marie, supérieure générale des Soeurs de l’Unité. Il y a un an, alors que je débutais la visite pastorale dans le doyenné des Marches du Hainaut où elle œuvrait, on lui avait diagnostiqué un cancer. Elle a mené ses engagements dans la pastorale et la direction de sa Congrégation jusqu’à son hospitalisation, il y a quelques mois. J’ai pu la visiter dans l’unité de soins palliatifs trois jours avant son décès. Sa joie de me voir et de recevoir ma bénédiction m’a profondément touché, et continuera d’éclairer mon ministère.
Avec Sœur Claire-Marie et avec tous ceux qui ont cherché à vivre des béatitudes à la suite des saints, nous pouvons nous associer à la Préface, la prière avant la consécration : « Père, très saint, nous qui marchons vers la Cité sainte par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Eglise que tu nous donnes en exemple ».